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est interdite sans autorisation écrite préalable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Association pour la préservation et la conservation

du patrimoine culturel

et traditionnel

d' Erstein

 

 

 

 

 

Notre devise :

Conserver le passé,

dans le présent,

pour pouvoir le transmettre

au futur

 

 

 

 

 

 

Le premier site a été créé le

1er novembre 2012

par son webmestre

et propriétaire

Jean Louis Eschbach

sous la dénomination

Vieil-Erstein.fr

 

Il a été clos le

1 / 7 / 2018

avec 600 000 clics

à son actif.

 

Ce nouveaux site a été ouvert le

1er juillet 2018

Il appartient désormais à l'association et est mis en oeuvre par :

 

Jean Louis ESCHBACH

 

 

 

 

 

 

 

Ancienne version du 

site Vieil-Erstein.fr avait

 

600 000  clics

au compteur

 

auxquels se rajoutent

 

Site Vieil-Erstein.alsace nouvelle version

 

clics

 

soit plus d'un million de clics

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COMMUNIQUES

 

 

*

 

 

 les 3èmes mardi

de chaque mois

 

 

Réunion

 du   comité

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

 

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Assemblée générale

2022

de l'association a eu lieu le

31 mars 2023

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

La prochaine AG

est prévue pour

mars 2024

 

 

 

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Association

Le Vieil Erstein

ùn rund um's Kanton

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Fidélité, adultère et divorce

 

« Geh treu und ehrlich durch di Welt. » (Que ta vie soit marquée par la fidélité et l'honnêteté !). C'est le souhait qu'on adresse à tous ceux qui se marient. La fidélité est donc considérée comme un élément important dans la vie conjugale. Il est vrai que tout au long de la vie à deux se présentent des tentations qui peuvent mettre à l'épreuve cette unité du couple: « In d'Frauje vu de andere,/ Tüet d'r Deifel e Löffel Honig. » (Dans les femmes des autres, le diable met une cuillerée de miel). «Mensch, Du darfst nur eine lieben, doch der Gockel 6 und 7. » (Homme, tu ne peux en aimer qu'une, alors que le coq peut en aimer six ou sept).

 

La fidélité, comme le dit bien G. Stoskopf, n'est pas quelque chose d'acquis une fois pour toutes. C'est une valeur qu'il faut continuellement redécouvrir:

« Die Trej, wie sa viele Sache, / In Spiritüs nit in sich mache, /Drum wird au niemols garantiert, /Dass sie sich ewig konserviert. / Gar oft tuet sie — 's isch ze bedüre — / Ganz ranzig wäre-un versüre. »

(La fidélité, comme beaucoup d'autres choses, ne peut être conservée dans l'alcool. C'est pourquoi personne ne peut garantir qu'elle se conservera tout le temps. Car souvent, — c'est regrettable, — elle devient rance et aigre).

 

D'un homme ou d'une femme qui est infidèle, on dit :

 

« Er (oder Sie) geht newes nüss. »

(Il — ou elle — prend un chemin à côté).

 

H. Criqui a encore une autre expression pour parler du mari infidèle :

 

« Hintenüsfitze wie so e junger Geisbock. » (Ruer au dehors comme un jeune bouc).

 

Quant à Geiler de Kaisersberg, il ne faisait pas trop confiance aux femmes •

«Frauenlieb ist fahrende hab: lient lieb, morgen schabab. » / « Wann di fraw untrüw

wird, so erfart es ihr matin am letzten. »

(L'amour d'une femme est changeant : aujourd'hui de l'amour, demain c'est fini). (Quand

la femme devient infidèle, son mari l'apprend en dernier).

 

Par le passé, les autorités civiles et religieuses ont toujours frappé très durement ceux qui se rendaient coupables d'adultère. Cette sévérité s'explique par le fait que l'adultère risquait de mettre en danger la cohésion de l'unité sociale qu'était la famille. En 1529, à Strasbourg, une ordonnance punissait l'infidélité conjugale de quatre semaines de prison au pain et à l'eau, et de cinq livres d'amende. Si l'on récidivait après une première faute, c'était huit semaines de prison qu'il fallait subir et dix livres d'amende. De plus, le mari infidèle était déposé de toutes charges publiques et déclaré incapable d'en occuper d'autres à l'avenir.

 

 

Si c'était la femme qui s'était rendue coupable d'adultère, elle se voyait frappée dans sa vanité

mondaine d'une façon presque aussi sensible peut-être. Il lui était défendu de figurer dorénavant

dans les bals, les réunions et assemblées publiques, etc. Les robes de soie, les broderies d'or lui

étaient interdites à jamais. Si l'adultère était commis pour la troisième fois, les coupables étaient

exposés au « Zuchthaeuslein », un jour de marché, « afin de servir d'exemple aux bons et aux

méchants », puis expulsés de la ville avec menace d'être noyés s'ils y revenaient jamais. La loi

prévoyait cependant que, dans certains cas, on accorderait aux bannis la permission de revenir

à Strasbourg après une absence plus ou moins longue, mais ils étaient avertis d'avance qu'au

moindre écart dont ils se rendraient coupables après leur rentrée, ils seraient punis de mort,

l'homme décapité, la femme noyée.

 

Les maris avaient le droit de réclamer le banissement de l'amant, pour la durée d'un an au moins,

s'il était célibataire, et leurs moitiés pouvaient elles aussi se payer d'une vengeance

supplémentaire à l'égard des bonnes amies de leurs époux. La peine la plus sévère était

immédiatement prononcée contre les deux conjoints s'il était établi que mari et femme s'étaient cyniquement entendus pour braconner, chacun de son côté, sur les terres de l'amour coupable.

Une pareille insulte faite à la sainteté du lien conjugal était frappée de mort.

 

Cette question épineuse de l'adultère amène nécessairement la question du divorce. Du côté catholique, en raison de la sainteté du lien conjugal et de son indissolubilité, on n'admit jamais le divorce. Du côté protestant, les réformateurs acceptèrent, dans certains cas, le divorce au sens plein du terme, c'est-à-dire avec la possibilité de remariage des époux, ou au moins de celui qui était innocent de la cause du divorce. Les premiers auteurs protestants sont d'accord sur un point: la pos­sibilité, voire même le devoir de prononcer le divorce en cas d'adultère.

 

Erasme, favorable au divorce, n'admit pourtant que cette seule cause. Luther va plus loin; il voit quatre causes de divorce: l'adultère, l'impuissance, le

refus du devoir conjugal et la « désertion malicieuse ». Il exige cependant qu'il y ait une sentence judiciaire qui prononce officiellement le divorce. Le réformateur de Strasbourg, Martin Bucer,

consacra la majeure partie de ses traités du mariage à la question du divorce. D'une manière

générale il se prononce pour le rejet du divorce par consentement mutuel, qui est contraire à

l'institution et à la nature du mariage et ne donnerait que le mauvais exemple.

 

Quand on consulte les archives, on constate que le divorce n'était pas inconnu des Alsaciens,

les habitants des villes y recourant plus souvent que ceux de la campagne. Mais ce n'était,

semble-t-il, que dans les cas extrêmes qu'on choisissait cette solution :

 

«Me weiss was mer haet, me weiss nit was mer bekommt. »

(On sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on aura).

 

Les noces d'argent et les noces d'or

 

Les Alsaciens aussi ont l'habitude, encore aujourd'hui, de fêter les couples qui ont passé

vingt-cinq ou cinquante années de vie commune. Ces fêtes, qui se célèbrent à la fois dans les

milieux populaires et les milieux bourgeois, donnent l'occasion à tous les membres d'une famille

de se réunir, de bien manger et d'entourer de leur affection l'heureux couple.

 

Les Églises ont toujours vu ces fêtes d'un bon oeil. En effet, d'après les croyances religieuses, le fait de pouvoir vivre ensemble une assez longue partie de l'existence est le signe de la bénédiction de Dieu. Ainsi, l'Église de la Confession d'Augsbourg permet à ses pasteurs, sur demande des fidèles, de célébrer un service d'actions de grâces à l'occasion des noces d'argent ou des noces d'or d'un couple.

 

Lors de la fête familiale qui suit la cérémonie religieuse, il est d'usage (dans les milieux catholiques et protestants) qu'un des membres de la famille dise un texte ou une poésie dans laquelle il résume les grands moments de la vie du couple. Certains de ces textes, par leurs qualités, appartiennent incontestablement à la culture populaire de l'Alsace. Par exemple, ce discours prononcé à l'occasion des noces d'argent des époux Jacques Diebold. Le texte a été prononcé le 12 juin 1874:

 

«Pour les noces d'argent de nos chers Jacques Diebold et Eva North. 12 juin 1874.

 

1) Le frère prend aujour­d'hui sa lyre, / Hardiment il monte Pégase, / C'est pourquoi, mes chers, acceptez pour ces noces

d'argent / Ses bons vœux.

 

2) Aujourd'hui un beau jour s'est levé, / Pour toi, cher couple ! / Les joues de l'épouse fleurissent

encore comme des roses, / Elle qui est le plus bel ornement du mari.

 

3) Au cours de ces vingt-cinq années, / Maintes choses se sont passées. / Vous avez eu de bons

et de mauvais moments, / Vous avez eu de la joie et de la douleur.

 

4) L'esprit de conciliation de la femme adoucit le dur et pénible labeur de l'époux / Et le sérieux

avec lequel il remplit les devoirs de sa charge, / Et chaque jour vous avez des moments de joie /

Qui chassent soucis et peines.

 

5) Vous avez deux braves fils à vos côtés, / Ils vous assistent avec amour, / Ils vous donnent

satisfaction et joie / Avec un amour filial sincère.

 

6) Puissiez-vous encore pendant de nombreuses années jouir / De ce calme bonheur familial, /

Que jamais d'amères larmes de souffrance ne viennent à couler, / Et assombrir votre regard.

 

7) Contentez-vous donc de ce souvenir / Venant de la main du frère, / Que le Seigneur vous

dispense joie et bénédiction / À l'occasion de cette alliance fraîchement renouée ! » (Traduction)

 

 

 

 

Les croyances populaires

 

 

 

Les croyances populaires dans la vie quotidienne

 

 

À la maison

 

L'habitation, avec ses quatre murs a, de tout temps, été comprise comme l'enceinte sacrée, interdite aux puissances maléfiques rôdant aux alentours. La gouttière, ainsi que les quatre poutres angulaires, forment les limites de cette première enceinte protégée.

 

Dans le passé, la construction d'une maison revêtait un caractère quasi sacré. Lors de cette construction, il fallait observer quelques rites destinés, d'une part à éloigner les mauvais esprits, d'autre part à attirer les puissances de vie. Dans un livre de médecine populaire du XVIIIe siècle, trouvé à Weiterswiller par le pasteur Gerst, nous lisons le passage suivant :

 

« Quand on construit une nouvelle maison, tu écriras sur trois papiers : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu l'Esprit, la sainte et divine Trinité. Le soleil et la lune ont leur forme au-dessus de l'eau et du pays. Afin qu'aucun feu et qu'aucune

flamme ne se déclarent dans cette maison, on fabriquera trois boîtes en fer blanc pour y

mettre ces papiers et on enterrera ces boîtes dans trois coins, sous le seuil ou sous la pierre,

afin qu'elles ne pourrissent pas.» (Traduction).

 

Dans les murs des maisons, on mettait parfois des restes d'animaux. Ce sont les sacrifices pour

la construction (« Bauopfer »). Cela remonte à l'époque pré-chrétienne. En effet, chez certaines populations, on offrait des sacrifices humains lors de la construction des fortifications des villes

ou des maisons importantes. On enterrait le sacrifié sous les fondations. On voulait ainsi apaiser

les esprits qu'on avait dérangés par la construction. Les «Bauopfer », en Alsace, devaient avoir

la même signification.

 

Parfois, on trouve aussi des monnaies dans les fondations des maisons. Ceux qui les y ont mises voulaient sûrement, par ce rite, que l'argent ne manquât jamais aux habitants du lieu. À Hunspach,

en 1975, lors de la réfection de la maison de la famille Neumann (55, rue Principale) on a

découvert dans la terre glaise, située sous le plancher, une pièce de monnaie à l'effigie de

Louis XVI.

 

Ancienne tuile protectrice avec crucifix gravé

Toujours lors de cette réfection, on a découvert sous une tablette d'appui d'une vieille fenêtre une pièce de monnaie à l'effigie de Napoléon III. Madame Barbara Neumann, appelée « Grosel », s'est souvenue que sa grand-mère lui avait raconté que le menuisier d'alors avait posé trois pièces de monnaie sous les tablettes d'appui. On est en présence de « Bauopfer ». Actuellement, ces rites sacrificiels se maintiennent sous la forme de la pose de la première pierre.

 

Pour que les poutres de la maison ne soient jamais attaquées par les vers, certains bûcherons ne récoltaient pas le bois quand le soleil était sous le signe du cancer ou du scorpion (Hattstatt). D'autres coupaient les arbres uniquement lors du dernier quartier de lune (Alsace Bossue).

Cela fait partie des règles générales de l'Administration Forestière. Sur le toit, on mettait quelques tuiles protectrices appelées « Schutzziejle » ou « Sonneziejle » (tuile protectrice, tuile-soleil). Ces tuiles étaient destinées à éloigner la foudre de la maison. Sur ces tuiles, le

fabricant avait dessiné des motifs comme des soleils, des croix à deux branches, des palmes, d " iles, des tulipes, des harengs, des monogrammes

du Christ (IHS).

 

Une fois la construction de la maison terminée, on fixait un arbre décoré sur le toit (« Tannemaie ») (coutume répandue dans toute l'Europe). Alors, le propriétaire et le charpentier invitaient les villageois à une cérémonie à caractère religieux. Au XIX' siècle, le charpentier s'adressait en ces termes au propriétaire :

« Nun lieber Bauherr, nehm er hin, was wir ihm aufgebaut nach seinem Sinn. Ich hoff', er wird mit uns zufrieden sein, und zieh' in Gottes Namen ein. » (Waldhambach)

(Cher maître d'oeuvre, veuillez prendre en charge ce que nous avons construit selon

votre désir. J'espère que vous êtes satisfait de nous ; entrez dans la maison au nom de Dieu).

 

À Ottrott, du toit de la maison, on jetait des fruits séchés et des pièces d'argent à l'assistance.

À Balbronn, le charpentier jetait aussi un verre du toit. S'il se brisait, cela signifiait beaucoup de

bonheur pour les habitants de la maison.

 

À l'origine l'expression: « E Kritz ins Kamin » (une croix dans la cheminée) devait sûrement

rappeler un rite destiné à protéger la maison au moyen d'un signe magique. En effet, la cheminée

était un lieu de passage fort emprunté par les sorcières. D'autres personnes fixaient des fers à

cheval au-des­sus du linteau des portes (coutume répandue dans toute l'Europe). Quand le

crépuscule sonnait (« Betglocke »), on veillait à mettre quelques gouttes d'eau bénite ou quelques

grains de sel dans le lait qu'on sortait de la maison afin d'éviter qu'une sorcière ne vînt gâter le

liquide (Fislis, Ingersheim).

 

Encore aujourd'hui, à Offwiller, dans certaines familles, on prend un sac fermé par le haut

— il symbolise la sorcière — et avec un bâton on frappe énergiquement dessus, en évitant

d'atteindre les noeuds du haut qui représentent la tête. Si on frappe les noeuds on risque de

tuer la sorcière. Les coups du bas lui infligent uniquement une solide correction.

 

Ce que les paysans craignaient le plus après les sorcières, étaient l'orage et la foudre. Pour se

protéger contre ces phénomènes naturels, certains accrochaient dans le grenier des palmes

bénites ou des « Rummelbred » (bois contre le tonnerre). À Mollkirch et à Roppentzwiller, on

jetait des rameaux bénis dans le feu de la cheminée pour éloigner l'orage. Dans d'autres villages,

on sonnait la cloche consacrée à sainte Catherine. Mais dès 1783, dans la région de Hunspach,

les autorités civiles et religieuses interdirent de sonner les cloches à l'approche d'un orage, sous peine d'amende.

 

Beaucoup d'habitants du Ried pensent que les maisons sont exposées à l'action des «rayons souterrains maléfiques ». Ces rayons provoqueraient des maladies, des pertes d'appétit, des impuissances sexuelles, etc. Pour neutraliser cette action, il y a quelques années, un groupe de personnes se mit à fabriquer et à vendre des « boîtes protectrices ». Il fallait mettre ces boites dans les caves des maisons pour qu'elles fussent efficaces. Les fabricants, peu scrupuleux, offrirent à leur clientèle des boites en bois pour conjurer le mauvais sort. Il fallait souvent remplacer les boîtes, qui pourrissaient dans les caves ! Quand on examine ces objets, on constate que les

uns contiennent du sable (béni évidemment !), des vis, des clous, les autres des fils de cuivre,

des ressorts, des piles électriques usagées et des plaques de cuivre enveloppées dans le

journal « Les Trois Croix ». On ne s'étonnera jamais assez de l'imagination créatrice de

certaines personnes qui, en s'adaptant, arriveront toujours à tirer de l'argent de l'angoisse

de leurs concitoyens.

 

À l'étable, à l'écurie, au poulailler, etc...

 

La perte d'un troupeau signifiait la ruine et la misère pour un paysan d'autrefois. Afin de parer

à tout incident de ce genre, il s'adressait volontiers à Dieu. Les très vieux rituels liturgiques

contiennent presque tous des prières destinées à placer les troupeaux sous la protection divine.

 

Lors de la construction d'une étable ou d'une écurie, les propriétaires essayaient de mettre les puissances célestes de leur côté. Ils cherchaient un prêtre afin qu'il consacre la construction en l'aspergeant d'eau bénite. Ils plaçaient des figurines d'angelots ou de saints dans les murs de ces constructions. À Altwiller, lors de la démolition d'une étable, on a retrouvé une tête d'angelot en plâtre. À Krautwiller, on a trouvé dans les cloisons abattues les restes d'une statue représentant un saint.

 

Dans la région de Guebwiller, lorsqu'une poule pondait des oeufs sans coquille, on mettait ce phénomène sur le compte

d'une sorcière. Pour se débarrasser d'elle, il fallait suspendre l'oeuf en question dans la cheminée

et l'enfumer. Si un veau mourait, on prenait son coeur et on le fixait dans la cheminée à l'aide d'un

clou ayant servi à un cercueil. On enfumait le coeur en pensant ainsi exercer une vengeance sur

la sorcière cause de la mort. À Osenbach, si quelqu'un avait tué les poules de son voisin par malveillance, la victime, pour se venger, pouvait prendre le coeur d'une des poules mortes, le

transpercer d'aiguilles et le suspendre dans la cheminée Au fur et à mesure que ce coeur se

desséchait, le coupable devait lentement rendre l'âme.

 

Au jardin

 

Généralement, le jardin est juste derrière la maison d'habitation. Il est encore compris dans

l'enceinte protégée de la ferme. On y fait pousser des légumes, des fleurs et des plantes

médicinales.

 

En Alsace Bossue, dans de nombreuse fermes, on semait les plantes dont on consommait

ensuite les racines (radis, oignons, carottes) uniquement pendant le dernier quartier de lune

et les plantes dont on consommait les tiges ou les feuilles (salades, choux) pendant le premier

quartier de lune. En cela on rejoignait les théories anthroposophes.

 

Dans le Ried, on était persuadé que si on semait les carottes sous le signe du poisson, elles auraient une peau lisse, et piquante sous le signe du cancer et du scorpion. Il fallait aussi planter les haricots, les petits pois et les lentilles sous un signe doux, comme le poisson. En effet, ces légumes auraient alors une cuisson plus rapide. Il fallait cependant éviter de planter des haricots sous le signe de la vierge, sinon ces plantes fleuriraient continuellement (Ried).

 

Dans chaque coin du jardin on avait l'habitude de faire pousser quelques plantes médicinales comme la menthe, le romarin, le genévrier, etc. Dans la vallée de la Bruche, il y a encore quelques décennies, chacun allait dans le jardin du voisin, la nuit, pendant le premier quartier de lune, pour récolter les plantes médicinales.

 

Quand il s'agissait de chercher quelques branches d'une plante abortive, cela revenait à l'homme, qui devait passer par-dessus la clôture du jardin. Il semble que ces rites devaient augmenter l'efficacité des plantes. Parmi ces plantes médicinales, on trouve parfois le genévrier dont on se servait pour faire les fumées destinées à éloigner les mauvais

esprits. Le sureau, quant à lui, était souvent utilisé dans les potions à caractère magique.

Aspercer d'aiguilles et le suspendre dans la cheminée Au fur et à mesure que ce coeur se

desséchait, le coupable devait lentement rendre l'âme.

 

Dans le verger

 

Les arbres naissent, poussent, fleurissent, portent des fruits et meurent. Cette évolution est, en

bien des points, semblable à celle des hommes C'est pourquoi ces derniers ont vu dans le

monde végétal, et en particulier dans le monde des arbres, un domaine habité par les esprits.

Chez les Germains, on infligeait des châtiments corporels sévères, voire la mort, à ceux qui

avaient maltraité des arbres, donc des esprits. On avait le souci de se concilier ces esprits.

À Westhoffen, quand on allait planter un arbre dans le verger, on emmenait un petit garçon

avec soi. Une fois qu'on avait mis en terre la plante, on donnait une gifle à l'enfant en lui

expliquant ceci : « Du sollst daran dencken ! » (Tu dois t'en souvenir !). Ce rite était sûrement

destiné à éloigner les mauvais esprits qui auraient pu nuire au jeune arbre.

 

Dans le Ried, on pense encore aujourd'hui qu'il faut effectuer les greffes pendant le premier quartier de lune, sinon on va au-devant d'un échec. On émondait les noyers en décembre, pendant le dernier quartier de lune, sous le signe du poisson ou du verseau. On était alors persuadé que l'année suivante les coquilles des noix seraient moins dures.

 

Dans le Val de Villé, on conseillait aux gens de ne jamais récolter des fruits un vendredi, sinon

l'arbre sera sans fruits pendant sept années consécutives. À Ammerschwihr, on pensait qu'il ne

fallait pas cueillir des fruits dans la période des « Fronfasten » ou «Quatemberfasten»

(quatuor tempora).

 

À Breitenbach, si une personne coupait des branches d'un arbre fruitier dans le but de nuire à

son propriétaire, ce dernier, pour se venger, pouvait accrocher une branche de l'arbre mutilé

dans sa cheminée. Après un certain temps, le coupable était atteint d'une maladie incurable et

mourait à petit feu. Cette croyance est encore connue de nos jours par de nombreux villageois.

Les arbres fruitiers intervenaient aussi dans les sortilèges destinés à punir un voleur.

 

À Bantzenheim, au XIXe siècle, la personne lésée par un vol prenait, soit trois clous venant d'un

cercueil, soit trois fers à cheval non utilisés et, avant le lever du soleil, les fixait sur un poirier en prononçant les paroles consacrées :

 

«O Voleur ! Je te lie avec le premier clou que j'enfonce dans ton front et dans ton cerveau

afin que tu mettes à sa place le bien volé ; tu dois autant souffrir que l'homme lésé et que

l'endroit où tu as commis ton larcin, que le disciple Judas lorsqu'il a trahi Jésus.

J'enfonce le deuxième clou dans tes poumons et dans ton foie afin que tu remettes à sa

place le bien volé ; tu dois autant souffrir que l'homme lésé et que l'endroit où tu as commis

ton larcin, que Ponce Pilate en enfer.

J'enfonce le troisième clou dans ton pied afin que tu mettes à sa place le bien volé. je te lie

et je t'oblige par les trois clous saints qui ont été enfoncés dans les mains et les pieds

sacrés de Christ, de remettre à sa place le bien que tu as volé ! » (Traduction)

 

Dans le village

 

Presque chaque village avait ses êtres mystérieux et ses monstres qui étaient censés hanter

l'endroit, surtout le soir, après le tintement de l'angélus (« Betglocke », «Abendglocke »).

 

À Waldhambach, on craignait le «Feurige Mann » (l'homme de feu) qui frappait aux volets et y

laissait les marques de ses doigts. D'autre part, le «Dorftier» (l'animal du village) hantait aussi

certaines rues. Cet animal passait pour avoir les formes d'un chien aux yeux flamboyants.

 

À Obersoultzbach, la jeunesse taquinait l'homme de feu par ces paroles : « Fieriger Mann,

Hawerstroh, Zeij, wie geschwind bisch dü do ? » (Homme de feu, montre-nous comment tu

viens rapidement ?).

 

À Krautwiller sévissait le « Dorfzotel » (la souillon du village) qui, sous les formes d'un grand

veau, prenait plaisir à renverser les villageois qui regagnaient leur maison, la nuit. À Ensisheim,

«l'animal du village » était un veau qui avait la particularité de grandir jusqu'à pouvoir atteindre

le deuxième étage des maisons. Si quelqu'un essayait de toucher la bête avec sa main ou s'il

ouvrait une fenêtre située au deuxième étage des maisons, il recevait un coup sur la tête.

 

Dans beaucoup de villages, les vieilles maisons abandonnées suscitaient des rumeurs très

diverses. Souvent, on était convaincu qu'elles étaient hantées par des fantômes.

À Waldhambach, une de ces vieilles maisons est appelée « Bobbelhaus » (maison où on parle).

À Krautwiller, une vieille maison abandonnée semblait abriter un monstre, le « Kochleffemännel »

(le petit homme à la cuillère de bois) qui se cachait dans les fourneaux.

 

On peut se demander si toutes ces légendes n'avaient pas une valeur éducative. On voulait

d'une part inciter les enfants à rester bien sagement chez eux, après la sonnerie du soir,

d'autre part les empêcher d'approcher des vieille bâtisses en ruines, qui étaient toujours

dangereuses à cause des éboulements possibles.

 

Dans les champs et les prairies

 

On racontait que les champs étaient peuplés de démons : les « Korndämon » (démons du grain).

Ces monstres étaient mi-homme, mi-animal Parfois, ils ressemblaient aussi à des loups, à des

chiens et à des lièvres, D'où les expressions suivantes pour parler du vent qui agite les champs

de blé :

« De Wolf ziejt durch's Korn », « D'Hase lafe im Korn », « D'Hunde jawe im Korn ».

(Le loup passe dans le champ de blé, les lièvres courent dans le champ de blé, les chiens chassent dans le champ de blé).

 

Ces histoires de démons étaient la survivance d'anciennes croyances pré-chrétiennes qui

affirmaient que les champs étaient habités par des esprits de fécondité. Elles servaient

également à empêcher les enfants d'entrer dans les champs et d'y faire des dégâts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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