Si l'on écorche un animal et que l'on ne s'occupe pas de la peau, elle deviendra aussi dure
qu'une planche, impossible à ployer et inutilisable. Si on la laisse à l'humidité, elle pourrira.
Il y a deux moyens d'éviter ces phénomènes. Le premier est de faire macérer la peau dans
une solution chimique qui transformera ses protéines en un produit stable imputrescible et
empêchera la cristallisation qui la durcit. L'autre méthode, celle des Esquimaux, des Indiens
d'Amérique et des Bochimans du Kalahari, est de travailler la peau. On m'a dit que les
Esquimaudes mâchaient les bottes de leur mari; je ne sais pas si c'est vrai, mais j'ai vu des
gens du Kalahari faire des lanières en peau brute.
Tannants minéraux et végétaux
Aujourd'hui, on tanne presque invariablement en trempant les peaux dans de l'alun de chrome après un saumurage dans une solution acide. C'est le tannage minéral, et c'est ainsi que je prépare les peaux de mouton pour en faire des tapis. Le tannage végétal n'est employé à présent que dans les cas exigeant un cuir de très grande qualité ( exemple, en chirurgie).
On utilisait pour cela l'écorce du chêne que l'on récoltait spécialement en grande quantité, à l'usage
des tanneries locales. Au printemps on prélevait l'écorce des chênes avec un dénudeur ôtant
d'abord un cylindre d'écorce de l'arbre sur pied, aussi haut qu'on le peut.
On connaît maintenant le processus chimique du tannage végétal ; on sait comment le tannin
(acide tannique) de l'écorce chêne s'infiltre très lentement dans la peau, en chasse l'eau en
revêtant chaque fibre d'une couche protectrice. Mais ce m'émerveille, c'est que les hommes
primitifs avaient découvert que l'écorce de chêne avaient cette propriété.
Le tanneur et le corroyeur
Il fut un temps où les métiers de tanneur et de corroyeur étaient séparés. Le tanneur produisait
une peau raide et pauvre en couleur ; le corroyeur la transformait en un cuir souple et poli qui
convenait au sellier et aux autres artisans du cuir, en la faisant tremper, en la travaillant, grattant
et en la coupant ou en la sciant. Les deux métiers ont été réunis par la suite.
Le tanneur
Le premier travail du tanneur est de laisser tremper les peaux dans une cuve remplie de lait de chaux pendant deux semaines pour détacher les poils, puis pendant une semaine dans un produit peu ragoûtant fait d'excréments. Après quoi, les peaux étaient lavées à fond à grande-eau et écharnées dans l'atelier de chevalage.
Chaque peau était donc étendue sur un chevalet de rivière et grattée soigneusement pour être débarrassée de la graisse, de la chair et de la membrane. On obtenait le tan en laissant tremper pendant quelques jours de
l'écorce de chêne finement moulue. La solution était alors pompée plusieurs fois sur de
l'écorce fraîche et laissée à reposer.
Puis on immergeait les peaux dans des fosses remplies de ce liquide. On disait que les
peaux étaient d'abord affamées, puis assoiffées de tan ; c'est pourquoi, pendant les trois
premiers mois, elles étaient continuellement ôtées de la solution dans laquelle elles
baignaient pour être remises dans de la fraîche. Les peaux étaient ensuite mises en potée
pendant six mois dans un tan épais avant d'être pendues pour égoutter, et d'être séchées,
ou calandrées, par un vigoureux laminage.
Le tannage comporte des travaux durs et sales. La peau trempée d'un gros animal est très lourde à agiter d'un bout à l'autre de la fosse.
Le corroyeur
Le corroyage, du verbe corroyer qui signifie « apprêter, préparer » peut désigner un ensemble d'opérations techniques dans diverses branches de métiers.
Le corroyage du cuir (ou hongroyage), est un ensemble d'opérations de finissage, couramment pratiqué pour la cordonnerie, que l'on obtient en immergeant les peaux dans l'eau, en les foulant avec les pieds pour les assouplir et en les enduisant ensuite d'un corps gras. Ces opérations sont effectuées après le tannage, à l'aide d'outils spéciaux : bigorne, butoir, couteau à revers, demi-rond, drayoire, étire, lunette, marguerite ou paumelle, paroir. Elles affectent les propriétés chimiques et mécaniques du cuir : assouplissement, finissage de surface.
Il impliquait le découpage des peaux en morceaux et le grattage au lissoir, suivis d'un bain dans une solution faite avec des feuilles et des rejets de sumac séchés et pulvérisés.
Quand les morceaux étaient à moitié secs, ils étaient dérayés, c'est-à-dire grattés côté chair
avec le couteau à dérayer à deux tranchants , couteau que l'on aiguise et dont on tourne les tranchants comme un ébéniste le fait pour ses grattoirs.
On étendait ensuite les peaux sur
une table pour les glacer avec des lames d'acier. Elles étaient frottées avec de l'huile de
foie de morue et du suif du côté de la chair, séchées, dégraissées et elles étaient alors prêtes pour la vente.
Le chamoisage est une technique artisanale qui consiste à fabriquer un type de cuir très souple
et de grande qualité, utilisé notamment dans la ganterie. L'atelier où se pratique cette activité est appelé une « chamoiserie », tandis que l'artisan dont c'est la spécialité est un « chamoiseur ».
Ce cuir était autrefois fabriqué à partir de peaux de chamois (d'où l'origine du mois « chamoisage ») traitées avec de l'huile de poisson, ce qui en faisait un produit rare et cher. Les artisans essayaient donc de fabriquer des cuirs aux qualités approchantes en utilisant la peau d'animaux d'élevage,
un tel cuir est alors appelé « peau chamoisée ».
Le chamoisage est désormais pratiqué sur les mêmes types de peaux que celles utilisées en mégisserie (agneau, chèvre, vachette, mouton...). Il met en œuvre les mêmes opérations que
la mégisserie jusqu'à l'étape de « gonflement ». Les peaux sont alors étendues et enduites avec
de l'huile de poisson, puis frappées avec un fouloir pour faire pénétrer l'huile. Durant cette étape
on expose régulièrement les peaux à l'air (on les « évente »), tout en ajoutant de l'huile.
La dernière opération du chamoisage est le « remaillage » qui consiste à faire « cotonner » la
peau en arrachant sa « fleur » avec un couteau qui ne tranche pas.
Un sous-produit du chamoisage, le « dégras », est très recherché par les corroyeurs pour apprêter leurs cuirs
La maroquinerie est un terme issu du mot maroquin désignant un cuir de chèvre tanné et teint
du côté du poil, qui a donné son nom à l'industrie et au commerce de petits objets en cuir. La
définition de la maroquinerie reste vague quant à ce qui est appelé "petits objets en cuir". Le
Petit Robert définit la maroquinerie comme "l'ensemble des industries utilisant les cuirs fins pour
la fabrication et le revêtement de certains articles". On peut donc dire que par élimination, cela concerne tous les accessoires, mettant de côté la sellerie, les vêtements et chaussures en cuir.
La maroquinerie concerne alors la confection de sacs, de portefeuilles, de porte-monnaie,
ceintures, bijoux etc. Ces objets deviennent d'indispensables accessoires du quotidien qui
résistent au temps et aux chocs. Certains s'accordent à dire que le temps confère élégance et
platine aux cuirs de toutes les époques et de toutes les civilisations.
Les objets de maroquinerie sont créés avec des cuirs multiples. On distingue les peaux
classiques: le Box (ou cuir de veau), le cuir de bœuf ou de vache, le cordovan (ou cuir de
chevreau originnellement, maintenant cuir de cheval) et les peaux exotiques: de mammifères
(éléphant, buffle, etc.), de reptiles (crocodile, serpent, etc.) et de poissons (galuchat, requin,
raie, etc.).
L'art de la maroquinerie existe depuis la nuit des temps, le cuir étant une des premières
ressources pour l'Homme. Elle s'est peu à peu développée, devenant une industrie à part entière,
avec des maisons mondialement connues pour leurs créations artisanales. Par ailleurs, de par
sa diversité de produit, la maroquinerie englobe une multitude de métiers divers, très spécialisés.
Ces métiers font face aux changements de la société, ils doivent donc être en adéquation avec
les nouveautés.
De par l'étendue de la maroquinerie, il existe beaucoup de métiers s'en rapportant.
Les principaux sont :
- Maroquinier : celui qui travaille les peaux de chèvre tannées (maroquin)L'introduction en France du maroquin date du XVIIe siècle grâce à Granger qui a importé le sumac (plante utilisée pour le tannage et la coloration) et à Sigismond d'Adelin, issu d'une famille de tanneur de Montélimar, qui a ramené deux soldats du Maroc connaissant le tannage et la teinture du maroquin. Avant ces importations, seules les peaux de Courdoue parvenaient en France. Elles étaient uniquement utilisées pour les cuirs de décorations et d'ameublement.
- Tanneur : celui qui transforme la peau "brute" en un matériau imputrescible.
- Corroyeur : celui qui assouplit le cuir après le tannage et pratique donc le corroyage
- Baudroyeur : celui qui corroyoit les cuirs de couleur
Au Moyen Âge, les tanneurs et les corroyeurs s'organisent en corporations. Et avec les baudroyeurs en 1345, ils obtiennent des statuts et règlements.
Les métiers qui interviennent dans le processus:
- Maître-Gainier : celui qui fabrique ou vend des articles recouvert de gainerie, c'est un étui qui recouvre et protège l'objet comme le cuir par exemple.
- Malletier : celui qui fabrique les bagagesRelieur : celui qui joint les feuilles d'un livre
- Designer : celui qui s'occupe du design d'un produit
- Assembleur: celui qui s'occupe de l'assemblage des pièces d'un produit
- Coupeur : celui qui découpe les pièces qui composent un produit
Exemple de fabrication artisanale d'un sac
La confection d'un sac est un processus long nécessitant l'intervention de plusieurs professionnels.
- La première phase est déléguée au designer qui doit concevoir les modèles en fonction des conditions qui lui sont imposées et du type de cuir choisi pour le futur sac. En effet, il existe des cuirs très souples et d'autres beaucoup plus rigides, le sac doit donc être conçu en fonction de ce critère.
- Ensuite, un maître artisan du cuir va choisir le modèle qui convient le mieux avec le type de cuir pour lequel il a été créé.
- Une fois que le modèle du designer est sélectionné, c'est à partir de celui-ci qu'un prototype du sac en papier va être réalisé par un fabricant de patron. Le sac commence petit à petit à se former sous forme papier jusqu'à devenir impeccable
- C'est à ce moment que le coupeur de cuir intervient et sculpte minutieusement le cuir choisi tout en le préparant pour la couture. Pour effectuer cette tâche qui est accomplie à la main, il doit être particulièrement expérimenté et averti afin de connaître les avantages et inconvénients de la peau qu'il doit travailler. En effet une erreur commise sur un cuir coûteux représente une perte d'argent et de temps considérable que les confectionneurs ne peuvent pas se permettre. La découpe se fait souvent à la presse avec emporte-pièce ou à l'aide d'un tranchet.
- Une fois cela terminé il faut coudre le sac, un banconista ou assembleur accomplit cette tâche, elle est le plus souvent réalisée à la main hormis pour les étapes qui requièrent plus de précision. Cette tâche doit être accomplie avec attention et précision pour que les coutures soient jolies, linéaires et symétriques. Le cuir est une matière où la moindre erreur de couture reste apparente et certains cuirs rigides sont plus délicats à travailler, une excellente connaissance des peaux et un goût pour la minutie sont primordiaux.
- La couture n'est pas la dernière étape de fabrication du sac, il reste encore le rivetage qui permet d'assembler les différentes pièces du sac à l'aide de rivets, le soudage qui est une autre technique d'assemblage par fusion.
- Enfin les détails sont ajoutés comme les fermetures, boucles, boutons ou peaufinés tels que des fils à brûler...
- La finition est donc l'étape ultime, durant laquelle le sac est observé attentivement afin d'en repérer le moindre défaut ou élément manquant.
Exemple de fabrication artisanale d'un gant
Le relieur est un professionnel du livre qui crée, restaure des ouvrages ou d'autres documents
papier pour réaliser leur reliure de manière artisanale en appliquant les techniques traditionnelles (débrocher, préparer et coudre les cahiers) de la reliure (encoller, emboîter la couverture), de la couverture (recouvrir le livre).
- Il peut également utiliser les techniques actuelles telles que le brochage, la reliure ou le collage. Il travaille de manière générale sur commande pour des particuliers ou des administrations publiques (bibliothèques, tribunaux).
- Il détermine avec son interlocuteur la nature du travail à effectuer et sélectionne les matériaux adéquats tout en établissant un devis.
- Il peut être chargé de donner des formations professionnelles et exercer un rôle d'encadrement auprès d'autres travailleurs en formation.
La reliure (nom dérivé de relier, lui-même issu de religare en latin) consiste à lier, à rassembler
« la » ou « les » feuilles d'un livre, pliées ou non en cahier, de manière à en prévenir la
dégradation, à en permettre l'usage durable et, souvent, à lui donner une esthétique avenante.
Par extension, le terme désigne aussi le résultat de ce travail.
Très vite, cette pratique artisanale s'est érigée en art. Aujourd'hui les amateurs bibliophiles
peuvent rechercher des reliures à la rareté ou à l'esthétique exceptionnelles.
Il existe plusieurs grands types de reliure :
- La reliure traditionnelle cousue dite « à la française ».
- La reliure traditionnelle en orient, dite « à la chinoise » ou « à la japonaise ».
- La reliure emboîtée dite « reliure à la Bradel ».Les reliures contemporaines
On distingue
- la reliure pleine, qui se dit d'un livre entièrement recouvert de cuir ou de tissu ;
- la demi-reliure, dont seul le dos est recouvert d'une matière noble (le reste du volume étant recouvert d'un papier) ;
- et les demi-reliures à bande ou à coins, dont on protège également les parties les plus exposées à la main du lecteur, côté gouttière. La reliure en toile est généralement ornée d'une pièce de titre (morceau de cuir placé sur le dos du livre), sur laquelle sont apposés le nom de l'auteur et le titre du livre.
Les qualités des cuirs utilisés et leurs utilisations peuvent varier. Il existe des reliures, du meilleur
au plus banal, en peau de vélin, en veau ou box, en maroquin, en daim ou en agneau velours
(peaux très souples et chamoisées), en chagrin, en basane, etc. Cette hiérarchie a pu varier selon
les époques.
La reliure industrielle utilise des matériaux et des méthodes différentes de la reliure manuelle.
Le travail traditionnel du relieur
Sauf s'il travaille pour un éditeur qui pratique des tirages limités, le relieur n'a plus à se préoccuper - comme il pouvait avoir à le faire jusqu'au XIXe siècle - de plier les feuilles qui lui arrivent de l'imprimeur. Il reçoit le livre broché, c'est-à-dire cousu rapidement et recouvert d'une couverture en papier fort.