Toute reproduction, (copie d'écran, copie du site partielle ou complète)

est interdite sans autorisation écrite préalable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Association pour la préservation et la conservation

du patrimoine culturel

et traditionnel

d' Erstein

 

 

 

 

 

Notre devise :

Conserver le passé,

dans le présent,

pour pouvoir le transmettre

au futur

 

 

 

 

 

 

Le premier site a été créé le

1er novembre 2012

par son webmestre

et propriétaire

Jean Louis Eschbach

sous la dénomination

Vieil-Erstein.fr

 

Il a été clos le

1 / 7 / 2018

avec 600 000 clics

à son actif.

 

Ce nouveaux site a été ouvert le

1er juillet 2018

Il appartient désormais à l'association et est mis en oeuvre par :

 

Jean Louis ESCHBACH

 

 

 

 

 

 

 

Ancienne version du 

site Vieil-Erstein.fr avait

 

600 000  clics

au compteur

 

auxquels se rajoutent

 

Site Vieil-Erstein.alsace nouvelle version

 

clics

 

soit plus d'un million de clics

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COMMUNIQUES

 

 

*

 

 

 les 3èmes mardi

de chaque mois

 

 

Réunion

 du   comité

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

 

-ooOoo-

 

 

 

Assemblée générale

2022

de l'association a eu lieu le

31 mars 2023

 

à 20h en la

salle Conrath

de la Maison

des Œuvres

 

La prochaine AG

est prévue pour

mars 2024

 

 

 

-ooOoo-

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Association

Le Vieil Erstein

ùn rund um's Kanton

1 place de

l'Hôtel de Ville

67150  ERSTEIN 
 

 

Téléphone :

03 88 98 64 99

 ou 

06 86 56 40 68

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le contenu de cet article est une copie synthétisée de l’original. Vous trouverez donc à la suite de ce sommaire un pâle condensé du contenu et de la richesse culturelle exceptionnelle de ce livre.

 

En effet l’auteur de ce livre majeur, Fredy SARG, effectue un véritable examen en profondeur « Au fil de la vie » des alsaciennes et alsaciens. Il nous présente dans tous ses aspects la vie courante de nos aïeux, leurs croyances, leurs espérances, leurs manières de vivre et de percevoir la vie…

 

Pour tous ceux ou celles qui aimeraient approfondir le sujet, Je vous propose d’acquérir ce livre qui est un véritable investissement. Il vous renverra une compréhension profonde et une perception fine de l’Alsace et de ses habitants.

 

 

Sommaire

 

Naissance et baptême

Les fiançailles

Le mariage

Les croyances populaires

La mort et l'après

 

 

 

Naissance et baptême

 

 

 

Avant la naissance

 

Rites, coutumes et pratiques pour assurer la fécondité

 

Depuis toujours, un des buts essentiels du mariage est d'avoir des enfants. Par la procréation le

couple trouvera le sens de l'existence; il assurera la continuité de l'espèce humaine et ainsi il

deviendra un des maillons de cette chaîne qu'est l'aventure humaine : « Wer ke Kinder het, weiss

net vvorum'r lebt. » (Celui qui n'a pas d'enfants ne sait pas pourquoi il vit).

 

 

Après les cérémonies officielles du mariage, le cortège, à la tête duquel se trouvait le jeune couple,

se rendait soit au restaurant soit à la maison. Le long du parcours les villageois jetaient sur les

jeunes mariés des grains de blé. Il est évident que ces grains de riz et de blé sont des symboles

de fécondité.

 

D'autres pratiques ont conservé des vestiges du culte des pierres fécondatrices qui semble remonter

à l'époque gallo-romaine et même préhistorique. Si les femmes ont prêté des vertus procréatrices

à des pierres, et surtout à des pierres de forme phallique, elles n'ont pas pour autant délaissé

d'autres éléments que la nature leur fournissait. Ainsi l'eau de certaines sources était censée

augmenter la fécondité de la femme et même celle de l'homme.

 

Une autre coutume fécondatrice, qui remonte à une époque très ancienne, est l'offrande d'ex-voto

qui représentaient soit des êtres humains, soit des parties de membres humains, soit des animaux domestiques, étaient fort répandus, pendant tout le bas Moyen Âge. Pour obtenir une grossesse

ou pour rendre grâce de son obtention, on déposait dans les sanctuaires des ex-voto représentant

des femmes enceintes.

 

Chapelle Saint Armand

Au XVe siècle, les femmes stériles allaient rendre un culte aux trois saintes femmes : Einübet, Worbet et Wilbet dans l'église Saint-Pierre-le-Vieux de Strasbourg. Au XVIIe siècle, elles se rendaient sur la route menant à Molsheim où se trouvait une chapelle dédiée à saint Amand. Là, elles offraient des poules noires au saint.

Les répliques des saints jouent aussi un grand rôle dans la fécondation. Ainsi à la même époque on conseillait aux femmes stériles de toucher la robe de saint Ignace. Selon qu'on voulait une fille ou un garçon, on s'adressait à sainte Odile ou à sainte Verena.

 

Jusqu'à la Réformation les femmes sans enfants cherchaient secours auprès de sainte Riedhilt

qui, selon les légendes, devait reposer avec ses sept enfants à Oberhoffen près de Bischwiller.

De nos jours ces pèlerinages alsaciens ont pratiquement disparu. Seule la statue de «Maria zur

Eiche » attire encore les femmes du Ried. Sainte Marie, mère du Christ, est encore invoquée pour assurer la bénédiction des couples désireux d'avoir des enfants.

 

À côté de ces pratiques religieuses destinées à assurer la fécondité, subsistent encore des

pratiques de « médecine populaire. Certaines femmes stériles ont encore l'habitude de se fabriquer

des tisanes à partir de plantes sauvages, ces infusions étant destinées à les rendre fécondes.

 

La conception

 

Avec son «Hirsebrei », ses tisanes, ses sources, ses pèlerinages, l'Alsace ne manque pas

d'anciennes coutumes et pratiques destinées à assurer la fécondité de la femme. Avec les pierres fécondatrices, on plonge dans des coutumes remontant à une époque préhistorique.

 

C'est sûrement aussi à une telle époque que doit remonter la croyance à l'influence de la lune sur la conception. Si la conception s'opère en période de lune croissante, le couple aura sûrement un garçon, au contraire en période de lune décroissante il naîtra une fille.

 

Particulièrement intéressante est cette pratique qui veut que pour avoir des filles on doit laisser ouvertes les fenêtres de la chambre du couple pendant la conception, alors que pour avoir des garçons il faut les garder fermées. D' après certaines personnes interrogées, quand on ouvre les fenêtres, le pénis de l'enfant à venir peut s'envoler et donc on obtiendra une fille. On constate donc qu'inconsciemment la femme est comprise comme un être auquel il manque le membre viril.

 

Si les couples ont voulu agir sur la nature, c'est surtout pour obtenir des garçons. Ceux-ci

garantissaient la continuité de l'exploitation agricole familiale. Les filles, au contraire, quitteront

toutes la maison paternelle pour aller fonder des foyers ailleurs. La fille est souvent cause de

soucis puisqu'on doit lui trouver un mari et une dot: « Bim a Maidel liât nier Sori, me me muess

em a guder Mann finde » (Avec une fille on a des soucis, on doit lui trouver un bon mari). La

venue d'un garçon enchante toute la famille : « Me han jetzt a Stammhalder » (Nous avons enfin quelqu'un qui perpétue la lignée !). Et déjà au-dessus du berceau le père prédit l'avenir de son

jeune fils : « Der wird a mol de Hof iwernehme. » (Celui-ci prendra un jour la direction de la ferme).

 

On retrouve cette discrimination entre garçons et filles dans cette coutume qui consiste à planter

un arbre à la naissance d'un enfant. Une fille aura son arbre planté dans un champ de la famille

situé sur le domaine communal, alors que le fils trouvera le sien dans le verger, derrière la maison

dont il héritera.

 

Même si on préférait un garçon à une fille, on se réjouissait toujours quand une naissance

survenait dans la famille. Elle était le signe de la bénédiction de Dieu. Ainsi en témoigne cette

maxime encore connue de nos jours, et écrite par l'Alsacien J. Trausch dans sa chronique strasbourgeoise : « Wiegen und darin Kinderlein / Gott allzeit lieb gewesen sein. » (Des berceaux

et des enfants sont toujours agréables à Dieu).

 

Jean Fischart écrivait dans le quatrième chapitre de son «Gargantua» (1575) : «Les enfants sont

pour leurs parents de belles fleurs d'hiver, ils leur font oublier le chagrin, ils sont les guides, des béquilles, les soutiens de leur père, par eux la vieillesse refleurit. Ils sont le miroir de sa jeunesse passée, l'image de ses gestes, sa reproduction vivante, sa mémoire éternelle. Par eux le père

est béni, par eux tout travail devient agréable .» (Traduction)

 

Respect de la vie et avortements

 

On peut donc dire que les Alsaciens ont toujours gardé à travers les siècles un profond respect de la vie. Cependant, dans certaines circonstances particulières, les femmes ont cherché à mettre

fin à la vie qu'elles portaient en elles.

 

Dans certaines petites exploitations agricoles la venue d'un nouvel enfant dans la famille posait parfois des problèmes matériels insolubles. De plus, l'héritage des autres frères et soeurs s'en trouvait d'autant diminué : « Viel Brüeder, schmali Güeter. » (De nombreux frères, de petits lopins de terres).

 

On comprend que dans certains de ces cas, les mères aient voulu limiter le nombre de leurs enfants. D'autre part, les filles célibataires enceintes avaient elles aussi tout intérêt à mettre fin à la vie qu'elles portaient en elles. Quand on connaît les tracasseries, les humiliations que les villageois faisaient subir d'une part aux filles-mères, d'autre part aux enfants naturels, on comprend que beaucoup de ces filles aient voulu supprimer le fruit de « leur crime ».

 

Dans tous les villages ou au moins dans toutes les régions existaient, et existent encore, des

faiseuses et des faiseurs d'anges. Parfois les filles désespérées allaient chez les sages-femmes

qui refusaient presque toujours de remplir un tel rôle, contraire à leur éthique. Souvent, elles

répondaient à la demande d'une fille par ce dicton : «Besser zehn Kinder uf' m Kisse as nur eins

uf uf'm Gewisse. » (Mieux vaut dix enfants sur le coussin, qu'un seul sur la conscience).

 

Souvent ces femmes ont recours à des potions transmises de génération en génération par les

grands-mères. De nos jours les femmes alsaciennes connaissent encore un certain nombre de

plantes destinées à faire avorter. On connaît et on utilise encore : la sabine sous forme de tisane,

la tisane de persil était également à la mode, la tisane de thuya, la tisane de sureau, l'infusion de

buis, la tisane de romarin, la tisane de racines de pissenlit, la tisane faite à partir d'une plante aux

fleurs jaunâtres, qu'on nomme « Oschderlizei »(toutes ces plantes médicinales dont les vertus

sont connues pour être abortives).

 

Lors des siècles précédents, les autorités civiles et religieuses furent très sévères avec les femmes

qui avaient avorté ou qui avaient voulu avorter. Dans les statuts de la Ville de Hochfelden, datant

de 1665 et traduits en 1763 en langue française, on trouve le paragraphe suivant: «Peine contre

les femmes et les filles qui détruiront leur fruit. Les femmes et les filles de quelque condition qu'elles puissent être qui auront été convaincues d'avoir voulu détruire leur fruit ou qui l'auront détruit seront punies de mort. »

 

Les interdits concernant la future mère

 

Les Alsaciens ont gardé ce profond respect envers la femme enceinte. Les interdits qui la frappent pendant la grossesse ne sont pas destinés à l'humilier mais bien à préserver le foetus.

 

Une série d'interdits fort répandus en Alsace est la défense absolue de suspendre du linge, de

passer sous une corde à linge, de se baisser deux fois de suite, de laver les vitres, de passer sous

la table et de croiser les jambes. Cette série d'interdits vise à éviter que le cordon ombilical ne

s'enroule autour du cou de l'enfant et l'étrangle lors de la naissance. Autrefois, pour éviter un tel accident, on interdisait à la femme de filer : « Sie spinnt dem Kind a Strick um de Hals. » (Elle file

une corde autour du cou de l'enfant).

 

La femme enceinte n'a pas le droit de se contempler dans un miroir ou de se peser (Lembach),

sinon la grossesse sera interrompue ou l'enfant mourra dans son sein. Il est déconseillé à la

femme enceinte de toucher de la viande froide d'un animal tué, sinon l'enfant portera un naevus

ou mourra rapidement après la naissance. Elle ne doit jamais pénétrer dans la maison d'un mort,

à plus forte raison regarder le défunt, sinon l'enfant portera durant toute sa vie un « masque de

mort » (en alsacien: « a Todesmask»). Elle ne doit jamais regarder un bossu ou un homme

difforme, sinon la malformation réapparaîtra sur l'enfant. Maltraiter un animal ou se moquer d'un

être difforme et débile est très dangereux. En effet, l'enfant aura certainement des malformations

à la naissance.

 

Dans le même ordre d'idées on pense que le faux témoignage d'une femme enceinte provoquera

la mort de l'enfant à venir. Par-là, les Alsaciens montrent qu'ils croient en une justice

quasi-immanente qui punit les enfants à venir de la conduite indigne de leurs parents.

 

Certaines personnes pensent aussi que le contact avec les animaux domestiques produira des malformations sur le foetus. Ainsi on ne doit jamais toucher un lapin tué, sinon l'enfant aura un

bec de lièvre. Caresser trop souvent un chat, c'est s'exposer à avoir un enfant avec une

«tête de chat». Il ne faut jamais regarder un lapin albinos sinon l'enfant aura des cheveux blancs.

 

La genèse de tels conseils est facile à comprendre : ce sont des explications a posteriori de malformations constatées sur les bébés. D'autre part, on invite les femmes enceintes à se méfier

du regard des vieilles personnes réputées comme pratiquant la sorcellerie. Par le regard, les

sorcières peuvent jeter des sorts aux foetus (« mauvais oeil »).

 

La femme enceinte ne devra jamais accepter d'être marraine et de porter un autre enfant au-des­sus

du baptistère. En effet, la mort guettera soit son enfant, soit le nouveau baptisé.

 

Cependant, quelques autres interdits montrent que la femme enceinte était considérée comme impure. Ainsi, dans le Ried, certaines vieilles personnes catholiques se souviennent qu'autrefois les femmes enceintes n'avaient pas le droit de s'approcher de l'autel. On voulait être agréable à la Vierge Marie.

 

Il n'existe pas d'interdits quant aux relations sexuelles pendant la gestation. Souvent même elles ont lieu à un stade avancé de la grossesse. En Alsace Bossue, on connaît bien cette expression qui signifie que les relations sexuelles sont fréquentes pendant la gestation du foetus : « Wenn

mer de Beri herof kommt, kommt mer auch s'Tal nunder. » (Si on arrive à monter sur la colline, on arrive aussi à redescendre dans la vallée).

 

Les envies et les droits des femmes enceintes

 

Personne n'ignore que les femmes enceintes ont un gros appétit. L'Alsacien dira même: «Die Froi mues vir zwei esse. » (La femme [enceinte] doit manger pour deux). Cette fringale s' accompagnera souvent du désir de manger certains mets particuliers ou certains fruits rares. Le Strasbourgeois Jean Tauler (mort en 1361) connaissait déjà la question, puisque dans une de ses prédications il

nous parle des envies bizarres qu'éprouvent les femmes enceintes.

 

Ne pas satisfaire ces désirs ou envies alimentaires, c'est courir le risque que l'enfant porte à la naissance des naevi représentant le mets ou le fruit qu'on

avait désiré lors de la grossesse. Les oracles populaires croient voir dans les naevi surtout des

cerises et des fraises.

 

Autrefois, les coutumes villageoises qui d'ordinaire étaient si féroces en ce qui concerne les vols,

se montraient très tolérantes pour les vols de nourriture commis par les femmes enceintes. On

ne devait pas considérer comme une voleuse la future mère qui cherchait à satisfaire ses envies alimentaires de poisson, de viande, de fruits, de légumes. Ainsi ces femmes avaient le droit,

quand l'envie les prenait, de cueillir dans n'importe quel champ des fruits. En général on tolérait

trois fruits à la fois : deux pour la mère et un pour l'enfant.

 

On conseillait autrefois aux femmes de se rendre lors de la pleine lune au bord d'un étang et de se regarder dans l'eau. Suivant l'image reflétée, on pouvait connaître par avance le sexe de l'enfant. Dans la région de Thann, on pense que si la femme a un ventre pointu », elle accouchera

d'un garçon.

 

Le masque de grossesse est lui aussi interprété comme un signe du sexe de l'enfant à venir, les femmes alsaciennes ne sont pas d'accord sur son interprétation. Le plus souvent on pense que si la future maman garde une peau fisse, l'enfant

à venir sera un mâle; au contraire, si elle a un masque de grossesse, il sera de sexe féminin.

Parfois on admet que la future mère est plus affaiblie quand elle porte un garçon. Une telle

croyance s'explique facilement. Le garçon étant plus considéré qu'une fille, il est normal qu'il

fasse plus de difficultés à sa mère lors de la gestation. On attribue aux filles des gestations

longues alors que les garçons doivent avoir des gestations courtes. On croit même qu'ils

viendront au monde avant terme.

 

Dans quatre endroits différents (régions de Drulingen, Lembach, Sélestat et Strasbourg), nous

avons rencontré une pratique dont l'origine ne peut remonter qu'au début du XXe' siècle. Il s'agit

du pendule qu'on utilise pour connaître par avance le sexe de l'enfant. (On dira en alsacien:

« Me hät gependelt. »). Pour cela il faut prendre une alliance qu'on suspend à un cheveu de

femme. On promène alors ce «pendule» au-dessus du ventre de la femme, et suivant les

oscillations on peut en conclure le sexe

de l'enfant. Certains paysans utilisent aussi cette méthode pour connaître le sexe des oeufs de

poule, Cette pratique semble d'abord s'être développée dans les villes, pour ensuite se diffuser

dans les campagnes.

 

À côté de la question : « Quel est le sexe de l'enfant à venir ? », une autre question assaille la

mère : « Mon enfant sera-t-il beau ? Que faire pour qu'il soit beau ?»

On conseille souvent aux femmes enceintes de regarder longuement des images de saints ou

des figurines représentant des angelots. Par une sorte de magie sympathique les traits des

angelots ou

des saints se retrouveront sur l'enfant.

 

En Alsace, existe une autre coutume assez dangereuse consistant à boire, à jeun, du schnaps

pour avoir de beaux enfants : « Wenn mer Schnaps trinkt, bekommt mer scheni Kind. » (Quand

on boit de l'eau de vie, on obtient de beaux enfants)..... Pour comprendre cette coutume, il faut

savoir que le schnaps passe aux yeux des Alsaciens pour une sorte de potion magique. On

s'en sert pour calmer les cris des bébés (on met du schnaps dans les biberons) pour faciliter la digestion, pour redonner des forces aux malades, pour faire cesser les maux de tête, etc. ..

Celui-ci est aussi le signe de l'amitié entre plusieurs personnes. On offrira un petit verre de

schnaps à celui qu'on estime, à celui dont on tient à garder l'amitié.

 

 

Manger beaucoup de fruits et en particulier des pommes, donnera aussi, pense-t-on, de beaux enfants. Si la femme enceinte mange des amandes, l'enfant deviendra intelligent (Lembach). Le jus de carotte donnera une peau brune à l'enfant. Au contraire, si la femme enceinte mange trop de mets pimentés, l'enfant deviendra laid.

 

Toutes les spéculations sur le sexe de l'enfant, sur son physique, montrent bien que les femmes enceintes abordent l'avenir avec quelque appréhension. Autrefois l'Église essayait de calmer ces appréhensions en faisant prier pour les femmes enceintes. Aux XIVe et XVe siècles cette coutume était répandue dans toute l'Alsace. Le dimanche, après le sermon, toute l'assemblée priait pour les femmes enceintes qui voyaient les heures difficiles s'approcher à grands pas. Seules les futures mères célibataires étaient exclues de ces prières d'intercession.

 

Les troubles pendant la grossesse

 

Les angoisses des futures mères sont augmentées par des troubles qui apparaissent pendant

la grossesse. Ainsi la femme enceinte peut ressentir des picotements du bas-ventre, des

sensations d'étouffement, etc. Nos ancêtres ont interprété ces maux comme des signes d'une

présence démoniaque. On considérait la matrice comme une bête malfaisante, avide de sang,

capable de griffer et de mordre la femme, susceptible de la tourmenter par ses déplacements volontaires.

 

Entre le XI° et le XVIIe siècles on voit apparaître en Alsace des formules magico-religieuses,

récitées soit par la sage-femme, soit par la femme enceinte, en vue de calmer les troubles de

grossesse ou d'obtenir la guérison de maladies utérines. Voici un exemple de telles formules :

« Réjouis-toi et calme-toi. Je te conjure au nom du Saint Evangile de réintégrer à nouveau ta

place, de te reposer et de rester calme, ou bien on nous mettra, toi et moi, dans une tombe.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Et couche-toi sur le côté gauche, et mets le

pouce droit sur le nombril, récite cinq Notre-Père, cinq Ave-Maria, et une confession de foi. Fais

cela trois fois et donne des aumônes. Cela a été vérifié. » (Traduction)

 

Jusqu'au milieu du XIXe' siècle, il était encore coutume de faire des pèlerinages à la grotte

Saint-Vit (Saverne) avec l'espoir de calmer ces troubles et pour demander une délivrance

heureuse. On offrait alors un ex-voto en forme de crapaud, symbole très ancien de la matrice.

Deux raisons sont à l'origine du choix d'un tel symbole. Tout d'abord, il y a une ressemblance morphologique entre la matrice avec ses annexes et le crapaud. D'autre part, cet organe

mystérieux dont l'existence se signale souvent lors des grossesses par des douleurs, a été mis

en correspondance avec cet être vivant mystérieux et haï.

 

Ainsi dans les écrits du prédicateur Caspar Huberinus, mort en 1553, on lit dans l'adresse aux

sages-femmes : « Lors d'un travail divin, les sages-femmes ne doivent pas utiliser l'ostensoir

ou une relique, elles doivent s'abstenir d'une quelconque pratique magique, fût-ce la bénédiction

du crapaud qu'elles affectionnent. On trouve en effet certaines sages-femmes qui sont si

superstitieuses qu'elles croient (elles se trompent elles-mêmes) que les femmes enceintes ne

peuvent accoucher et que l'enfant ne peut naître si elles n'usent pas de leurs procédés de

charlatans et de leurs singeries ». (Traduction)

 

Un autre trouble, fréquent au cours des grossesses, l'hypersécrétion gastrique, est interprété

par certaines femmes alsaciennes comme le contact des cheveux du foetus avec l'estomac de

la mère. Avoir de tels troubles pendant la grossesse est le signe annonciateur d'une chevelure abondante du bébé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version imprimable | Plan du site
© Association Le Vieil Erstein ùn rund um's Kanton