Jusqu'au toit...
Le colombage
La structure de la maison alsacienne est le plus souvent formée de colombages. Le choix de l'essence est fonction de la richesse du propriétaire. On retrouve fréquemment sur les côtés visibles de la rue un poutrage en chêne et sur l'arrière un poutrage en sapin. Trois sortes de pans de bois concourent à assurer la solidité et la stabilité de la construction : le pan horizontal constitue planchers et plafonds supportés par les sablières et les solives, le pan vertical forme l'ossature extérieure des murs et les cloisons intérieures et le pan incliné la charpente des combles. Le triangle assure la rigidité de l'ensemble. Au niveau de la façade certains éléments décoratifs et symboliques sont intégrés au poutrage. Tous ces éléments sont solidaires les uns des autres. Ils sont assemblés par tenons et mortaises à l'aide de chevilles de bois. Ce système donne une souplesse à la maison, en fait une construction antisismique et en permet facilement le montage-démontage. (ASMA).
Traçages sur « Rissbode »
Œuvre du charpentier, les différentes pièces sont façonnées à l'atelier, montées à plat sur le sol "Rissbode", et marquées d'un chiffre romain. Les étages sont différenciés par l'adjonction aux chiffres d'un ou deux points. Le marquage est indispensable pour reconnaître les divers éléments lors du montage définitif. Bien que spectaculaire, le montage proprement dit est relativement rapide. Le "Rissbode" était situé Impasse des Charpentiers.
Les inscriptions sur poteau cornier
Ces inscriptions gravées à la gouge comportent, outre des indications précieuses sur la date d'érection de la maison et sur le couple constructeur, d'autres signes à caractère religieux (croix, ostensoirs, monogrammes du Christ...), symboliques ou porte-bonheur (cœurs, svastikas...), corporatifs (emblèmes professionnels), voire politiques (fleurs de lys, couronnes, bonnet phrygien, allusions à la République « Im 6ten Jahr der Franken Republik ») ou tout simplement ornementales (fleurs, bouquets, oiseaux ...). (ASMA)
In mémoriam
L'auteur de la maquette de la rue des chats n'est plus. Lui qui se réjouissait de pouvoir participer à la nuit des musées pour présenter au
public sa réalisation. La maladie l'a emporté durant l'exposition le privant de ce dernier plaisir... C'est pour lui rendre un dernier hommage que nous publions sa biographie.
La petite maison du charpentier Article DNA du 5/07/1996
Difficile pour un charpentier à la retraite de ne pas avoir la passion du bois chevillée au corps. Jean-Pierre Fleisch a reconstitué en miniature la maison de «Tante Fine», la nourrice de son enfance.
L'arrivée à l'âge de la retraite est un virage parfois difficile à aborder. L'enfance et une vie vouée à son métier émergent souvent à la surface des souvenirs. Jean-Pierre Fleisch n'a pas échappé à ce retour sur lui-même. Cet ancien chef charpentier a depuis 18 mois remisé à l'atelier ses précieux outils.
Mais pas question de ranger au placard ni son savoir-faire ni l'image des belles années de son passé et surtout de la maison habitée à l'époque par sa nourrice (on dirait aujourd'hui gardienne), Joséphine Wissmann, au 22 rue du Chat. Une bâtisse à colombages datant de 1763.
Aussi,a t-il réussi le tour de force de restituer grâce à sa technique cette habitation qui défie toujours les années. Un double puzzle s'est ainsi reconstitué. formé des pièces de la maison et des pièces éparpillées de sa jeunesse dans sa mémoire.
Charpentier à 12 ans
Son père, charpentier, lui répétait souvent cette phrase dont il fera une maxime tout au long de sa vie : «les erreurs seront tes meilleurs professeurs ä ne plus en faire. Une erreur ne sera jamais une erreur si tu la corriges à temps ». Aussi s'efforça-t-il de respecter ce précepte. Même près de 50 ans après, quand il se lança dans son projet de maquette.
En janvier de cette année 1996, il s'attelle aux plans. Il en aura tracé neuf en tout. Un travail minutieux durant 70 heures avant de passer à la fabrication méthodique de la maison. L'échelle sera au 1/20ème.
Comme tout bon charpentier qui se respecte, Jean-Pierre commence alors l'inventaire des pièces. Véritable trésor lexical pour qui s'intéresse à la profession : 125 poteaux, 102 contre-fiche,- 32 solives, 290 entretoises, 32 chevrons, 16 liens, 18 faux entraits, etc. Sans oublier les trois escaliers reliant le rez-de-chaussée à l'étage puis celui menant au grenier et le dernier donnant accès sous le toit.
Vint ensuite le temps de la fabrication à la scie à chantourner. Au total pas moins de 29,703 m3 de bois de sapin façonnés. Autre phase, mais tout aussi mystérieuse aux profanes, le numérotage. Joli bijou mathématique qui utilise des «Anschtich», des «Rude» et les chiffres romains. Pour finir l'assemblage.
Le bouquet final
A ses débuts dans le métier, Jean-Pierre participait aux constructions de ces maisons à colombages. Il se souvient qu'il fallait une vingtaine d’ouvriers travaillant sans relâche pendant une année et demie. Aujourd'hui, c'est un luxe de s'en faire bâtir une.
A l'époque, le charpentier installait le bouquet sur la faîtière (maije). C'était signe de bonheur et de protection pour les habitants. Le banquet avec tous les corps de métiers faisait office de baptême de l'habitation.
Si d'autres projets peuplent l'esprit de notre passionné, le besoin de transmettre l'amour de son métier le taraude. « Il faut avoir de bonnes notions de calcul, de géométrie et ne pas avoir le vertige», et de donner quelques conseils aux jeunes: «rester calme, ne jamais devenir trop sûr de soi, apprendre à bien se maîtriser. Un charpentier, c'est un artiste ».
A sa manière, il continue de l'être et d'en être heureux. A force de toucher du bois...
Nom (nom alsacien) Utilisation
Hache d'abattage ou cognée (Schrotaxt) - Abattre et fendre le bois, préparer l'équarrissage à la doloire
Doloire (Breitbeil) - Équarrir et aplanir la surface du bois
Herminette (Dechsel) - Aplanir les surfaces, évider les troncs
Scie passe-partout (Quersäge, Schrotsäge) - Scier des troncs et de grosses pièces de charpente,
perpendiculairement au fil du bois
Scie de long / scie à cadre (Schottsäge, Brettsäge) - Débiter des planches ou équarrir un tronc
Scie à cadre (Rahmensäge) - Débiter des planches ou équarrir un tronc
Scie égoïne (Fuchsschwanz) - Pratiquer des petites coupes, préparer des assemblages
Tarière / Cuillère (Bohrer, Löffelbohrer) - Percer des trous de cheville, préparer des mortaises
Rabot (Hobel) - Aplanir la surface des bois, exécuter des moulures
Ciseau (Stecheisen, Stemmeisen) - Approfondir des creux, tailler des assemblages
Gouge (Hohleisen) - Approfondir des creux, tailler des assemblages
Pontache (Stoßaxt) - Approfondir des creux tailler des assemblages
Piochon (Kreuzaxt) - Creuser des mortaises
Plane (Zieheisen) - Confectionner des bardeaux, des chevilles, des coins, etc.
Les décors
A partir du milieu du 16e, les poteaux d’angle et surtout les fenêtres à chambranle saillant bénéficient d’un façonnage décoratif et figuratif. Les poteaux corniers et autres pièces de bois, porteuses ou non, comportent des décors sculptés.
A partir du dernier tiers du 16e siècle et de la première moitié du 17e siècle, répondant à une exigence esthétique et une volonté de représentation sociale, les décors sont très présents sur la maison alsacienne. Ils sont de deux types :
Les pièces de contreventement comportent souvent des figures géométriques. Les allèges des fenêtres comportent par exemple des assemblages en forme de Croix de Saint-André ou de Chaise curule. Les motifs de treillis et de losanges sont utilisés à partir du milieu du 17e. Le motif « Crête de coq » apparait semble-t-il avant le milieu du 17e siècle. Pendant 2 siècles, il constitue un élément caractéristique de beaucoup de façades en pan de bois.
Millésimes, noms ou initiales des propriétaires, emblèmes, adages ou maximes sont taillés dans le bois.
Le torchis
Le remplissage du vide entre les pièces du colombage (d'r Speijl), ne participe pas au rôle porteur du pan de bois. On place dans les rainures aménagées dans la face interne des colombages, des lamelles de bois ou "palançons", puis on tresse un entrelacs de baguettes de saule ou de noisetier, bois plus souple (Flochtwarik). Cette armature sert de support au torchis (Spreddel), mélange de terre locale (Läjme ou loess), de paille, de crin et d'eau. Ce torchis est appliqué à la main.(ASMA)
La mitre ou "Pfaffekapp"
Les cheminées sont nécessairement coiffées d'une mitre ou "pfaffekapp " qui a pour fonction d'empêcher la pluie de pénétrer à l'intérieur du conduit, mais aussi d'améliorer le tirage en assurant une bonne évacuation des fumées. Les mitres sont constituées d'un assemblage de briques et de tuiles, hourdées au mortier. Les formes sont variées mais la recherche décorative est manifeste. Ces mitres font partie intégrante du décor de la maison alsacienne. (ASMA)
La tuile alsacienne Bieberschwanz
La tuile alsacienne est une tuile plate en écaille dite Bieberschwanz (queue de castor). Certaines de ces tuiles plates d'Alsace sont vernissées ou colorées peuvent créer des motifs sur les toits. D'autres comportant des motifs sont posées de façon isolée et pouvaient commémorer un événement par la présence d'une date, honorer une personne ou le propriétaire de l'habitation par des initiales, un blason, un dessin ou toute autre inscription ou encore attirer la prospérité, comme la tulipe. À noter la présence d'un modèle spécifique en haut du pignon sur rue pour protéger la maison notamment de la foudre en la plaçant sous la protection de Dieu. (ASMA)
Volets alsaciens
Le volet "ancien" est un volet plein, fait de planches larges, avec deux traverses fixées à queue d'aronde, servant de support aux pentures forgées. Leurs décors, en découpe, sont toujours de petite taille et discrets dans leurs motifs. On relève fréquemment le cœur, très classique. Souvent la tulipe, diversement représentée. Plus rarement la svastika, type de motif à valeur cosmique ou très rarement, la virgule, ou "svasti", figure ancestrale et symbolique. (ASMA)