Petit historique
Les "HOFNAME" d' Erstein
Bernard DESCHLER
Jean Louis ESCHBACH
Réédition et réactualisation
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La plupart des familles d'agriculteurs avaient un nom de ferme (Hofname en dialecte) ou surnom. Quels qu'ils soient, ils eurent toujours un sens à l'origine. Nom du premier propriétaire, ou profession exercée sont les principaux dérivés de ces «Hofname». Des déformations dues à des prononciations fautives, les rendent parfois absolument incompréhensibles. Surtout lorsqu'il ne s'agit ni d'une particularité physique, ni d'un métier, mais d'un accident de la vie courante qui a donné lieu à sa formation.
Au cours des années, ERSTEIN a beaucoup changé. Le nombre d'agriculteurs s'est largement réduit, et les «Hofname» sont peu à peu tombés dans l'oubli.
Cet article issu du livre redonne vie à ces noms de ferme. On y sent la nostalgie d'une époque rude, mais solidaire.
L'histoire de ces «Hofname» aurait pu être contée le soir dans la «Kunkelstub». Lors de ces veillées, les femmes venaient avec leur rouet et un tabouret, et les hommes avec une bûche pour alimenter le «Kacheloffe» (poêle en faïence). Pendant que les femmes filaient, cousaient ou brodaient, les hommes se racontaient des anecdotes et se rappelaient peut-être l'origine des «Hofname»....
Bernard Deschler
Depuis la parution de son livre, il y a de cela 15 ans, beaucoup de recherches complémentaires ont été effectuées sur ce sujet. Voici, en collaboration avec Bernard la synthèse que nous vous proposons.
Jean Louis Eschbach
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Recueil des Hofname ersteinois
Page ouverte
d' Hechte Wirt
94, rue du Général de Gaulle
La construction de cette ferme peut être attribuée à Mathieu KOPFF Feldmeister de la Fischer Zumpft époux de Marie Madeleine OSTWALD. Depuis celle-ci, la ferme à toujours appartenue à la famille KOPFF. Il est intéressant de faire remarquer qu’en 1833, qu’André KOPPF, le propriétaire des lieux, était qualifié de percepteur municipal.
La maison d'habitation de l'exploitation de la famille KOPFF a été transformée en restaurant «AU BROCHET».
Depuis mi XIXème siècle, dans ce restaurant, se déroulait chaque année l'assemblée générale de la corporation des pêcheurs. Elle était présidée par le maître de corporation pour juger «crimes, délits et querelles» qui avaient eu lieu durant l'année ainsi que de présenter le rapport financier de la «Zunft».
s' Schweyerle
4, rue de la Pente
Cette ferme fut construite en 1866 par Michel DIEFFENBACHER époux de Barbara OTT.
Les DIEFFENBACHER étaient originaires de Krafft. Deux beaux-frères qui s’aimaient bien dans le fond, se frittaient souvent. Quand ils se rencontraient, l’un d’une personnalité plus épaisse disait, un peu par dérision: « Tient voilà Michel le Schwejerle » (le petit beau-frère).
La ferme est actuellement exploitée par DIEFFENBACHER Eugène.
s' Dorfbernhard
3, rue du Village
Au début du XXème siècle, il n'y avait pas beaucoup de maisons dans ce quartier. On disait que ces fermes étaient situées dans le «Dorf» (village) parce qu'elles étaient construites à l'écart, loin du centre-ville. Le nom de ferme «Dorfbernhard» signifiait «le Bernard du village».
A l’origine, le terrain sur lequel a été construite la maison appartenait à Bernard BRAUNSTEIN (grand-père d’Aloyse). Une plaque en grès sur
l'angle de la maison porte le nom des premiers propriétaires (Aloyse
BRAUNSTEIN et Josephine HOLL) et la date de construction 1924.
s' Kronemartel
11, rue du Fossé
La maison a été bâtie par Martin Hert (1783-1864) dont la fille Madeleine épousa Ignace Ringeisen. Son arrière-petite-fille Marthe Ringeisen épousa André Kormann. Une pièce de la maison faisait
office de cabaret dont le nom était « Zür Kröne »-« A la couronne ».
Martin Hert est à l'origine du surnom de la ferme « Kröne » « Marte » (abréviation de Martin).
s'Brunemartel
7, rue de la Pente
L’origine de la ferme remonterait à Jean Martin KAAG cultivateur, époux de Elisabeth ANGST. La ferme a été acquise fin du XIXème siècle par Martin OTTMANN, époux de Eugénie Klein. Leur fille Marie Lucie s’est mariée avec Georges FABER qui a continué l’exploitation avec, jusqu’à sa mort, son beau-frère Jean Philippe OTTMANN.
La maison a été reconstruite en 1906 par OTTMANN Martin.
En face de cette ferme, plusieurs maisons (dont celle à gauche sur la photo) ont été démolies pour laisser la place à un parking.
Le patronyme de l’arrière- grand-mère de Martin était BRAUN, ce qui a donné le «Hoftname Brunemartel.
s' Riegel Bernhard
5, rue de la Pente
Il semble que se soit André BURGER, capitaine des armées napoléoniennes, qui a fait construire cette maison. Il l’a ensuite cédée en viager à sa nièce Marie Geneviève épouse de Bernard
BOERWANGER originaire de Kappel. Son petit-fils Bernard a épousé deux sœurs RIEGEL : Marie Agnès puis Marie Philomène. Son fils
Antoine fut le dernier exploitant de cette ferme qui fut vendue par les héritiers à Ali EL GANARI.
Le nom de ferme «Riegel Bernhard» provient de la mère d’Antoine originaire de Lipsheim, donc de l’association RIEGEL (mère) et Bernard BOERWANGER (père),
s' Seiler's
11, rue du Rempart
L'origine de cette maison remonterait à la fin du XVIIème siècle. Il semble que la maison a été donnée en dot à Marie Heym (fille du cordier) lors de son mariage avec Theobald
Wentz.
Leur fils Jean (garde et veilleur de la municipalité à l'Oberthor) épousa Catherine Kuhn. Ils eurent un fils Jean Thiebault dont la succession démantela la ferme et elle fut racheté par un cousin Louis Heym agriculteur et cordier de son état.
Marcel Heym le propriétaire actuel en est le descendant.
s' Vockemartel ou d' Ecksteinbür
5, rue du Général de Gaulle
Cette ferme a été construite vers 1713 par Martin Hert fils de Paul Hert plusieurs fois Bourgmestre d'Erstein et adjoint du Prévôt Schwend d'où
le surnom de la ferme Vogte (Prévôt) Martel (Martin).
La ferme a appartenue plus de 250 ans à cette même famille Hert.
s' Lenerd's
16, rue Brulée
Cette ferme a été reconstruite en 1802 par Antoine Jehly (1773-1849) et Elisabeth Schaal(1777-1832) de Limersheim. Leur petite fille Marie Anne Jehly( 1852-1920)
épousa en 1874 Eugène Klein de Matzenheim. La ferme resta par la suite dans la famille Klein.
Cette ferme a été construite à l'emplacement de l' ancienne ferme de Francois Antoine Klein et de Barbe Kuhn, soufflée par une explosion le 21 juillet 1797. A midi et demie un convoi de 12 voitures chargées de 140 quintaux de poudre, traversant
les rues d'Erstein, fait accidentellement explosion. 6 canonniers, 15 voituriers, 8 habitants (dont les 3 de la ferme) et 31 chevaux sont tués; 5 voituriers et 22 habitants sont grièvement blessés. De nombreuses fermes et granges (73) furent détruites, 30 autres gravement endommagés. Pour donner une idée de la violence du déplacement d'air il suffit de mentionner que la charpente du toit du presbytère fut soufflée. II semble qu'un des fûts était fissuré et que la poudre en ruisselant sur le sol
se soit enflammée par frottement. La rue dans laquelle se produisit l'accident reçu le
nom de « l'Explosion » puis, par la suite, de « rue Brûlée » nom qu'elle porte encore aujourd'hui.
Cette ferme doit son surnom au grand-père d' Antoine Jehly, Léonhard Jehly (Lenerd diminutif de Léonard)qui a probablement financé l'ouvrage.
d' Sternewirt
11, rue de la Poste
Jean Martin Kuhn (1733-1788) agriculteur de la rue « Brulée » exploitait une ferme et accessoirement une brasserie-cabaret « Zum Stern ». Celui-ci eut 3 fils : Georges l'ainé, repris la ferme de la Grande –rue des Haricots (derrière la Poste), Jean Adam le second déplaça le cabaret à l'angle de la rue de la Schleif (Pente) et de la rue de Brisach (De Gaulle) et le troisième Francois Joseph resta dans la ferme paternelle. L'origine
du surnom de la ferme provient vraisemblablement d'une distinction faite populairement entre la ferme de Georges Kuhn près du « SterneWirt » et de son frère Francois Joseph le "Sternebür".
L'ancienne maison à colombage, devenue trop exiguë et rongée par le temps, a été
arrachée et reconstruite en pierre en 1957.
s' Lange Fassel
17, rue des Moulins
Cette maison aurait été construite en double usage : une ferme et un cabaret par Jean Wyller (1726-1760) probablement le Feldmeister de la Fischerzumpft en ce temps là époux de Catherine Andres. Il était exploité sous la dénomination
« Zur Linde – Au tilleul ».
L'exploitation a été reprise par sa petite fille Marie Madeleine épouse de Ignace Fassel (dit le long = Lang) cultivateur et batelier. La maison passa deux générations au sein de
la famille Fassel, avant d'être vendue à Joseph Reibel qui y installa sa fille Augustine Reibel épouse d'Auguste Willy Hoffmann. Leur fille, Marie Berthe Hoffmann, s'est mariée avec Hugues Steiner qui en fut le dernier exploitant.
Il est à remarquer que le cabaret « Zur Linde » fut pendant longtemps le siège de la confrérie des pécheurs (selon
Friedel ?!).
s' Wagnerat's
21, rue du Général de Gaulle
L'origine du surnom de cette ferme provient de son premier propriétaire Jean Georges ESSER (époux de Régine RUDLOFF), charron de son état, qui la construisit vers 1740. Celui ci était l'aïeul de Jean Jules ESSER. Sa fille Marguerite ESSER se maria avec Léon Gabriel HAUSS qui reprit la ferme. Ensuite la ferme passa aux HELLMANN par l'union de Juliette HAUSS avec Alfred HELLMANN.
Le caténaire et la signalisation démontre le passage de la ligne du tramway devant cette ferme. Cette ferme a été terriblement endommagée pendant un affrontement
lors de la guerre 1939-1945.
s' Letze Lippe
13, rue du Général de Gaulle
Ancienne ferme de Jean Philippe BAPST (Maire d'Erstein de 1935 à 1940 et de 1945 à 1965). Les dépendances ont été arrachées et remplacées par un immeuble.
Origine du surnom : Jean Philippe est le descendant (de 6ème générations successives d'Alex) depuis Alex BAPST (1613-1698 ). Jean Philippe est le petit-fils de Phillipe héritier d'Alex son grand-père. Nous pensons que Letze Lippe peut être introduit par Lippe (abréviation de Philippe) fils de Letze (abréviation phonétique de Lex ou Alex).
La ferme a été transmise de père en fils depuis l'origine de la ferme.
d'Kuhnebür
26, rue Mercière
Je suis enclin à dire que cette ferme appartenait à l’origine à la famille ECKENBUHL. Une de leur descendante Marie Elisabeth s’est mariée avec Joseph REIBEL. Leur petite-fille Marie Anne s’est mariée avec François Joseph KUHN. Leur fils Jean Georges époux de Marie Josephine OSTWALD a continué l’exploitation.
L’actuel propriétaire est un de leurs descendants. Le nom de ferme provient donc de la famille d’agriculteur les KUHN.
Cette ferme située en face de la mairie a changé l'aspect extérieur. Dans le temps la façade laissait apparaître un très beau colombage. Le séchoir à tabac et la grange sont derrière la maison d'habitation. Pour accéder à la cour, il faut passer par la place de l'Abbé FRIEDEL.
s'Spitz Yerri
20, rue de Strasbourg
Cette ferme a été construite en 1767 pour la future union du couple Jean Georges SPITZ et Marie Elisabeth HERDT (1768) par Antoine SPITZ, gros agriculteur originaire d’Ebersheim.
Ce dernier a donné à la ferme son nom patronyme de Spetz
Yerri. La fille du Spitze Yerri (Jean Georges), Marie Elisabeth SPITZ, a épousé en 1796 Georges RINGEISEN
dont l’arrière, arrière, arrière, arrière, petit-fils Christophe dirige toujours l’exploitation.
Jadis, sur l’ancien terrain de cette ferme se situait la grange dîmière. La ruelle jouxtant l’exploitation par la droite
(rue des fleurs) s’appelait fin XVIIIème siècle d’ailleurs rue de la Dîme.
On y trouvait sur convocation:
s'Marixe Lentz
11, rue du Vieux Marché
Le premier propriétaire de cette maison serait Martin Marc KLEIN (1774-1859) époux de Madeleine HUPPENSCHWILLER. Son fils Laurent aurait pris sa succession. L'origine du surnom de cette ferme viendrait donc
de Marc (Marixe) père et Laurent (Lorentz ou en abrégé Lentz) son fils.
La fille de Jules KLEIN (l'arrière-petit-fils de Martin Marc) s'est marié avec Raymond SUR-JEHL qui s'occupa de l'exploitation jusqu'à 1985.
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