REDSLOB , Robert (1882-1962)
Ecrivain
doyen de la Faculté de droit de l'Université de Strasbourg, qui publia après 1945 des recueils hauts en couleurs, comme A travers les villages d'Alsace ou Sous le regard de la cathédrale.
REIBEL Eugène-Louis-Joseph (1796-1865)
Militaire
né à Strasbourg en 1796, officier de cavalerie, devint général en 1848 ; commandant militaire à Strasbourg, il était populaire pour son caractère ouvert et jovial. Retiré à sa maison de campagne de la Robertsau, il y mourut en 1865.
de REINACH Jean Henri (?-1645)
Militaire
Jean-Henri de Reinach, général impérial d'artillerie dans l'armée de Tilly et dans celle de Wallenstein. Après la bataille de Nördlingen en 1634, il reçut le commandement de Brisach, cette place impériale de première importance. Dès le mois d'août 1638, elle fut assiégée par le duc Bernard de Saxe-Weimar. Malgré un ravitaillement insuffisant, de Reinach défendit longtemps et courageusement la ville. Mais comme les tentatives de la débloquer échouèrent (octobre) et que la famine sévit de plus en plus, de Reinach dut se résigner à la capitulation, le 18 décembre.
On lui donna l'épithète de « mars du Rhin », et l'historien Schoepflin du XVIII' siècle l'appelle « illustrissimus Germaniae heros ». L'empereur lui décerna le titre de baron et lui confia le commandement de Ratisbonne, où il mourut en 1645.
REUBELL Jean-François (1748-1807)
Avocat et homme politique
né à Colmar en 1748 , avocat au Conseil Souverain d'Alsace, député aux Etats-Généraux où il se fit remarquer pour ses idées avancées contre l'Ancien Régime. Elu par ailleurs député à l'Assemblée législative et président de cette assemblée en 1791, puis membre de la Convention Nationale en 1792, il vota pour l'établissement de la République et pour la mort du roi Louis XVI.
Envoyé en mission, il n'eut pas part aux horreurs de la Terreur. Après la mort de Robespierre, il se prononça contre les Jacobins, fit fermer leur club et occupa la place de président de la Convention (décembre 1794).
Quand le nouveau gouvernement du Directoire fut installé, il devint un des cinq Directeurs de la République jusqu'en 1799. Après le coup d'Etat du 18 Brumaire par Napoléon Bonaparte, il refusa de collaborer avec lui, se retira de la scène politique et revint habiter modestement à Colmar où il mourut en 1807.
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REUSS Edouard (1804-1891)
Professeur de théologie
né à Strasbourg en 1804, professeur au Gymnase en 1829, chargé de cours de morale à la Faculté de théologie protestante à. partir de 1838, directeur du Gymnase, constitua dès 1828 une « Société de Théologie », dont il resta le principal animateur (elle oeuvra jusqu'en 1886). Reuss est l'auteur de remarquables ouvrages : Histoire des écrits du Nouveau Testament, en allemand (1842), Histoire de la théologie chrétienne à l'époque des apôtres, en français (1852), éditeur des oeuvres de Calvin (ensemble avec ses collègues Baum et Cunitz), dont dix volumes parurent jusqu'en 1870. Il publia de nombreux écrits sur l'Ancien et le Nouveau Testament, en particulier la Bible, traduction nouvelle avec introduction et commentaires (Paris 1874-1881) en 17 volumes, l'Histoire des écrits de l'Ancien Testament en allemand, 1881. Travailleur infatigable, d'une droiture exemplaire, donnant un enseignement captivant, Ed. Reuss fut un des plus importants théologiens protestants de son temps. En 1872, il accepta un professorat à. la nouvelle Université de Strasbourg et poursuivit son activité féconde jusqu'à sa mort en 1891.
REUSS Rodolphe (1841-1924)
Conservateur et historien
né en 1841, était le fils d'Edouard Reuss et camarade de classe d'Edouard Schuré. A Goettingen il fit sa thèse de doctorat en 1884. En 1869, il devint professeur au Gymnase protestant et au Séminaire. Mais l'année 1870 marqua le grand tournant de sa vie. Il assista au bombardement de Strasbourg par les Allemands, à la destruction de la bibliothèque et de ses trésors, et à partir de ce moment éprouva une hostilité marquée pour les Allemands.
Il resta professeur au Gymnase et accepta en 1873 le poste de conservateur de la nouvelle bibliothèque de la ville qu'il reconstitua. Il refusa d'enseigner à la nouvelle Université, travailla avec beaucoup d'énergie en historien et publia de nombreux ouvrages, dont L'Alsace pendant la Révolution française, tome I (1880), tome II (1884), La Justice criminelle et la police des moeurs à Strasbourg au XVI' et au XVIIe siècle (1885), Louis XIV et l'église protestante de Strasbourg au moment de la Révocation de l'Edit de Nantes (1685-1686) d'après des documents inédits (1887), La Cathédrale de Strasbourg pendant la Révolution, études sur l'histoire politique et religieuse de l'Alsace (1789-1802).
Mais en désaccord avec les Allemands, il résolut en 1896 de quitter Strasbourg et s'installa à Versailles; devint professeur à l'Ecole des Hautes Etudes pour l'histoire des XVIIe et XVIII' siècles, et réalisa sa thèse sur L'Alsace au XVIIe siècle en deux gros volumes (1897-1898). En 1912, son Histoire d'Alsace, dans la collection des vieilles provinces de France eut un grand succès, de même que ses cours à la Sorbonne. Il s'occupa spécialement de l'histoire de la Révolution française et publia Les églises protestantes d'Alsace pendant la Révolution de 1789 à 1802 (1906), Notes sur l'instruction publique en Alsace pendant la Révolution (1910), alors que La Constitution civile du clergé et la crise religieuse en Alsace 1790-1795 ne parut qu'en 1922, La grande Fuite (décembre 1793) et la situation politique et religieuse dans le Bas-Rhin (1794-1800) en 1924.
Après 1918, il revint à Strasbourg, eut le plaisir de se voir nommé professeur honoraire de l'Université, publia encore une belle Histoire de Strasbourg depuis les origines jusqu'à nos jours (1922) et mourut en 1924.
RHENANUS Béatus (1485-1547)
Professeur humaniste
Beatus Rhenanus (son nom s'explique par celui de son père Antoine Rhinower), né à Sélestat en 1485, joua un rôle particulièrement important. Dès 1500, il posa les fondements de sa riche bibliothèque. Infatigablement il édita des auteurs classiques et les écrits des Pères de l'Eglise. Longtemps il avait séjourné à Paris, assis aux pieds de Lefèvre d'Etaples et avait été, de 1505 à 1507, correcteur chez le célèbre imprimeur parisien Henri Estienne. Revenu à Strasbourg en 1508, ami de Wimpheling, de Geiler, de Brant, d'Erasme de Rotterdam, il en publia plusieurs oeuvres. Il se consacra à l'histoire et composa un ouvrage sur l'histoire allemande Rerum Germanicarum libri tres (1529) qui resta longtemps le manuel d'histoire utilisé partout. Pour ses mérites il reçut des lettres de noblesse de l'empereur Charles Quint (1523). De santé faible, esprit plutôt contemplatif, mais d'une féconde activité littéraire, il s'attacha à réunir dans sa bibliothèque les oeuvres des humanistes, en particulier après son retour à Sélestat en 1527. Elles constituent la riche bibliothèque de Sélestat, d'une valeur inestimable et d'une renommée européenne. Beatus Rhenanus mourut en 1547.
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de RIBEAUPIERRE Jean Jacques (?-1673)
Comte
De même, les seigneurs de Ribeaupierre s'éteignirent dans la ligne masculine. Le dernier, Jean-Jacques, avait accepté comme un des premiers seigneurs alsaciens la suzeraineté française (1665). Aussi put-il porter le titre de comte de Ribeaupierre. Il mourut en 1673, ne laissant qu'une fille, Catherine-Agathe, née en 1648, qui épousa en 1667 Christian II, comte palatin du Rhin et de Birkenfeld.
de RIBEAUPIERRE Christian (?-1717)
Militaire
Christian II, comte palatin du Rhin et de Birkenfeld. Celui-ci porta dans la suite le titre de comte de Ribeaupierre ; colonel du régiment Royal-Alsace, maréchal de camp et lieutenant général dans l'armée française, il mourut en 1717.
de RIBEAUPIERRE Maximilien-Joseph (1756-1825)
Roi de Bavière
Maximilien-Joseph, le populaire prince Max, né en 1756, fut comte de Ribeaupierre, puis duc de Deux-Ponts et comte de Birkenfeld, puis Électeur palatin et Électeur de Bavière (Maximilien IV), en 1778, il devint également colonel du régiment Royal-Alsace. Il résida souvent à Strasbourg où il fit construire et embellir un beau palais (le siège du gouvernement militaire actuel).
Après la Révolution française, il devint par Napoléon et premier roi de Bavière (Maximilien Ier) en 1806. Maximilien s'éteignit en 1825 à l'âge de 69 ans. Son fils Louis lui succéda.
de RICHELIEU Marie Alice (1858-1926)
Duchesse douairière de Richelieu et Princesse consort de Monaco
Marie Alice Heine, née le 10 février 1858 à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) et morte le 22 décembre 1925 à Paris, fut duchesse de Richelieu puis princesse consort de Monaco.
Américaine d'origine française et allemande, Alice Heine, née catholique, était la fille de Michel Heine (1819-1904), richissime banquier parisien, régent de la Banque de France de 1890 à sa mort, apparenté au poète Heinrich Heine, et de sa femme née Amélie Miltenberger, originaire d'une riche famille de Louisiane, de souche alsacienne et catholique.
Amélie Marie Céleste Miltenberger (1882-1916) était la petite-fille de Christian Louis Miltenberger (1765-1829) né à Erstein et fils de Francois Joseph (1723-1776)Miltenberger et d' Angst Marie Ursule, aubergiste « Zum Schwahne ». Celui-ci avait émigré à Cuba où il se maria à Marie Aimée Mercier fille d'un banquier de Santiago de Cuba. Par la suite la famille émigra en à la « Nouvelle-Orléans » où ils firent souche.
Alice naquit dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans, au 900 de la rue Royale, où se trouvaient les hôtels de sa famille maternelle. Elle épousa à Paris le 25 (civilement) et le 27 février 1875 (religieusement) Armand Chapelle de Jumilhac (1847-1880), 7e duc de Richelieu en 1879. Ils eurent deux enfants : Marie Odet Jean Armand (21 décembre 1875 - 30 juin 1952), 8e et dernier duc de Richelieu, sans postérité, Odile Marie Auguste Septimanie Chapelle de Jumilhac de Richelieu (30 août 1879 – 3 août 1974), par son mariage comtesse Gabriel de La Rochefoucauld et 2e princesse de La Rochefoucauld (Royaume de Bavière), d'où Anne de La Rochefoucauld, mariée deux fois (au comte Armand de Gontaut-Biron, puis au marquis de Amodio), décédée sans postérité.
Le duc de Richelieu trouva la mort le 28 juin 1880 lors d'un voyage à Athènes. Neuf ans plus tard, le 30 octobre 1889, la duchesse se remaria avec le prince Albert 1er de Monaco, dont le premier mariage avait été annulé en 1880 à la demande de sa femme Mary-Victoria, fille du duc de Hamilton, 1er pair d'Écosse, et petite-fille de Stéphanie de Beauharnais, adoptée par Napoléon Ier. "Albert Ier épouse une blonde américaine de 32 ans, Marie Alice Heine (qui) a tenu à Paris un salon où elle a reçu ce qu'il y avait de plus brillant dans le monde ou parmi les écrivains et les artistes. Elle va attirer les uns et les autres sur le Rocher (..)
Le moment est venu où elle s'est lassée de voir son mari voguer toujours plus loin sur les mers et les océans. Le 30 mai 1902, un jugement a séparé officiellement les époux". (Alain Decaux, op cit, p. 114 et 118). Le prince Albert, passionné d'océanographie, lance à Liverpool, le 27 novembre 1897, un magnifique navire laboratoire, baptisé le Princesse Alice en l'honneur de son épouse. "C'est à bord de la "Princesse Alice II" que Richet et Portier découvrent un phénomène considérable : l'anaphylaxie, qui ouvre la voie aux recherches sur l'immunité" (A. Decaux, op. cit., p. 119).
Alice Heine fut la première princesse américaine de Monaco ; son premier époux était l'héritier du cardinal de Richelieu, le second mari celui du cardinal de Mazarin. Marcel Proust s'en inspira pour créer le personnage de la princesse de Luxembourg dans "À la recherche du temps perdu". Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
RICKLIN Eugène (1862-1935)
Médecin et homme politique
médecin à Dannemarie, conseiller général en 1896, député au Reichstag de 1903 à 1918, se fit remarquer par son esprit d'initiative, son sens pratique des affaires et sa défense des intérêts alsaciens. Elu député au Landtag en 1911, ses collègues lui confièrent la présidence, qu'il exerça avec autorité et compétence. Les Allemands virent d'un mauvais oeil son activité et la contrarièrent sans cesse. Le 23 octobre 1918, quand le gouvernement allemand voulut accorder l'autonomie complète à l'Alsace-Lorraine, il fit au Reichstag un discours très remarqué dans lequel il releva les fautes commises par les Allemands ; il fit particulièrement observer que l'autonomie venait trop tard et que les quatorze points du président américain Wilson (incluant la cession de l'Alsace à la France) devaient être appliqués.
RINGMANN Mathias (1482-1511)
Mathématicien et géographe
Matthias Ringmann Philesius, personnage de tempérament volcanique, extrêmement actif, naquit en 1482 dans une vallée des Vosges. Il était à la fois mathématicien, philosophe, géographe, cosmographe et poète. A Strasbourg, il s'occupa surtout de géographie et publia en 1505 des lettres d'Amerigo Vespucci. En 1507, il s'établit à Saint-Dié, où il put avoir une prébende de chanoine. La ville était devenue un grand foyer de la Renaissance en Lorraine. Avec l'Allemand Waldseemüller, Ringmann entreprit une nouvelle édition de l'ceuvre du géographe de l'Antiquité, Ptolémée, et donna au continent nouvellement découvert le nom d'Amérique, qui a fait fortune. Ouvert à toutes les sciences, d'une verve spirituelle extraordinaire, poète par ailleurs, Ringmann s'épuisa rapidement et mourut encore jeune (1511).
RITLENG Georges (1875-1972)
Peintre
né en 1875 et mort presque centenaire en 1972. Dans ses dessins, ses gravures, ses lithographies et dans de nombreux tableaux il a représenté le Mont Sainte-Odile où il aimait séjourner, des coins du vieux Strasbourg, notamment du quartier de la cathédrale, Thann, Ribeauvillé et autres beaux coins d'Alsace. Directeur de l'Ecole des Arts Décoratifs de 1933 à 1939, il anima la Société des Artistes alsaciens et joua un rôle important en encourageant et guidant des jeunes. Après la deuxième guerre mondiale, il continua à oeuvrer pour ses amis et élèves et laissa la renommée d'un artiste en possession d'une technique parfaite et exprimant ses visions d'une façon admirable.
RITTER Gabriel-Ignace Ritter (1723-1813)
Architecte
également du Vorarlberg et apparenté à P. Thumb, dirigea les travaux (d'après les flans de l'architecte Beuque de Besançon) de la magnifique ;église Notre-Dame de Guebwiller (1764-1774) ; il construisit ;encore d'autres églises, comme celles de Hirsingue et de Niedermorschwihr. Il avait également la fonction d'inspecteur des édifices publics dans la Haute-Alsace à la veille de la Révolution ; il mourut à Guebwiller en 1813.
ROEDERER Louis (1809-1870)
Famille de négociants en vins et champagnes
né le 6 avril 1809 à Strasbourg, avait un oncle négociant en vins (et également Strasbourgeois), Nicolas Schreider. Celui-ci s'était associé avec Dubois, père et fils, propriétaires d'une Maison de Champagne fondée en 1776 qui la lui cédèrent totalement quelques années plus tard. En 1827, Schreider prend son neveu comme associé. En 1833, au décès de son oncle, Louis Roederer hérite de la Maison et décide de l'exploiter sous son nom. Et, afin de ne plus être tributaire des approvisionnements en raisin, il décide d'acheter des parcelles plantées et de les exploiter directement.
Il décède le 18 mai 1870 à Souilly et son fils, Louis Roederer II, lui succède. Celui-ci meurt prématurément à 34 ans et sa soeur, Léonie Olry-Roederer, prend la direction de la Maison en 1880. Une Maison qui, jusqu'à ce jour, est restée dans la famille, puisqu'à Léonie Olry-Roederer succédera son fils, Léon. Au décès de Léon en 1932, c'est sa veuve, Camille, qui dirige l'entreprise jusqu'en 1975. Son petit-fils Jean-Claude Rouzaud reprend les rênes : il est un des très rares chefs de maisons champenoises à posséder une formation d'œnologue et à contribuer à l'élaboration de ses vins. Sous son impulsion la Maison se diversifie en achetant des vignobles en Californie, au Portugal, en Bordelais et en Provence.
Depuis 2006, Frédéric Rouzaud, fils du précédent et arrière-arrière-arrière petit-fils de Louis Roderer, préside le conseil d'administration. Fournisseur officiel de la Cour Impériale de Russie, c'est pour le Tsar Alexandre II que Roederer a créé la cuvée de prestige "Cristal" : la bouteille de cristal non teintée à fond plat permettait ainsi de distinguer la cuvée du Tsar des autres.
ROEHRICH Thimothée-Guillaume (1802-1858)
Religieux
né en 1802 à Alteckendorf, assura, à partir de 1837 et jusqu'à sa mort en 1860, le poste de pasteur à Saint-Guillaume à Strasbourg. De 1830 à 1832, il publia en allemand une Histoire de la Réforme en Alsace en quatre volumes et ses Mitteilungen aus der Geschichte der evangelischen Kirche des Elsasses (1853-1855).
ROHMER Paul (1876-1977)
Professeur en pédiatrie
né le 1er novembre 1876 à Huttenheim (Bas-Rhin), est l'un des fondateurs de la pédiatrie moderne.Après avoir passé son doctorat à Strasbourg en 1901, il exerce à Marbourg, puis à Cologne. Mobilisé dans l'armée allemande durant la Première Guerre mondiale, il est affecté à l'hôpital militaire de Metz. En 1919, il est nommé titulaire de la toute nouvelle chaire de pédiatrie de la faculté de médecine de Strasbourg. Convaincu que la pédiatrie doit avoir un prolongement au-delà de son aspect purement médical, il fonde, en 1920, l'Association Alsacienne et Lorraine de puériculture dont les résultats seront à l'origine de la création, par une ordonnance du 2 novembre 1945, de la Protection maternelle et infantile. Jusqu'à sa retraite, à 70 ans, le professeur Rohmer dirigera la clinique infantile de Strasbourg. Sa réputation est telle qu'il comptera parmi ses patients les enfants de la famille royale belge, du chancelier Adenauer, du comte de Paris... Un hommage solennel lui est rendu à l'occasion de son centième anniversaire, le 1er novembre 1976, à faculté de médecine de Strasbourg. Il meurt à Strasbourg le 2 mars 1977.
de ROSHEIM Joersel dit (1478-1554)
Avocat
Josel ou Joesel de Rosheim, le défenseur des juifs en Alsace et dans l'Empire. Il naquit probablement en 1478 à Haguenau de famille originaire de Louhans ; un de ses parents Jacques Jehiel Loans, était médecin de l'empereur Frédéric III.
La famille habitait d'abord à Mittelbergheim. Par son activité en faveur de ses coreligionnaires, on le nomma en 1510 chef de la communauté juive du grand-bailliage impérial d'Alsace. Il obtint des empereurs, de Maximilien I (1515) et de Charles Quint, des adoucissements des mesures de rigueur contre les juifs ; il devint le chef (Befehlshaber, Vorsteher) des juifs de tout l'Empire, parut aux diètes impériales et obtint de Charles Quint la confirmation des privilèges impériaux antérieurs, la protection des juifs contre les violences des seigneurs et des magistrats des villes.
En 1530, il rédigea un Règlement des juifs, traitant en particulier du prêt à intérêt et de l'usure. Vers 1520, Josel s'établit à Rosheim où il mourut, peut-être en 1554. Il était un homme très intelligent, d'une rare éloquence, d'une grande valeur morale et exerça une forte influence sur les hommes. Sans se lasser, il défendit les intérêts des juifs pour l'amélioration de leur existence économique et sociale.
ROTHMULLER Jacques (1804-1862)
Lithographe
Né à Colmar (1804-1862), il travailla dans l'atelier d'Engelmann de 1823 à 1830, puis créa son propre atelier à Colmar. Lui aussi s'intéressa aux paysages montagneux de l'Alsace, aux églises, chapelles et châteaux forts. Il publia en 1836 les Vues pittoresques de l'Alsace, puis le Musée pittoresque et historique de l'Alsace (uniquement le Haut-Rhin), terminé en 1863.
ROUGET Claude Joseph (1760-1836)
Militaire et compositeur
souvant appelé Rouget de l'Isle, était un officier français du Génie, poète et auteur dramatique, né en 1760 à Lons-le-Saunier, et mort en 1836 à Choisy-le-Roi. Sorti de l'École royale du génie de Mézières, il est nommé dans différentes garnisons, dont Mont-Dauphin, où il exerce ses talents de Don Juan.
En garnison à Strasbourg à partir du 1er mai 1791, au début de la Révolution, il fait la connaissance de Philippe-Frédéric de Dietrich, maire de Strasbourg, dans une loge maçonnique. À la demande de celui-ci, il compose plusieurs chants patriotiques, dont : l'Hymne à la Liberté pour la fête de la Constitution célébrée à Strasbourg le 25 septembre 1791, dont la musique vient de Ignace Joseph Pleyel et que de Dietrich fait chanter par la foule sur la place d'Armes à Strasbourg.
Plus tard, il compose Le Chant de guerre pour l'armée du Rhin, le 25 avril 1792. Cette chanson fut le précurseur de l'hymne national La Marseillaise ou « Marche des Marseillois ». La chanson a été chantée par Philippe-Frédéric de Dietrich lui-même (et non pas par Rouget de Lisle) pour la première fois en public dans son salon, le 26 avril 1792.
Cette chanson a été nommée ainsi car face aux défaites françaises, l'Assemblée déclare la « patrie en danger ». Les fédérés des provinces rejoignent Paris et ce sont des troupes marseillaises qui ont chanté, en premier, ce chant en entrant dans Paris (début de la Marseillaise).
Il s'éteint misérablement à Choisy-le-Roi le 26 juin 1836 à l'âge de 76 ans. Ses cendres furent solennellement transférées aux Invalides le 14 juillet 1915.
RUCH Eugène (1854-1945)
Religieux
né à Nancy en 1873. Professeur de théologie dogmatique à partir de 1898 au Grand Séminaire de Nancy, il devint vicaire général et coadjuteur de l'évêque de Nancy en 1907. Pendant la première guerre mondiale, il joua un grand rôle comme aumônier militaire et se distingua par son patriotisme ardent.
Nommé évêque de Nancy à la fin de la guerre (1918), il accepta en 1919 le siège épiscopal de Strasbourg. Il eut de grandes difficultés avec les prêtres et les croyants ne parlant pas le français et essaya de prêcher en allemand. Lors de la deuxième guerre mondiale, il quitta l'Alsace et se réfugia à Périgueux. Revenu à Strasbourg en 1945, il mourut la même année.
RULMANN Merswin (1307-1382)
Religieux
Né à Strasbourg vers 1307 d'une famille patricienne, commerçant, il acquit une grande fortune. Influencé par Tauler et très pieux, il était frappé par les abus dans l'Eglise. Il fonda en dehors des murs de Strasbourg le couvent de Saint-Jean « im Grünen Werd » (1365). Personnage singulier, il prétendait être dirigé dans ses pensées mystiques par un personnage mystérieux « l'Ami de Dieu du Pays supérieur » (der Gottesfreund aus dem Oberland) et être son porte-parole. En réalité, il rédigea lui-même les écrits (entre autres Le livre des neuf rochers), dans lesquels il demanda des réformes. Il mourut en 1382.
SALINS de MONFORT (1753-1820)
Architecte
d'abord inspecteur des bâtiments publics de la Basse-Alsace, dirigea les travaux pour un certain nombre d'églises (Mertzwiller, Weyersheim, Rosheim église Saint-Etienne), mais fut avant tout le constructeur du nouveau château des Rohan à Saverne, après l'incendie de 1779.
SALTZMANN Frédéric‑Rodolphe (Voir Blessig)
SAPIDUS Hans (1490-1561)
Professeur humaniste et poète
Hans Witz, appelé Sapidus, poète humaniste, bon pédagogue, se tourna vers la Réforme. Né à Sélestat en 1490, il étudia à récole de sa ville natale et à Paris. En 1509, il prit la direction de l'école de Sélestat et la conduisit à son apogée. Dans les années 1510 à 1525, elle avait jusqu'à 900 élèves et connut un développement extraordinaire ; de partout les étudiants y affluèrent grâce aux nouveautés introduites dans l'enseignement. Mais après 1520, Sapidus embrassa les idées de Luther, ce qui provoqua la ruine de l'école. Le magistrat, foncièrement attaché au catholicisme, licencia le directeur en 1525 et ferma l'école. Sapidus se rendit à Strasbourg où en 1538 il devint professeur au Gymnase qui venait d'ouvrir ses portes. Il mourut en 1561.
SCHERTZ Jean Georges (1678-1754)
Professeur et philosophe
J.G. Scherz , né à Strasbourg, philosophe, savant très érudit, professeur en 1710, publia un Thesaurus antiquitatum teutonicarum (1727). Son Glossarium germanicum medii aevi qui ne fut publié qu'après sa mort (1781-1784) rend aujourd'hui encore de bons services.
SCHEURER-KESTNER Auguste (1833-1899)
Homme politique
né dans une famille d'industriels protestants et républicains, il fait ses études au gymnase protestant de Strasbourg (1848-1851) puis à Paris avant de rejoindre, en 1842, la fabrique d'impression et de teinture des fibres textiles de son père à Thann. En 1856, il épouse Céline Kestner et prend le nom de Scheurer-Kestner.
Ses opinions politiques lui valent plusieurs condamnations, entre autres une amende de 2 000 francs et 4 mois de prison. Le 8 février 1871, il est élu député du Haut-Rhin, mais démissionne après l'annexion de l'Alsace. Il est réélu, dans la Seine cette fois, lors d'une élection complémentaire, le 2 juillet. En 1875, il est élu sénateur inamovible et, en 1895, il devient vice-président du Sénat.
S'il est resté dans l'histoire, c'est avant-tout pour son implication dans la réhabilitation de Dreyfus, Mulhousien comme lui. Il est le premier homme politique à demander la révision du procès et rallie Zola et Clémenceau à sa cause. Cette implication qui lui attirera l'hostilité de ses collègues sénateurs : il n'obtiendra que 80 voix sur 229 votants lorsqu'il représentera sa candidature à la vice-présidence. Atteint d'un cancer de la gorge, il devra abandonner le combat. Hasard de l'histoire, il décède le 19 septembre 1899 à Bagnères-de-Luchon, le jour même où est signée la grâce de Dreyfus.
SCHICKELE René (1883-1940)
Romancier, essayiste et poète
Né à Obernai en1883 dans l'Alsace annexée par le Reich allemand après la guerre franco-allemande de 1870-1871 et mort le 31 janvier 1940 à Vence. Son père est issu d'une famille de viticulteurs de Mutzig. Sa mère, francophone, est originaire du Territoire de Belfort. En même temps qu'il poursuit des études d'histoire de la littérature, de sciences et de philosophie, à Strasbourg, Munich, Paris et Berlin, avec quelques amis, il fonde dès 1901 à Strasbourg la revue d'avant-garde Der Stürmer. Avec ses amis Ernst Stadler et Otto Flake, il s'efforce de promouvoir une « alsacianité de l'esprit » qui mette en valeur, dans une perspective européenne, la vocation médiatrice de l'Alsace entre la France et l'Allemagne.
En 1909, Schickele, journaliste à Paris, est fortement impressionné par la personnalité de Jaurès et par son socialisme pacifiste. En dépit des contresens et des procès d'intention, c'est la ligne qu'il s'efforcera de défendre année après année malgré la montée des tensions diplomatiques entre la France et l'Allemagne et le déchaînement, des deux côtés du Rhin, des propagandes nationalistes et bellicistes. En 1911, il devient rédacteur en chef du journal libéral Neue Straßburger Zeitung, fondé par Gustave Stoskopf en 1908. Il mène la lutte pour développer parallèlement les libertés locales et le processus de démocratisation. Après la Première Guerre mondiale, il quitte l'Alsace pour s'établir de l'autre côté du Rhin, à Badenweiler, continuant de se revendiquer pourtant plus que jamais comme « citoyen français und deutscher Dichter » (en français, « et poète allemand »).
C'est durant cette période qu'il écrit sa grande trilogie romanesque, Das Erbe am Rhein : Maria Capponi (1926), Blick auf die Vogesen (1927) et Der Wolf in der Hürde (1931). Malgré sa nationalité française, il est élu à l'Académie de Berlin, en compagnie de Thomas Mann et Heinrich Mann et d'autres grandes figures de la littérature germanophone de l'époque. Dans l'esprit de René Schickele, le Cercle René-Schickele, fondé en 1968 par la société Culture et bilinguisme d'Alsace et de Moselle, voudrait devenir une sorte de pont entre les cultures française et allemande.