Histoire du Bourg d'Erstein
Variation du nom de la commune au cours des âges
817 Villa EHRENSTEIN
825 Villa HERINSTEIN
850 HERESTEIN
868 ERESTEHEIM
870 ERENSTEIN
1226 ERISTHEN - ERSTHEIM
1262 ERSTEIN
Les historiens ont différentes approches concernant l'origine du nom d’'Erstein. Certains y voient l’origine celtique du mot « érlan » = Erde (terre), d'autres pensent à "Stein de la Herrin" (pierre de la Dame noble)` d'où le nom de Herinstein en 817.
D'autres veulent y voir le "Stein der Ehre" (pierre d'honneur) et enfin plusieurs pencheraient plutôt pour le Breton « Heim"(premier foyer).
Personnellement je pencherais pour une version un peu plus historique. En effet, il est prouvé qu’il existait à Erstein une vaste nécropole mérovingienne (parking de Leclerc). Les tombes se matérialisaient par des tumulus de terre et de pierres d’où EHREN (en la mémoire des anciens) STEIN (pierres).
L'histoire de la cité d' Erstein dans ses débuts reste assez obscure. Le site était habité dès les temps préhistoriques. Les homme vivaient alors dans des endroits au sol particulièrement fertile, le long des rivières, des prés, des forêts entre l'Ill et le Rhin pour des raisons alimentaires. Ils choisissaient soit des monticules, soit des îles pour y installer leur habitat ou se protéger. le Rhin et la fertilité du sol composé de loess ont fait que la région d'Erstein a été habitée par des hommes primitifs. La preuve en est donnée par de nombreux morceaux de silex taillés ou polis, trouvés dans le sous-sol.
Plus tard des cités lacustres existaient dans la région. Des vestiges ont été mis à jour lors du creusement du canai du "Murgiessen" ou encore lors de l' exploitation d' une gravière route de Kraft. Il est de notoriété que l’Erstein de l’époque offrait l’aspect d’un petit plateau surplombant une rivière (Ill) entourant une pléïade d’îlots.
A l’époque gallo-romaine deux voies passaient alors à proximité de notre ville. Erstein étant sans doute un relais entre la citadelle romaine de Helenum (Ehl près de Benfeld) et celle d' Argentoratum "Strasbourg". La première route passait le long du fossé et le vieux cimetière rejoignant ensuite la route de Strasbourg. La 2ème route était une voie commerciale passant entre Erstein et Krafft. Des urnes romaines ont été découvertes lors de la démolition de l' Eglise du Couvent en 1818. En 1859 des morceaux de tuiles romaines ont été trouvées lors de la construction de l' Église St.-Martin, ainsi qu'en 1880, lors de la construction de la Sous-Préfecture
L'ancien castel romain d'Erstein fit place à une Villa Regia du nom de Ehrenstein, habitation royale dans laquelle les rois mérovingiens et carolingiens venaient séjourner à certaines périodes et tout particulièrement pour chasser dans les forêts environnant
C'est sous l'occupation des Francs que la religion chrétienne se répandit à Erstein. Le domaine royal d’Erstein reçoit, sans doute, très tôt une église placée sous le patronnage de Saint Martin.
FRIEDEL René (1879-1962) « Geschichte des Klosters und des Fleckens Erstein »
Gittinger, éditeur Erstein 1927
BERNHARD Joseph (1857-1882) « Histoire de l'abbaye et de la ville de Erstein »
Sutter, éditeur Rixheim 1883
EICKHOFF Frédéric (1828-1891) « Heimatskunde des Kreises Erstein »
Heitz, éditeur Strasbourg 1889
ARCHIVES MUNICIPALES d’Erstein
Liane HOLFERT, Marguerite MILTENBERGER, Etienne SIEGEL et Jean Louis ESCHBACH
Archivistes bénévoles
Article de Mr.Léon BUSSER paru dans la plaquette municipale « Erstein, hier et aujourd’hui »
817 Erstein fit son entrée dans l'histoire grâce à un parchemin où
Louis le Débonnaire (fils de Charlemagne) cède la Villa Ehrenstein à son fils Lothaire.
821 Lothaire fit don de la villa à son épouse Irmengard fille du Duc
d'ALSACE Hugues III, comme cadeau d' d'épousailles. Irmengard y fit construire en 849 un couvent pour l'éducation de jeunes filles nobles. Ce couvent existera jusqu'en 1433.
849 Lors de la donation il est question de la « marche » d'Erstein.
L'administration de cette ébauche de commune a dû se trouver à l'époque dans l'actuelle rue Rebmatt Au moment de la création du couvent la propriété royale se divise en propriété du couvent et bien impérial.
Ce dernier est à la disposition du comte du pays et sur ce bien est élevé la « palais » royal qui a accueilli au X ème et au Xl ème siècle les rois germaniques et leur suite. Un certain nombre de serfs font partie du couvent et cultivent les terres du couvent ou bien travaillent dans l'administration du couvent.
L'agglomération s'étendait à l'époque dans le centre de la ville actuelle au voisinage du couvent et de l'église paroissiale. Le quartier du «village » (Dorf) était exclu, de même que le quartier Nord (« der Niedere Flecken »). Le fossé de la ville entourait ce centre jusqu' après la guerre de 1939-45.
850 Autorisation par le pape Léon IV de l'édification de l'Abbaye d'Erstein. Le souverain pontife
confie à la nouvelle abbaye les reliques de Cécile, jusqu'à là conservées à Rome. Irmengarde révérait particulièrement Sainte-Cécile d'où l'église monastique dédiée à Sainte Marie et Sainte Cécile.
870 Traité de Meersen
Rattachement d'Erstein au Saint Empire Romain Germanique sous le nom de Erenstein. Elle restera sous dominance allemande jusqu'en en 1648.
953 L'empereur Othon 1er
dit le Grand (935-973) tient une diète à Erstein. Il est accompagné de sa mère (Sainte Mathilde), sa belle-mère Berthe (reine de Bourgogne) venue rendre visite à sa fille Adélaïde.
975 L'empereur Othon II visite plusieurs fois
la 'Ville au cours de son règne. L'empereur fête Noël à Erstein où il reste jusqu'à la mi-janvier.
1006 L'empereur Henri II séjourne à Erstein.
1042 L'empereur Henri III séjourne à Erstein. Un an plus tard, il épousera Agnès du POITOU.
Avec lui va s'éteindre la maison royale de Saxe et s'arrêteront les visites régulières des Empereurs à Erstein.
Juillet 1153 Frédéric Ier de
HOHENSTAUFEN, dit Frédéric Barberousse (en allemand: Friedrich I., Barbarossa, 1122 – 10 juin 1190) est de passage à Erstein. Il y fit de courtes étapes plusieurs fois par la suite pour aller mener ses guerres en Italie. La dernière fois qu'il passa se fut pour aller rencontrer en 1189 Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion et de partir ensemble pour la troisième croisade dont il ne reviendra pas..
1162 Dans un contrat on mentionne
comme témoins: Hesso et son frère Cuno «priores » (administrateurs) de Erstheim, nous ignorons leurs pouvoirs et leurs droits.
1191 L'empereur Henri IV fait don de la Ville à l' Evêque de
Strasbourg, Conrad, Comte de LICHTENBERG mais dès 1192, il doit le reprendre, car il n'avait pas le droit d'aliéner, sans contrepartie, des biens d'empire.
1191 Les « administrateurs » du couvent ayant mal géré les biens,
les relations entre le couvent et le bourg devinrent impossibles. L'empereur Henri IV attribua au landgrave de Basse-Alsace, Sigisbert de WERD, avec le landgraviat, le bourg d'Erstein. Le fief mouvant de l'Empire a Erstein comprenait le bourg de nombreux biens dans (le ban d'Erstein, qui plus tard furent cités comme faisant partie de la cour domaniale du landgrave et les droits de pêche sur l'lll, d'Erstein jusqu'à Wibolsheim. Pour protéger ces droits l'ancien « palais» fut transformé et refait. Erstein obtint les privilèges et le titre de ville.
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Le blason du Bas-Rhin se rattache étroitement à l'histoire de la Basse-Alsace. Il apparaît pour la première fois en 1262 sur un sceau des comtes de Werd, originaires de Woerth près d'Erstein, qui étaient devenus landgraves de la Basse-Alsace en 1156.
1262 Sous l'empereur Adolph de NASSAU, le Comte de WERD fait entourer
Erstein de fortifications. Le landgrave nomme Erstein « oppidum nostrum », notre ville fortifiée, une ville susceptible d'être dangereuse pour les Strasbourgeois.
Soucieux de renforcer encore la défense, il fit amener l'eau de l'Ill depuis le « Steinsau ».par un fossé jusqu'aux pieds des murs de la cite, et cette eau repartait par un autre fossé, le « Schwallgraben » dans l'lll.
Lors de ces gigantesques travaux, le lit de l'ancien fossé est approfondi, les murs renforcés et la « Pfaltz », appelée désormais « Kirschburg », englobée dans l'enceinte. Trois portes donnaient accès en ville, le « Obertor » (au début de l'actuelle rue du Gal de Gaulle) le « Niedertor » (près du restaurant zum Lamm) et le « Kirschburgertor » (dans l'actuelle rue du Gal de Gaulle au niveau du débouché de la rue du fossé). Les quartier « Dorf » et « Niederhein ou Niederflecken» étaient à l'extérieur des murs. Lors des travaux, un des bras de l'Ill, le « Muhlgraben », qui passe très près du Couvent, est élargi et les deux moulins « Mittelmuhle et Niedermuhle » sont certainement construits à cette occasion.
1291 Les privilèges de la ville sont confirmés par Jean de WERD.
1300 Sigismond de WERD (son fils) épouse Adélaïde de BLAMONT et réside à Erstein dans
la « Kirschburg »
Le blason d'Erstein traduit la dualité : à gauche (pour l'observateur) celui du Landgrave de WERD (qui deviendra par la suite celui du département du Bas-Rhin), à droite la facade de l'église du couvent avec deux portes. Deux tours dominent la facade, celle de gauche est étroite à trois étages et deux fenêtres à arc en plein cintre. Le toit en pavillon est surmonté d'une croix. Celle de droite, plus massive n'a que deux étages, une fenêtre au premier et deux au second Le toit à la forme d'un dôme surmonté d'une pomme.
1308 A la mort du fils de Jean de WERD, Sigismond, la ville est vendue
au comte Jean de HABSBURG-LAUFFENBURG époux de Agnes de WERD pour la somme de 1 100 -Marks en argent.
1321 Revente pour 1 160 Marks d'argent des bénéfices de la ville par Jean de HABSBURG-
LAUFFENBURG à Ulrich de WERD (oncle de Sigismund). Pour payer cet achat Ulrich fait un emprunt auprès des juifs de Stasbourg et demande aux bourgeois d'Erstein de cautionner. Il connaît de grosses difficultés financières (à la suite d'une épidémie de peste suivie d'une terrible famine).
Ainsi les Ersteinois devront éponger les dettes du Landgraf avec les revenus propres de la ville. Ulrich, malgré ses engagements, ne respecte pas les libertés accordées par Sigismund en 1303. Sous la contrainte de grand seigneurs il doit reconnaître en 1325 les immunités du contrat de 1303 et renoncer à titre personnel aux ressources de la ville au-delà des sommes fixées.
28.03.1303 Sigismund de WerdI confirme les droits de la ville
d'Erstein. Erstein avait obtenu les droits d'une ville c'est à dire le droit de marché, d'élever des fortifications et d'avoir des armoiries. Le marché se tenait dans l'actuelle rue du Vieux-Marché. Le Maire et les échevins furent installés comme tribunal local.
1325 Ulrich paye les 580 Marks restant aux Juifs, mais les problèmes
continuent. C'est à cette époque que Walter II de GEROLDSECK (seigneur d'un château près de Lahr, en pays de Bade) chevalier pillard qui avait construit près de Gerstheim une forteresse; la « Schwanau », pris de plus en plus d'influence sur la ville. Se sentant en force, il se permit de barrer la vallée du Rhin et de soumettre tout le trafic à des droits de péage.
1329 Revente de la ville à Burkhard de HORBOURG
pour 1.300 Marks en argent. Burkhard de HORBOURG et Walter de GEROLDSECK, seigneur brigand, s'installent à Erstein et à Gerstheim. Leur façon de vivre " retrace une bien triste époque. Walter de GEROLDSECK fait arraisonner les bateliers sur le Rhin, il rançonne les commerçants, pille sans foi ni loi. Les prisonniers qui ne paient pas la rançon fixée sont condamnés à mourir de faim dans les oubliettes du château de Schwanau.
Ainsi le nouveau seigneur d' Erstein aura causé la perte d'Erstein.
1.06.1333 Les Strasbourgeois assiègent la Schwanau
et l'obligent à capituler au bout de 5 semaines de siège. Ils ont remporté la décision après avoir catapulté des tonneaux remplis des excréments apportés depuis Strasbourg qui ont contaminés eaux et nourritures. Le château fut entièrement détruit.
Tous les défenseurs, sauf les nobles, furent passés par les armes.
23.06.1334 La paix est signée.
Le 20 novembre de la même année, Walter de GEROLDSECK et ses fils font savoir que la ville d' Erstein restera provisoirement entre les mains des Strasbourgeois.
L'ancien détenteur de la créance communale d'Erstein, le prévôt strasbourgeois Claus ZORN, est chargé de l'administration de la ville.
24.09.1335 Claus ZORN confirme par lettre et sceau les droits
de la Ville d'Erstein de 1303. La seule défense de la ville était donc le fossé (encombré par endroits de déblais qui furent enlevés). Jean de WERD, chanoine d'Erstein, fait reconstruire à ses frais une partie des remparts. Quant aux trois portes détruites, elles furent reconstruites. Le comte d' OETTINGEN est l'héritier du dernier de WERD.
1359 Ce comte d' OETTINGEN revend la ville à l' évêque de
Strasbourg, Jean de LICHTENBERG. Jusqu'en 1472 Erstein restera ville épiscopale.
05.09.1360 L'empereur Charles IV ratifie la vente du fief mouvant de l'Empire.
Titre et dignité d'un landgrave avec la ville d'Erstein passent à l'évêque de Strasbourg.
14.09.1415 La mère abbesse Marguerite de LUTZELSTEIN
est propriétaire d'Erstein qui d'ici 1472 va passer de main en main, mise en gage pour revenir finalement au Grand Chapitre de la Cathédrale de Strasbourg en 1472.
09.09.1444 Arrivée en Alsace des troupes du comte
d'ARMAGNAC par la porte de Bourgogne. A Erstein des maisons particulières et les deux églises sont pillées.