Chameaux, bœufs et chevaux
C'est autour du VIe siècle de notre ère, en Chine, qu'un chamelier harnacha sa bête avec un collier rigide fixe, et cette invention, adaptée aux chevaux par les Mongols, n'a atteint l'Europe que quelques siècles plus tard.
Auparavant, les chevaux portaient des bricoles ou un joug, proche de celui des bœufs, dont la sous-gorge comprimait leur trachée-artère, ou encore un collier souple qui se resserrait à l'usage. De tels systèmes diminuaient considérablement la capacité de travail du cheval et l'empêchaient de remplacer le bœuf comme principale bête de trait employée dans les fermes. Les Romains avaient même une loi interdisant qu'une paire de chevaux ne tire une charge supérieure à une demi-tonne, ce qu'un cheval de trait moderne peut aisément faire seul.
Mais quand les chevaux furent équipés du collier rigide, ils gagnèrent en importance. C'est ce qui permit la révolution agricole du Moyen Âge et favorisa l'essor industriel des XVIIIe et XIXe siècles en libérant les paysans qui purent ainsi rejoindre les fabriques en pleine expansion.
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Confection du devant du coussin
Les colliers sont faits par des bourreliers bâtiers, qui se distinguent
des bourreliers de harnachement auxquels appartient le sellier.
Le collier se compose du devant du coussin et du corps du coussin
ajustés l'un à l'autre.
Le devant est simplement une large bande de cuir cousue en
cylindre, avec un bord se prolongeant au-delà de la couture pour
former un rebord.
Rembourrage du collier
Certains bourreliers, au sens initial du terme, étaient spécialisés
dans le remplissage des colliers avec de la paille longue; ils ne
faisaient rien d'autre. Ils préféraient la longue paille de seigle, bien
que celle du blé eût fait l'affaire. Ils mouillaient la paille et le cuir
pour les assouplir et pouvoir les manipuler. Ces bourreliers
terminaient un collier en un jour.
Le coussin
Quand le devant du coussin a été cousu et rembourré, on le bat
sur un modèle en bois pour le former. Le bourrelier coud alors le corps sur le rebord, le pan
de cuir qui fait partie du devant du coussin. Tout ce travail est fait d la main et au coup d'oeil,
peu de mesures étant relevées.
Ce cylindre est bourré de paille de seigle, de flocons de laine ou même de crin de cheval.
Quel que soit le matériau, on le tasse fortement dans le cylindre avec une tringle en fer et,
quand il est bien serré, on place le devant ainsi obtenu sur un modèle en bois du garrot du
cheval auquel il est destiné. On le bat alors au maillet pour lui donner sa forme. Si le collier
est refermé sur lui-même, comme c'est habituellement le cas, les extrémités du cylindre
sont cousues ensemble ; sinon, on les laisse séparées. On utilise les colliers ouverts pour
les gros chevaux ou pour les ânes, qui ont une tête exceptionnellement grande et n'aiment
pas qu'on leur passe cet accessoire. On écarte les bouts du collier pour le glisser par-dessus
la tête de l'animal et on les réunit à l'aide de sangles et de boucles. Quant au collier fermé,
on le renverse pour passer la plus grande largeur de l'ouverture sur la partie la plus grosse
de la tête, puis on le remet d'aplomb pour le placer sur l'encolure.
Confection du corps du coussin
La phase suivante est la confection du corps. Le bourrelier découpe une large bande de cuir et la coud sur le rebord du devant en même temps que le bord d'un lé de gros tissu de laine. Puis, il prend de la paille, ou tout autre matériau de garniture, il l'enveloppe et la tasse dans le cuir et le tissu en commençant par le bas du collier et en remontant de part et d'autre de l'ouverture jusqu'à la partie supérieure, tout en cousant et en donnant la forme au fur et à mesure.
Une fois effectués ces travaux de rembourrage, de couture et de mise en forme nécessaires pour que le collier soit exactement aux mesures du cheval, il ne
reste plus qu'à coudre un morceau de cuir souple, le coussinet, pour que l'encolure du
cheval ne soit pas irritée par le frottement.
Les attelles
La tâche finale consiste à fixer les attelles. Ce sont des bras tubulaires placés dans une
rainure de chaque côté du collier et auxquels on attache les traits et les rênes. Les attelles
étaient jadis en bois dur ; elles sont à présent en acier cuivré. Dans leur partie haute, une
paire d'anneaux reçoit la sangle de l'écran qui assure la tenue de l'ensemble. Au-dessous
se trouvent les anneaux à travers lesquels passent les rênes qui vont du harnais à la main
du conducteur et, plus bas, deux autres anneaux servent à attacher les chaînes qui les
relient aux traits, les lanières de cuir avec lesquelles le cheval tire la charge.
Il s'agit d'un travail minutieux et précis, car le collier doit s'adapter parfaitement au cheval
auquel il est destiné. Il doit y avoir assez de place pour passer la main entre le bas du
collier et la trachée-artère du cheval. S'il est trop serré, la bête ne peut pas respirer ; trop
lâche, il irritera l'encolure jusqu'au sang. Toutefois, le bourrelier ne prend pratiquement pas
de mesures ; il préfère travailler au coup d'oeil.
Les colliers en jonc
Il s'agit de colliers très particuliers
On n'en fait plus que très peu et je ne connais personne qui sache encore les confectionner. Ils sont composés d'une armature de joncs tressés dont on réunit les deux bouts. On sépare le centre des tiges avec un peigne métallique afin de pouvoir tresser d'autres joncs entre elles pour rembourrer le collier. Toute la longueur est alors étroitement serrée au moyen d'une tresse large de huit centimètres et on en réunit les deux extrémités. On coud ensuite une couverture grossière en toile d'emballage ou autre tissu similaire autour de cette armature et le collier est terminé. C'est un collier solide mais léger, utilisé pour les poulains qui ne pourraient pas en porter un plus lourd.
John SEYMOUR