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Il a été clos le

1 / 7 / 2018

avec 600 000 clics

à son actif.

 

Ce nouveaux site a été ouvert le

1er juillet 2018

Il appartient désormais à l'association et est mis en oeuvre par :

 

Jean Louis ESCHBACH

 

 

 

 

 

 

 

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au compteur

 

auxquels se rajoutent

 

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soit plus d'un million de clics

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COMMUNIQUES

 

 

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 les 3èmes mardi

de chaque mois

 

 

Réunion

 du   comité

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

 

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Assemblée générale

2022

de l'association a eu lieu le

31 mars 2023

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

La prochaine AG

est prévue pour

mars 2024

 

 

 

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Les pédagogues

 

 

 

 

Sommaire de la page:

  • Henri ADRIAN
  • Joseph BUSSER
  • Jean Marie ZEMB

 

 

Portrait

 

Henri Adrian,

 

Pédagogue, germaniste et poète

 

 

Trimbach au val

 

 

Henri ADRIAN est né le 17 février 1885 à Hindisheim, où son père, M. Joseph ADRIAN était directeur d'école depuis 1880 (Joseph ADRIAN avait été auparavant pendant huit ans instituteur l'école catholique de garçons d'Erstein) il est revenu au chef-lieu de l'arrondissement- comme directeur de la même école de 1892 à 1921 année de son décès. La mère était née Marie Anne PAULUS. Les deux parents étaient originaires  de Triembach dans le Val-de-Villé. C'est- là que H. Adrian situera la «maison paternelle ».

 

 

Centre ville d'Erstein

La famille

 

Henri Adrian eut une jeunesse heureuse au sein d'une famille unie (il eut deux sœurs: Marguerite épouse du directeur d'école Joseph SONNTAG et Georgette épouse du directeur d’école Victor KIENTZI ainsi qu'un frère. Louis, inspecteur principal des chemins de fer à Marseille.

Le père avait une conception ferme de l'éducation, exigeait un travail sérieux, bien fait et se révélait intransigeant quant aux principes religieux et moraux. Mais il avait également, sans doute quelque peu cachées,  une grande bonté de cœur et une compréhension ouverte à la vie .

Dans la future œuvre poétique de Henri Adrian le "Städtchen» sera le bourg d'Erstein de sa jeunesse, avec son ambiance et sa vie paysannes, sa rivière I'Ill, ses forêts et ses prés.     Que ce soient dans la belle montagne vosgienne ou clans les forêts et les prés de la plaine d'Alsace, le jeune Henri  commence déjà à aimer profondément la nature que son père a si bien réussi à lui faire connaître.

 

L'élève et l'étudiant

 

Il avait neuf ans quand il fut placé au Collège épiscopal Saint-Étienne de Strasbourg et à l'internat Saint-Joseph de la rue des Couples. L'enfant ressent durement la séparation d'avec les siens et l'éloignement de la nature.

C'est au collège qu'il connut René SCHIEKELE (né à Obernai ), de deux ans son ainé.

 

Gymnasium de Sélestat (Lycée KOEBERLE)

En 1900 Henri entre comme externe au collège de Sélestat, le "Gymnasuim" qui prit plus tard, en 1926 le nom du Dr KOEBERLE.  Ce collège était installé depuis 1806 dans l'ancien prieuré des Hospitaliers de Saint Jean. Le futur professeur excellent élève , fort intéressé par les langues classiques, le latin et  le grec. Il passa avec succès l'examen de l’Abitur (baccalauréat)  en juillet 1903 et s'inscrit à la rentrée universitaire à la Faculté des Lettres de Strasbourg.

 

Henri ADRIAN suivit les tours de philologie allemande et de langues classiques. Il devint le bibliothécaire du professeur Ernst MARTIN. De 1905 à 1907 il publia des poésies dans la revue strasbourgeoise «  ERWINIA ». C'est M. MARTIN qui poussa le brillant étudiant ADRIAN à présenter une thèse de doctorat. Le 15 décembre 1906 après trois années d'études universitaires Henri ADRIAN fut reçu docteur ès lettres avec sa thèse « Das alemannische Gedicht von Johann den Täufer und Maria Magdalena», Strasbourg .1908

 

Le professeur.

 

On proposa à M. H. ADRIAN une bourse pour lui permettre de se préparer à une carrière de professeur de faculté. Il opta pour l'enseignement secondaire ce qui le rendait financièrement indépendant et lui permettrait d'épouser une  jeune fille d'Erstein, Mlle Virginie GITTINGER. Elle sera pour lui une épouse discrète et dévouée.

Le  fils unique de cette union, le Dr Joseph ADRIAN a dirigé une clinique à Roanne.

 

Lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg

La carrière d'enseignant débuta pour            M. ADRIAN à Wissembourg en 1907, se poursuivit de 1908 à 1919 au lycée de Sélestat pour s'épanouir de 1919 à 1948 au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg. En 1939 le professeur a enseigné au lycée de Roanne.

Le décès de son épouse, peu après les noces d'or, valut à la littérature, des poèmes exprimant avec infiniment de délicatesse  tout l'amour et la sublimation d’une harmonie conjugale parfaite.

Henri Adrian est décédé le 10 août 1969 à Strasbourg dans sa 85ème année. Sa tombe se trouve au cimetière Saint-Urban à Strasbourg.

 

L'ami des élèves

 

Tous les anciens élèves qui ont eu la chance d'avoir M. Henri ADRIAN comme professeur, connaissent- les hautes qualités pédagogiques de ce maître éminent. Il savait captiver les

élèves, leur communiquer son propre enthousiasme, leur faciliter le travail par des textes polycopiés qui sont restés des modèles.

Le professeur Adrian, spontanément, presque instinctivement, se préoccupait de l'avenir de ses élèves, de leur l'orientation. Il montrait sa sollicitude au petit garçon de la campagne, obligé journellement de faire un Iong chemin pour venir au lycée, suivait les jeunes gens   dans cette période difficile avant l'examen, vérifiait leurs connaissances, s'inquiétait de leur santé, donnait des conseils sur les études à envisager, après avoir  consulté

ses collèges, proposait le choix d'une profession adaptée aux possibilités et au talent de l'élève. C'était un éducateur au savoir-faire pédagogique extraordinaire, mais aussi l'ami dévoué de ses élèves qui le voulaient et lui gardent une fidélité unanime. Cette bonté de   cœur ne nuisait en rien à l'acquisition des connaissances linguistiques et littéraires, bien au contraire.

 

Le germaniste.

 

Le dévouement total à l'enseignement  secondaire et à ses élèves n'a pas empêché              M. ADRIAN de poursuivre ses travaux de spécialiste de la littérature du Moyen-Age.                Il travailla de longues années au «Sälden Hort» (publié en 1927 clans la série des   "Deutschen Texte des Mittelalters" aux Editions «Berliner Akademie der Wissenschaften". Deux compléments parurent en 1951 "Nachträge zu Ausgabe von der Sälden Hort" . dans

"Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Litteratur,  Wiesbaden 1957 et " Nachlese    zu der « Sälden Hort", ibidem 1958 Eminentes  publications. 

 

Le poète.

 

De 1955 à 1967 Henri ADRIAN a publié en 12 volumes ses propres poésies (édition privée réservée à ses amis) .En 1968 les Editions ALSATIA ont publié un recueil de poésies sous     le titre "Stille Wege".

 

Les honneurs.

 

Henri Adrian fut nommé Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur et  Commandeur de l'Ordre National des Palmes Académiques.

 

LB.  

 

Dès 1923, il avait publié en collaboration avec A. Bleicher, Deutsches Lesebuch für die  oberen Klassen höherer Schulen, Colmar 1923. Spécialiste de l’histoire religieuse du Moyen Âge et de la langue alémanique, il publia en 1927 Der Saelden Hort, poème du début du   XIVe s., avec 2 suppléments parus bien plus tard in Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, 1957, p. 295-317 et 1958, p. 69-70.

 

Au soir de sa vie il revint à la poésie et publia 12 recueils de poésies centrées sur l’amour     de la nature, de son village natal, de l’Alsace, de ses parents et de la foi en Dieu : Ausklang, 1955 ; Nachlese, 1959 ; In Memoriam, 1962 ; Einsamkeit, 1962 ; Rückblick und Einsicht,   1963 ; Ergebung, 1963 ; Einkehr, 1964 ; Heimat, 1964 ; Erinnerung, 1965 ; Zeit und Ewigkeit, 1966 ; Abend, 1967 ; Stille Wege, 1968 ; (avec une introduction d’A. Fuchs).

 

H. Adrian a également entrepris en collaboration avec Albert Fuchs la réalisation d’une anthologie de la poésie allemande des débuts à nos jours. Il est regrettable que ce grand ouvrage n’ait pas été publié. Il est déposé à l’Institut des Études germaniques de l’Université de Strasbourg. N’a également pas été publiée une étude sur l’enseignement de l’allemand dans les écoles alsaciennes en partant de la connaissance du dialecte.

 

Sources : Archives Municipales d’Erstein  

 

 

 

 

Portrait

 

Joseph Busser,

.

Directeur de l'école catholique de garçons

Directeur du Cours Complémentaire mixt

         Directeur des Cours de perfectionnement professionnel

 

 

M. Joseph BUSSER est né le 19 avril 1890 à Mertzwiller comme fils des époux Joseph BUSSER, Maître-Boulanger et de Richarde STREBLER. Il s'est marié le 9 avril 1918 à Nordhouse avec Marie Virginie REIBEL. Cinq enfants sont nés de celte union :

 

  • Léon, professeur et finalement Principal adjoint du Collège d'Enseignement secondaire Romain Rolland d'Erstein.
  • Richard, Prêtre, d'abord Vicaire à St Nicolas de Haguenau, puis Curé à Wittersheim et     Curé-doyen à Bouxwiller, enfin Curé à Rhinau, retraité à Obernai,
  • François, Docteur en pharmacie, directeur en retraite d'une société de distribution de produits pharmaceutiques,
  • Elisabeth, qui a œuvré de longues années comme éducatrice dans un foyer de jeunes filles.
  • Un 5ème enfant, Martin, est décédé  en bas âge.

 

M. Joseph Busser est décédé à Rhinau le 2 décembre 1985, sa fidèle compagne de vie l'avait  quitté le 5 septembre 1977 à Strasbourg.

 

Sa carrière

 

Le premier poste d'instituteur il le fit à Nordhouse de 1910 à 1912. Puis jusqu'en 1918 il  enseigna à l'Ecole catholique de garçons de la rue du Vieux Marché à Erstein. Il y resta jusqu'au 31 décembre 1935, date à laquelle  il fut nommé Directeur du Cours Complémentaire en plus de la fonction de Directeur de l’école catholique de garçons et de directeur des cours de perfectionnement professionnel pour les apprentis.

 

Dans tous ces postes M. J.BUSSER a fait preuve d'un esprit d'initiative ouvert sur la vie, dépassant  très souvent le cadre scolaire. Il eut des liens cordiaux avec ses collègues enseignants et les parents d'élèves.

 

Au point de vue pédagogique il  convient de souligner que M. BUSSER était toujours  intéressé par les nouvelles méthodes  et les nouveaux procédés d'enseignement.              Pour l’anecdote, il  a introduit le cinéma à l'école (avant l'arrivée du courant électrique).         Le projecteur était alimenté électriquement par une génératrice à pédales mue par un élève.

 

Son engagement citoyen

 

Il assura le publication de centaines d'articles à caractère pédagogiques ou sur des sujets agricoles ou historiques. En 1929 il a  publié chez ALASACIA Colmar avec  son ancien directeur d'école de Nordhouse, M. Antoine KIM le volume " LE  LIVRE DU CULTIVATEUR "  qui eut, à l'époque, le mérite d'offrir aux ruraux un aperçu des méthodes nouvelles et  de développer l'enseignement post-scolaire agricole.

 

En sa qualité de Président du comité cantonal de l'Alliance Française, il organisa des conférences culturelles, des expositions d'œuvres  artistiques.  M BUSSER fut aussi président de l'Action Catholique de la paroisse St. Martin.

 

Ses distinctions

 

  • Le 7 juin 1925, l'Association Léopold BELLAN lui attribua son diplôme de reconnaissance pour son     dévouement à la cause de l'hygiène dans le village de Limersheim.
  • Son Excellence,  Mgr Jean Julien WEBER , évêque de Strasbourg, lui décerna la Médaille de la Reconnaissance Diocésaine.
  • Le Ministre de I 'Agriculture le nomma Chevalier du Mérite Agricole.
  • L'Education Nationale lui attribua le grade d'Officier de l'ordre des Palmes Académiques et lui décerna le ruban rouge dans l'ordre de la Légion d'honneur, avec le titre de Chevalier.

 

La reconnaissance posthume de son action

 

Les obsèques de M. Joseph BUSSER ont été  célébrées en l'église St. Michel de Rhinau le mercredi 4 décembre 1985. C'est M. l'abbé SONNTAG qui a présidé l'office entouré d'une vingtaine de prêtres parmi lesquels il y avait Mgr Bernard LALANDE de Paris,  le Professeur honoraire Léon BUHR de Strasbourg, le  chanoine KRADEL de l' Institut des Sourds et Muets de Strasbourg, les doyens WENDLING de Benfeld et CRIQUI  de Bindernheim, le père KIEFFER professeur de Zillisheim.

Dans l'assistance, on notait la présence du Frère Jules LEHMANN, Supérieur général de la Congrégation des Frères de Matzenheim, du Maire de Rhinau M. HURSTEL , Messieurs les adjoints   KONN et  EHRHART de M. GRAU., LAUSECKER et BAPST, adjoints au Maire d'Erstein et de nombreux enseignants  de la région.

Une délégation de la Société d'Entr'aide. Des membres de l'ordre National de La Légion d'honneur ont déposé une palme sur le cercueil.

 

Sources : Archives Municipales d’Erstein  

 

 

 

 

 

Portrait

 

Jean Marie ZEMB,

 

Une vie au service de la langue allemande

 

 

 

 

Jean-Marie Zemb est mort le 15 février 2007. Fervent européen, ce linguiste, grand spécialiste de l’allemand, aurait certainement été peiné de voir le couple franco-allemand se quereller ces       jours-ci à propos des difficultés que rencontre Airbus, hier symbole de la bonne entente entre ces deux pays.

 

Je ne connaissais pas Jean-Marie Zemb, titulaire de la chaire de « grammaire et pensée   allemande » qui avait été créée pour lui en 1986 au Collège de France, avant ce jour de 1999 où ses camarades de la 23ème session de l’Institut des hautes études de défense nationale m’avait invité à leur déjeuner annuel peu de temps après mon élection à la présidence de l’association. Entouré de personnalités beaucoup plus connues que lui, comme le général Lacaze, ancien chef d’état-major des armées ou le conseiller d’Etat Charles Barbeau, je découvrais ce jour-là un talent original, un virtuose de l’agilité intellectuelle, une bibliothèque vivante. Ses camarades avaient

visiblement pour lui une immense admiration.

 

Alsacien, germaniste, passionné par les questions de défense, amateur de jeu de go, ce   professeur d’université, qui était beaucoup plus connu outre-Rhin qu’en France, conservait un très agréable souvenir de son année passée à l’IHEDN cet Institut qualifié par Georges Pompidou « d’école des Grandes écoles » . Il fallait être très attentif pour suivre, et savourer, la pensée de    cet homme chaleureux, volontiers rieur derrière une barbe imposante. Penseur de la langue, chercheur dans l’âme, sa verve s’épanouissait avec délectation dans l’étude de la grammaire et    de l’orthographe de ces deux langues dans lesquelles il faisait autorité.

 

Elu la même année à l’Académie des sciences morales et

politiques, il convenait, c’est la tradition, de constituer un

comité d’honneur, un comité de l’Epée, qui fût confié par

 Jean-Marie Zemb à Jean-René Maillard.

Le 12 janvier 2001, l’épée d’académicien, une dague en bronze, fût remise à Jean-Marie Zemb au Collège de France, dans l’amphithéâtre Marguerite de Navarre. Le Chancelier de l’Institut, le Premier Ministre Pierre Messmer, le Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie française, Maurice Druon, le président de l’Académie des sciences  morales et politiques, Thierry de Montbrial et de très nombreuses personnalités françaises et allemandes étaient présentes pour assister à cette remise de l’Epée et entendre de magnifiques discours, (notamment celui prononcé par Jean-Marie Zemb).

 

Jean-Marie Zemb avait été élu le 11 janvier 1999 au fauteuil laissé vacant par le décès du  Révérend Père Raymond Bruckberger.

 

Rémi BRAGUE est un essayiste, historien de la philosophie, universitaire, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, et connaisseur de la philosophie grecque.

Notice consacrée à Jean Marie ZEMB

 

Et comme il est d’usage, le successeur au fauteuil laissé vacant par le décès de Jean-Marie Zemb, Rémy Brague a retracé la vie et l’œuvre de son prédécesseur, en lisant la "notice" qu’il lui consacre (terme consacré qui cache tout de même un discours d’une heure et d’une trentaine de pages).

Il reconnaît d’emblée "les affinités électives" manifestes qui le rapproche de J.M. Zemb : l’amour de la philosophie grecque et celui de la langue allemande.

 

Car Zemb, né le 14 juillet 1928 à Erstein, ville au sud de Strasbourg, appartient à cette génération prise entre deux cultures et deux Etats. Chez lui, on parlait un dialecte alsacien de la famille alémanique ; Zemb se décrivait lui-même comme "un Alsacien de langue maternelle française" et cet accent prononcé de sa région, il le garda toute sa vie, tant en parlant le français qu’en parlant l’allemand...

 

Rémy Brague retrace en détails le cheminement de Jean-Marie Zemb, ses études, son enrôlement (contre son gré on s’en doute) dans la DCA de la Wehrmarcht à Kehl, son  évasion et la Libération (Zemb était décoré de la Médaille des Réfractaires). Puis la    poursuite de ses études en philosophie en France et en Allemagne, ses débuts dans la carrière de professeur et ses premières publications (sur Aristote, Thomas d’Acquin, Spinoza). Rémy Brague ne manque pas de souligner que le petit livre de Zemb sur Aristote, rédigé

en allemand, publié pour la première fois en 1961, a été seize fois réédité et même traduit    en japonais, en grec, en coréen... et enfin en français !

 

Sans abandonner jamais son intérêt pour la philosophie, Jean-Marie Zemb s’orienta néanmoins vers la grammaire et la linguistique, tout en produisant, sous la signature à peine modifiée de Marc Zemb, bon nombre de traductions.

 

"Cette activité de traduction n’est pas quelque chose d’extérieur par rapport aux préoccupations du linguiste. En effet, elle n’oblige pas seulement, ce qui est très  évident, à acquérir une connaissance approfondie de la langue de départ et de la dextérité dans le maniement de la langue d’arrivée. La pratique de la traduction   implique aussi de se poser la question du rapport entre langue et pensée... "

 

C’est l’un des apports intellectuels de Jean-Marie Zemb que cette réflexion sur les rapports entre la pensée et la langue" (qu’il distinguait d’ailleurs du langage...sujet qui fut le sujet de   sa grande thèse " les structures logiques de la proposition allemande : contribution à l’étude des rapports entre la langue et la pensée").

Cette notice établie par Rémy Brague fourmille de bien d’autres détails sur les nombreuses distinctions qui ont couronné la carrière de Jean-Marie Zemb dont les activités furent incessantes, notamment par ses cours : il fut élu en 1985 professeur au Collège de France   où il enseigna durant treize années tenant la chaire "Grammaire et pensée allemandes".

 

En conclusion de cette biographie, Rémy Brague rappelle que Jean-Marie Zemb est mort à Lorient le 15 février 2007, qu’il venait d’achever son dernier ouvrage et, avec émotion, il a repris les dernières paroles du mourant : l’une en allemand "Alles ist fraglich ; Gott ist evident" et l’autre en français : "Je quitte l’ombre pour la lumière".

 

Nécrologie de Jean-Marie ZEMB

 

Si l’ambition du Collège de France est d’avoir pour professeurs des personnalités et des esprits originaux, capables de jeter sur la matière qu’ils enseignent une lumière inattendue, Jean-Marie Zemb, disparu le 15 février 2007 à l’âge de soixante-dix-huit ans, aura été un  modèle de professeur au Collège de France.

 

Parmi ses prédécesseurs qui y ont tenu des chaires consacrées au monde germanique, certains ont été des penseurs de la civilisation et de la culture allemandes, comme Charles Andler ou Robert Minder, d’autres des philologues, comme Ernest Tonnelat ou Fernand Mossé. Jean-Marie Zemb aura été, en un sens, tout cela à la fois, puisque l’étude de la  langue et de sa logique lui offrait une clé pour analyser en philosophe et en linguiste l’ensemble des activités de l’esprit. « Grammaire et pensée allemandes » : tel était l’intitulé qu’il avait choisi de donner à la chaire qu’il a occupée de 1986 à 1998. Analyser les relations entre la pensée et le langage, vu comme sa projection logique, tel est le projet qui parcourt l’oeuvre de ce philosophe du langage et de ce logicien.

 

Né le 14 juillet 1928 à Erstein (Bas-Rhin), il fait ses études secondaires à Strasbourg, sous    le régime français d’abord, allemand ensuite. De 1946 à 1953, il poursuit des études supérieures de philosophie en France, puis en Allemagne, obtenant une licence et un DES   de philosophie à la Sorbonne, une licence de philosophie scolastique chez les Dominicains   du Saulchoir, enfin un doctorat de philosophie à l’université de Fribourg-en-Brisgau.

 

Chargé d’enseignement de philosophie à l’université de Hambourg en 1954, il entreprend en même temps des études de germanistique et de grammaire comparée. Il achève cette reconversion et opte définitivement pour une carrière en France en passant l’agrégation d’allemand en 1960. Il enseigne alors quelques années dans des  lycées parisiens et occupe de 1964 à 1966 un poste de vacataire à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière dans le service de diagnostic et de traitement des aphasies.

 

Ses Lehrjahre philosophiques, comme dira son maître Jean Fourquet, et son enseignement  en Allemagne produiront un Aristoteles, publié chez Rowohlt en 1963, seize fois réédité et traduit en plusieurs langues. En 1968 il soutient, sous la direction de Jean Fourquet, sa  grande thèse intitulée Les Structures logiques de la proposition allemande : Contribution à l’étude des rapports entre la langue et la pensée. Le titre préfigure le futur intitulé de sa   chaire au Collège de France. Le contenu porte essentiellement sur le « lien » (plus tard

appelé « phème ») entre le thème et le rhème, soit entre la partie déjà connue et la partie nouvelle d’un énoncé.

 

C’est alors que commence sa carrière dans l’enseignement supérieur, à Besançon, Paris VIII, Paris III, Paris X et enfin au Collège de France. Elle est jalonnée de nombreuses distinctions françaises, allemandes et autrichiennes. Le 11 janvier 1999, il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques (section de philosophie) au fauteuil du R. P. Bruckberger.

 

Le lien, l’articulation logique de la pensée et du langage, le langage comme projection   logique de la pensée : l’oeuvre de Jean-Marie Zemb, dont il serait trop long d’énumérer tous les titres, tourne tout entière autour de ces questions, de sa thèse à son livre de 1994 Kognitive Klärungen — Gespräche über den deutschen Satz.

Mais on y trouve aussi une autre constante, moins abstraite et plus humaine. Fidèle à ses origines, à ses études, à son accent émouvant que nous avons tous encore dans l’oreille, Jean-Marie Zemb a passé sa vie entre l’allemand et le français, appliquant sa réflexion à la confrontation des deux langues. En témoigne le chef d’oeuvre qu’est sa Vergleichende Grammatik Französisch- Deutsch (Mannheim — Wien — Zürich : Bibliographisches Institut-Duden) en deux volumes : 1. Comparaison des deux systèmes (1978, 897 p.),                        2. L’économie de la langue et le jeu de la parole (1984, 975 p.). C’est un ouvrage bilingue, mais dont les deux textes sont différents : la page impaire en français n’est pas la traduction de la page paire en allemand. Il est tout entier pensé dans les deux langues, en confrontant les deux langues (c’est son objet même), mais il est rédigé différemment dans chaque   langue. De même ses vidéos Thème — phème — rhème (Nancy II — Collège de France, 1994) et Le billard de l’attribut (Collège de France, 1998), qui éclairent si utilement sa pensée

souvent difficile, existent aussi dans une version allemande qui n’est pas la traduction de la version française.

Il appliquait à tous les domaines de la vie et à tous les engagements du citoyen, avec enthousiasme, avec générosité, avec énergie, sa perspicacité logique, aux enchaînements surprenants et implacables (conduisant par exemple l’administrateur récédent au bord de l’exaspération en lui démontrant inlassablement et impitoyablement que le réglage des chasses d’eau dans les toilettes du Collège de France offensait à la fois l’hygiène et le bon sens).

 

Il avait été très vivement intéressé par son année passée comme auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale en 1970. Il participait avec enthousiasme et ingéniosité depuis 1996 aux travaux de la Commission générale de terminologie et de néologie. Il a combattu avec verve, avec l’énergie qu’il mettait à toute chose et avec une certaine efficacité les aberrations de la réforme orthographique de l’allemand, d’abord par des articles, puis, en 1997, par un livre qui a connu un grand retentissement : Für eine sinnige Rechtsschreibung : Eine Aufforderung zur Besinnung ohne Gesichtsverlust.

 

Carrière professionnelle :

  • 1954-1961 : Lecteur à l'Université de Hambourg (Allemagne)
  • 1961-1962 : Professeur au Lycée Carnot (Paris)
  • 1962-1966 : Professeur au Lycée Paul Valéry (Paris)
  • 1966-1968 : Chargé de maîtrise de conférences à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Besançon
  • 1968-1969 : Professeur titulaire de la Chaire de linguistique allemande à l'Université de Paris-VIII
  • 1969-1976 : Professeur titulaire de la Chaire de linguistique allemande à l'Université de Paris-III
  • 1976-1985 : Professeur titulaire de la Chaire de linguistique allemande à l'Université de Paris-X
  • 1986-1998 : Professeur au Collège de France (Chaire de Grammaire et pensée allemandes)
  • 1999- : Membre de l'Institut de France (Académie des Sciences morales et politiques)


Distinctions honorifiques :

  • 1968 : Prix de Strasbourg pour Les Structures logiques de laproposition allemande. Contribution à l'étude des rapports entre la langue et la pensée (Thèse), Paris : O.C.D.L.
  • 1978 : Prix Saintour de l'Académie française pour Vergleichende Grammatik Französisch-Deutsch, Teil I. Comparaison de deux systèmes, Mannheim / Wien / Zürich : Bibliographisches Institut-Duden.
  • 1996 : Prix Jacob- und Wilhelm-Grimm, RFA (DAAD [Deutscher Akademischer Austauschdienst])
  • 1980 : Bundesverdienstkreuz, RFA
  • 1989 : Sens et Etre. Mélanges en l'honneur de Jean-Marie Zemb, édités par Eugène Faucher, Frédéric Hartweg et Jean Janitza, Presses Universitaires de Nancy.
  • 2001 : Chevalier de la Légion d'honneur*
     

Au total plus de deux cents publications


Activités diverses :

 

  • 1970- : Auditeur de l'IHEDN (23ème Section)
  • 1996- : Membre correspondant à titre étranger de l'Académie des Sciences d'Autriche
  • 1997-2000 : Membre de la Commission Générale de Terminologie et Néologie
  • 1999- : Membre correspondant à titre étranger de la Joachim-Jungius-Gesellschaft der Wissenschaften (Hambourg)
  • 1998- : Membre du Jury du Prix Logos de l'Association Européenne des Linguistes et des Professeurs de Langues (AELPL)

 

 

 

 

 

 

 

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