Compte tenu de cette situation, la Ville avait porté une attention toute spéciale à l'entretien des installations de l'abattoir. De nombreux travaux ont été faits à ce titre au cours des exercices écoulés. Le personnel d'inspection et le personnel ouvrier ont été renforcés. Le conseil municipal avait décidé d'investir une somme de 50.000, à 60.000 F dans les deux ou trois années à venir pour moderniser la chaufferie d'eau et l'équipement frigorifique.
Les intentions de la municipalité, qui correspondaient aussi à ses intérêts, étaient donc non seulement de maintenir une entreprise parfaitement viable, qui constituait le gagne-pain de près de 25 personnes, mais de la perfectionner et de l'améliorer dans toute la mesure du possible.
En 1964, une évolution en matière d'abattoirs s'est produite. Elle s'est faite sur deux plans. Par arrêté ministériel, il a été décidé que 23 abattoirs très importants pour l'ensemble de la France, devaient jouer un rôle de pilote en matière de commercialisation de la viande. Strasbourg figurait parmi ces abattoirs, intitulés "abattoirs-marchés-directeurs de la viande». Car, en plus des notions d'hygiène publique mentionnées ci-dessus, une autre notion, celle de la fixation et de la régulation des prix avait été retenue par les pouvoirs publics. En même temps, un autre arrêté ministériel a établi entre les différents abattoirs une priorité du point de vue de leur financement. Et c'est alors que la notion d'abattoir cantonal d'une capacité moyenne de 1.000 tonnes a été abandonnée, et qu'une priorité de financement a été retenue pour les abattoirs ayant une capacité d'abatage d'au moins 4.000 tonnes par an. Il y a ainsi déjà en 1964 une nette tendance vers la création d'abattoirs importants, donc vers une concentration des abattoirs au détriment des petites et moyennes installations.
En 1965 est intervenu un texte fondamental qui concrétise la politique actuelle des pouvoirs publics en matière d'abattoirs. Il s'agit de la loi du 8 juillet 1965. Suivant les articles 10 et suivants de cette loi, la direction départementale de l'Agriculture doit établir, pour chaque département, un nouveau plan d'équipement en abattoirs. Des instructions ministérielles récentes ont enjoint aux directeurs départementaux de présenter ces plans pour septembre 1967. Les abattoirs qui seront inscrits d'office au plan départemental du Bas-Rhin sont au nombre de deux: Strasbourg, avec 31.000 tonnes, Haguenau, avec 6.000 tonnes. Dans l'un comme dans l'autre cas, il s'agit d'abattoirs entièrement neufs, en voie de construction.
De l'avis du Conseil général du Bas-Rhin, qui avait été consulté par le Gouvernement, deux autre abattoirs peuvent être inscrits, par dérogation, au plan d'équipement pour le Bas-Rhin. Tous les autres abattoirs du département et toutes les tueries particulières encore en service seront fermés au plus tard pour le 31 décembre 1971.
Le conseil municipal avait donc à décider si Erstein demanderait son inscription au plan départemental, parmi les deux dérogations prévues par le Conseil général. Pour prendre sa décision, le conseil municipal devait tenir compte de plusieurs éléments, tous importants:
Pour qu'un abattoir équipé suivant les nouvelles normes puisse fonctionner dans des conditions normales de rentabilité, il faut qu'il
abatte au moins 4.000 tonnes par an.
L'abattoir actuel ne correspondant pas aux normes techniques qui seront requises à l'avenir, et une extension pour le rendre conforme n'étant pas possible sur place, il faudrait
construire un établissement entièrement neuf qui coûterait 3.800.000 Fr et pour lequel il faudrait réaliser un emprunt de 3.200.000 Fr, ce qui représenterait une charge annuelle d'amortissement
de 270.000 Fr (capital et intérêts) sur 30 ans.
Si un abattoir inscrit au plan ne réalise pas son équilibre financier, il est fermé par arrêté du préfet. Cependant, la Ville reste obligée de supporter la charge de
l'amortissement des sommes investies.
La première question était donc celle de savoir si Erstein pouvait espérer légitimement obtenir les 4.000 tonnes nécessaires à son fonctionnement rentable. La consummation des environs est actuellement de 800 à 1.000 tonnes par an, sans les grossistes. Grace à l'entreprise MEYER, ces tonnage était jusqu'ici de 2.300 tonnes, mais personne ne peut garantir que M. Meyer aura interet à continuer, dans un avenir plus ou moins proche, à abattre à Erstein. Cette question se posera notamment lorsque le marché-directeur de la viande fonctionnera à Strasbourg, avec toutes les répercussions que ce marché aura sur le commerce de la viande dans le département du Bas-Rhin.
La question est d'ailleurs plus complexe encore. On estime que le tonnage maximum qui sera abattu dans le Bas-Rhin est de 42.000 tonnes par an. Sur ce tonnage, Strasbourg abattra 11.000 tonnes, et Haguenau abattra 6.000 tonnes. Il restera donc un. tonnage «disponible» de 5.000 tonnes pour les deux abattoirs inscrits par dérogation, soit 2.500 tonnes par abattoir. Or, à ce tonnage, aucune des deux exploitations ne sera rentable, puisqu il faut un minimum de 4.000 tonnes pour équilibrer le budget.
D'autre part, les bouchers et les grossistes iront abattre où ils voudront. On ne peut pas dire que si l'abattoir d'Erstein est maintenu, les cantons de Benfeld, Obernai, Erstein et Geispolsheim, par exemple, iront abattre à Erstein. Le professionnel reste libre d'abattre où il voudra, et il est
probable que souvent il choisira l'abattoir de Strasbourg en raison de la présence du marché-directeur. Une évolution se fera d'ailleurs certainement en cette matière. De moins en moins, le boucher achètera directement les bêtes à abattre au producteur (à l'agriculteur). Il sera beaucoup plus simple pour lui, dans un avenir qui semble très proche, d'aller au marché-directeur de Strasbourg et de choisir la carcasse de boeuf ou les moitiés de cochons dont il aura besoin. Il saura exactement la qualité qui convient à ses besoins et la choisira en toute connaissance de cause, puisqu'il verra la qualité de la viande.
Quant aux agriculteurs, il semble bien que leur intérêt sera de se grouper en syndicat de producteurs, vendant directement, sans intermédiaires, et cela non plus comme maintenant, par bête vivante, mais au poids de la viande abattue. Cette évolution se fera certainement, car elle est dans l'intérêt de tous.
Compte tenu de tous ces éléments, il est hautement improbable — on peut même dire qu'il est impensable que l'abattoir d'Erstein puisse se voir garanties les 4.000 tonnes nécessaires a une exploitation rentable.
Dans ces conditions, le conseil municipal a estime qu'il ne pouvait pas prendre la responsabilité de construire un nouvel abattoir et de contracter à ce titre une (lette de 3.200.000 Fr (soit 320 millions de francs anciens).
En ettet, si l'abattoir s'avérait non rentable, ce qui est certain, il serait terme par arreté préfectoral, et l'amortissement de la dette s'élevant à 270.000 Fr par an, mettrait la Ville sans I impossibilité, pendant de longues années, ae taire face aux autres dépenses necessaires pour le développement de la cité.
C'est donc à contrecoeurs, mais en pleine conscience de l'impossibilité de toute autre solution, que le conseil municipal, après de longs débats au cours desquels le problème fût examiné sous tous ses aspects, s'est vu dans l'obligation de renoncer à demander son inscription au plan départemental.
Une fois cette importante décision prise, il s'agissait de fixer la date à partir de laquelle l'exploitation actuelle serait arrêtée. Ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, la date limite est le 31 décembre 1971.
La loi du 8 juillet 1965 prévoit, quelle que soit l'époque de fermeture, l'indemnisation de certains frais. D'après ce que l'on sait actuellement, cette indemnisation consisterait à prendre en charge sur le compte de l'Etat les annuités des emprunts non encore amortis (432.385 Francs pour Erstein) et les intérêts de ces emprunts. Elle comprendrait également les frais de reconversion du personnel. De cette indemnisation sera déduite cependant la valeur du terrain de l'abattoir, qui revient à la ville.
Mais le Gouvernement, pour inciter les communes à fermer leurs abattoirs aussi rapidement que possible, a prévu une prime spéciale, une sorte de prime d'encouragement, si la fermeture de l'abattoir intervient avant le 31 décembre 1967. Cette prime pour ERSTEIN serait de 100.000, Fr environ.
Le conseil municipal a tout d'abord constaté que le délai qui lui était ainsi imparti est trop court pour permettre de résoudre les problèmes complexes qui se posent aussi bien du point de vue des usagers que de celui du personnel. D'accord en cela avec le voeu émis par le Conseil général, il a demandé au Gouvernement que la date du 31 décembre 1967 soit reportée.
Il a constaté ensuite que d'après les textes légaux, la viande abattue à Erstein ne pourra plus être commercialisée que dans le périmètre de l'abattoir, c'est-à-dire, dans le meilleur cas, dans le canton d'Erstein. Dans ces conditions, l'entreprise MEYER ne pourra plus faire abattre à Erstein qu'un tonnage très faible et que le maximum de viande abattue à compter du 1er janvier 1968 serait de 1.000 à 1.300 tonnes par an. Dans cette perspective, l'abattoir n'effectuerait plus aucun bénéfice, et il est même probable que la Ville serait amenée à combler le déficit qui se produirait. Enfin, des investissements d'au moins F 30.000,— seraient nécessaires pour que l'abattoir puisse fonctionner jusqu'en 1971.
Ainsi, si la Ville ne décide pas la fermeture pour le 31 décembre 1967, elle perdrait:
Conscient de ces chiffres, le conseil municipal n'avait pas d'autre choix que de décider la fermeture de l'abattoir à la date limite qui sera prévue par décret, qui est actuellement le 31 décembre 1967, étant entendu qu'un report de cette date a été demandé.
Il a en même temps décidé que les trois ouvriers municipaux titularisés, actuellement affectés à l'abattoir, seront repris dans le cadre des ouvriers de la Ville. Il sera demandé à l'Etat de prendre en charge les traitements et charges annexes de ce personnel aussi longtemps qu'il sera occupé en surnombre.
Le conseil municipal a également émis le voeu:
Enfin, il a chargé le maire ou l'adjoint du ressort d'engager sur ces bases les pourparlers avec les services compétents, et notamment avec la direction de l'Agriculture.
Voilà, brièvement résumés, les discussions et décisions concernant l'abattoir. Le conseil municipal voit avec amertume dispaîtra une entreprise qui avait prouvé qu'elle était rentable. Il constate qu'il a été contraint à la décision qu'il a dû prendre par la nouvelle orientation de la politique gouvernementale en matière de commercialisation de la viande. Il ne peut qu'espérer que je Gouvernement, lorsqu'il a défini cette politique, et les parlementaires, lorsqu'ils l'ont ratifiée, aient véritablement agi dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs de viandes.
Les problèmes scolaires
Parmi les problèmes qui se posent périodiquement à l'administration d'une ville, le problème scolaire n'est pas le moins important, car, il intéresse nos enfants qui constituent une fraction de la population allant actuellement de l'âge de trois ou quatre ans jusqu'à celui de seize ou dix-sept ans.
Déjà maintenant, les responsables de l'Inspection de l'enseignement primaire, les directeurs d'école et les représentants de la Ville préparent ensemble la rentrée scolaire de 1968. Avant de parler des problèmes qui se posent à ce sujet et des solutions que nous avons envisagées d'un commun accord, il ne faut pas manquer de souligner l'esprit d'initiative et de compréhension ainsi que le dynamisme qui caractérisent notre nouvel Inspecteur de l’enseignement primaire, M. DAGES. Venu à Erstein en remplacement de M. PAUTRAT, un homme dont le départ n'a laissé que des regrets unanimes, M. DAGES a, dans un laps de temps très court, assimilé l'ensemble des problèmes qui se posent, et grâce à une force de travail hors de pair, il essaye de leur trouver les solutions les plus adéquates. Il met à l'accomplissement de sa tâche une volonté peu commune, doublée d'ailleurs d'une gentillesse qui, jusqu'à présent, ne s'est jamais démentie. Homme d'action et homme de coeur, c'est ainsi que nous voyons les fonctionnaires ayant des postes de responsabilité, et nous sommes heureux de constater que notre Inspecteur primaire, M. DAGES, se situe dans cette lignée.
Il en est de même du nouveau principal du Collège d'Enseignement Secondaire qui a pris la suite de M. SOHLER. Le nom
de ce dernier était attaché au C.E.S. d'Erstein qui était un peu son enfant, et auquel il avait consacré une grande partie de son activité. Nous avons eu tous l'occasion de lui dire à quel point nous regrettions son départ, mais la vie est ainsi faite qu'à un certain moment ceux qui étaient en place, ceux qui ont travaillé, ceux qui ont créé certaines choses de leurs propres mains, sont obligés de passer le flambeau à des plus jeunes: son remplaçant est M. MAHIEU. Il est venu à Erstein et il a tout de suite vu et saisi les problèmes qui se posent. Avec générosité et avec un amour de son métier qu'on pourrait qualifier d'exceptionnel, il s'est lancé dans la lourde tâche d'administrer, d'organiser et de faire marcher le C.E.S. d'Erstein qui s'agrandit d'année en année et qui, d'année en année, Dose des problèmes plus complexes. Nous voudrons lui aùssi dire toute notre admiration et toute notre reconnaissance. Mais les dirigeants ne sont rien s'ils ne savent pas rassembler autour d'eux les hommes qui exécuter qu'ils ont conçu. Et là nous voudrions rendre hommage à l'ensemble des enseignants qu'ils soient du C.E.S. ou des écoles primaires, pour la tâche souvent ingrate qu'ils accomplissent chaque jour, pour le bien de nos enfants.
Dans le dernier numéro d'«ERSTEIN Informations», nous avions consacré un long article au Collège d'Enseignement Secondaire. Nous ne pensons pas revenir là-dessus. A la fin de l'article en question, nous avions précisé que toutes les conditons étaient remplies pour que le C.E.S. puisse être agrandi en 1968. Nous avons ajouté que l'administration municipale a fait l'impossible pour que tout soit fait dans les délais impartis. Nous avons conclu que malgré les promesses fermes de la part des responsables, il ne nous semblait pas sûr que l'agrandissement du C.E.S. d'Erstein puisse effectivement être réalisée en 1968. Notre pessimisme s'est confirmé. En effet, dans le Bas-Rhin, l'Inspection académique avait fait des propositions pour douze établissements. Erstein, dont le projet n'était pas présenté par un syndicat intercommunal, figurait en dernière position, puisque les projets présentés par des Syndicats ont priorité. Ainsi qu'il est de coutume, le ministère a rayé à peu près 20% des propositions, ce qui fait que Erstein n'a pas été retenu.
L'agrandissement ne se fera donc pas en 1968, et ceci posera des problèmes lors de la prochaine rentrée. Nous vous les expliquerons ci-après.
Cependant, le syndicat intercommunal pour la construction et le fonctionnement du C.E.S. étant maintenant constitué, nous avons reçu des assurances que le projet d'Erstein figurera en première position sur le plan de 1969. Bien plus, le programme ne comprendra pas seulement le C.E.S. d'Erstein, mais également une unité spéciale pour les enfants qui ne sont pas, pour diverses raisons, capables de suivre l'enseignement normal, ainsi qu'un collège d'enseignement technique comportant 324 places. Nous vous dirons plus tard tout ce que cela comporte pour la ville d'Erstein.
A une époque déjà ancienne, de 1930 à 1939, l'établissement se limitait à un simple cours complémentaire (une, puis deux classes) annexé à l'école de garçons, qui lui fournissait d'ailleurs le plus clair de son recrutement; un cours parallèle
fonctionnait à l'école de filles.
En 1940, les Allemands réunissent ces deux cours complémentaires en une «Haupt und Mittelschule». Grâce à la mixité, maintenue après la Libération, l'établissement connaît un développement rapide. En 1947, la section technique commerciale, qui prépare les élèves à deux C.A.P. commerciaux, voit son existence reconnue par la Direction de l'Enseignement Technique.
Le cours complémentaire devient C.E.G. puis C.E.S. nationalisé en 1964. Quelques chiffres donnent une idée de son développement rapide:
Or, les prévisions de rentrée 1968, établies en tenant compte du nombre des élèves présents cette année et des résultats de l'enquête effectuée dans les écoles primaires de notre secteur de recrutement, indiquent clairement que le nombre total d'élèves à accueillir en septembre 1968 sera d'environ 950, soit une augmentation des effectifs de 250 élèves.
La meilleure solution à apporter à ce problème de l'accroissement des effectifs était évidemment la réalisation du projet de construction initialement prévu pour 1968. Malheureusement, aucun bâtiment nouveau ne sera construit en 1968.
Pour que la rentrée 1968 puisse se faire dans les conditions les meilleures, il fut décidé d'utiliser au maximum les locaux existants tant au C.E.S. qu'en ville même, et ce pour éviter d'avoir à dépenser les deniers publics pour du provisoire. D'ailleurs, l'implantation de nouvelles classes démontables s'avérait impossible, car il eût fallu les installer sur du terrain destiné soit à la future construction, soit aux installations sportives.
C'est alors que la «conjonction des bonnes volontés», de l'Inspection académique à la mairie, et de la Sous-Préfecture à l'Inspection Primaire, sans oublier les directeurs des différentes écoles, permit de trouver une solution raisonnable et rationnelle à ce grave problème de l'accueil au C.E.S. de tous les enfants nés en 1956 et en 1957, à l'exception de quelque redoublants du Cours Moyen 2 et du plus grand nombre d'élèves nés en 1954 ou en 1953.
La Maison «POPP» qui accueille déjà 4 classes du C.E.S., verrait ses salles oc cupées par les seuls élèves du C.E.S., ce qui présentait l'avantage de regrouper en une «unité pédagogique» la plupart des classes de transition. Les locaux du Centre post-scolaire ménager, accueilleraient, et c'est presque fidélité! — deux classes terminales pratiques «filles». Il restait encore à utiliser à plein temps les salles du C.E.S. — affaire de «techniciens de l'emploi du temps» — et la rentrée scolaire 1968, avec ses quatre classes nouvelles trouvées sur le terrain, s'annonçait possible, sinon facile.
Il reste évidemment une autre question qui, elle aussi, n'est pas facile à résoudre: celle des repas à servir aux demi-pensionnaires., En effet, en raison de son exiguïté et du matériel dont elle dispose, la cantine ne peut pas servir plus de 300 repas à midi. Déjà pour arriver à ce nombre, elle est obligée de faire deux services. Or, à la rentrée 1968, lorsque le C.E.S. comportera 950 élèves, il faudra au moins prévoir une demi-pension pour la moitié d'entre eux, soit près de 475 élèves. Les responsables se penchent actuellement sur ce problème, pour savoir s'il vaut mieux créer un service de cars qui ramènerait une partie des enfants à leur domicile à midi pour les reprendre une heure après et les ramener au C.E.S., ou si on pourrait s'entendre avec des cantines existantes pour que celles-ci livrent un certain nombre de repas au C.E.S. Là aussi, le problème est important, et malgré les difficultés qu'il comporte, il est certain qu'une solution sera trouvée. Il n'existe certainement pas de solution idéale, et les responsables doivent choisir quelquefois le moindre mal.
Qui ne se souvient du temps où, écolier, il usait ses fonds de culottes sur les bancs de l'école primaire, et de ce camarade, relégué au fond de la classe, imperméable à l'action éducative du maître ? Abandonné à son sort, redoublant les classes, ce dernier quittait l'école pratiquement illettré. De toute évidence, des enfants comme cet «Inadapté» n'étaient pas à leur place dans une classe primaire.
L'inadaptation scolaire peut être due à l'école, ou à l'enfant, parfois aux deux. L'enfant peut être déficient ou handicapé physique, il peut présenter des troubles de comportement, il peut être aussi déficient intellectuel. C'est pour cette dernière catégorie d'enfants 4,5 à 5% de la population scolaire environ — que la loi du 15. 4. 1909 a prévu la création des classes de perfectionnement. L'ouverture de ces classes ayant été laissée à la discrétion des communes, il faut attendre jusqu'à vers 1950 pour voir leur nombre se multiplier.
A Erstein, la première classe de perfectionnement, annexée à l'école de garçons, est ouverte en septembre 1964. Une deuxième classe est créée à la rentrée 1966. La Commission Médico-Pédagogique, composée de M. l'Inspecteur Départemental, du Médecin scolaire et d'un directeur de classe de perfectionnement, prononce l'admission d'un enfant en classe de perfectionnement. A cet effet, on a constitué un dossier scolaire, médical et psychologique relatif à l'enfant. Cet élève, qui a de grosses difficultés scolaires, a été signalé par son instituteur à la Commission. Il risque de, perdre son temps dans une classe normale.
Dans la pratique, on attend malheureusement qu'un enfant ait redoublé plusieurs fois la même classé pour le signaler à la Commission Médico-Pédagogique. Les échecs se sont accumulés pour lui, ils vont rendre toute rééducation ultérieure plus ardue. Un dépistage précoce, dès l'École Maternelle pour certains cas, serait souhaitable.
Ces classes sont confiées, en principe, à des instituteurs spécialisés, ayant subi une année de formation dans un centre régional, nantis du C.A.E.I. (Certificat d'Aptitude à l'Education des Enfants et Adolescents Déficients ou Inadaptés). La législation a limité l'effectif de ces classes à une quinzaine d'élèves environ. Ce nombre restreint se justifie par le fait qu'ici le travail collectif ne peut être envisagé. Les relations maîtres-élèves peuvent s'établir sur un mode différent, le climat affectif s'en trouve modifié. Chaque enfant doit pouvoir travailler à son rythme personnel; il est suivi et surveillé individuellement. Ceci se justifie par le fait que chacun se situe à son niveau propre, différent de celui de ses camarades; il présente souvent des troubles spécifiques (mauvaise articulation, difficultés motrices, latéralisation...), il réagit d'une manière particulièrement personnelle.
Les méthodes d'enseignement diffèrent sensiblement de celles en usage dans les classes de 30 -35 élèves. Le but essentiel des classes de perfectionnement est de préparer les enfants au monde du travail, à la vie pratique. On apprend à lire et à compter certes, mais il faut aussi savoir se servir de ses mains. Un matériel aussi important que varié est indispensable; plus que les autres encore ces enfants «apprennent avec leurs mains». Ce matériel est en grande partie à charge de la Commune et, ainsi que nous l'a dit un des instituteurs, on ne peut que se louer de l'effort et de l'intérêt que témoigne la municipalité d'Erstein. Nos deux classes figurent parmi les mieux équipées de la région.
Que, deviennent nos élèves à la fin de leur scolarité en classe de perfectionnement ? Jusqu'à présent, sans Certificat d'Etudes, ils ne pouvaient prétendre à une qualification professionnelle. Depuis l'ouverture d'une Ecole Nationale de Perfectionnement à Graffenstaden, les garçons pouvaient se préparer aux métiers suivants (niveau de qualification: 0.S.) : forge - serrurerie - maçonnerie ‑ peinture bâtiment - horticulture jardinage.
La réforme de l'enseignement mise progressivement en place accorde une attention toute spéciale aux enfants inadaptés.
Les grandes lignes en sont les suivantes :
Source : Erstein Information n° 7 de mars 1968
Pour les écoles, primaires, l'effectif restera relativement stable. On peut même constater qu'en ce qui concerne l'école protestante, cet effectif va diminuer à la rentrée de 1968. Ceci provient essentiellement du fait que par suite de la réforme scolaire, tous les enfants qui atteignent l'âge de 11 ans seront admis en 6e au C.E.S. Il restera bien quelques éléments dans les classes terminales des écoles primaires, mais cet effectif sera très réduit.
Ces écoles ne connaîtront donc pas de difficultés majeures. Cependant, il ne faut pas oublier que deux classes de perfectionnement étaient installées jusqu'à présent dans l'école «POPP». Si le C.E.S. occupe entièrement cette école à la rentrée de 1968, il faut reloger ailleurs les deux classes en question. La solution de prime abord semble facile. En effet, par suite de la diminution des effectifs, une des trois classes de l'école protestante sera libre à la rentrée de septembre 1968. De plus, une classe est déjà libre au cours de l'année 1967/1968 dans l'école de filles. Nous avons donc une sorte d'égalité : les écoles primaires perdent deux classes dans l'école «POPP» et récupèrent deux classes, d'une part dans l'école protestante, et d'autre part dans l'école catholique de filles. Mais la solution n'est cependant pas si simple, car il n'est pas possible de séparer les deux classes de perfectionnement qui constituent une unité pédagogique. Le choix est donc clair: ou bien reloger les deux classes de perfectionnement dans l'école protestante, et dans ce cas une classe de cette école devrait rejoindre l'école de filles, ou reloger les deux classes de perfectionnement dans l'école de filles, et dans ce cas une classe de cette école devrait être relogée dans l'école protestante actuelle.
Ensemble avec tous les dirigeants responsables des diverses écoles et des différentes confessions, la mairie s'est penchée sur ce problème pour trouver une solution satisfaisante.
Au cours de ces discussions, nous avons d'abord essayé d'analyser la situation dans laquelle se trouvera l'école protestante à la rentrée de septembre 1968. Il y aura dans cette école 56 enfants âgés de 6 à 11 ans, c'est-à-dire que 56 enfants appartenant à cinq groupes d'âges divers seront répartis en deux classes; chacun des institeurs de cette école sera donc obligé de faire trois programmes différents, et il est évident que lorsqu'il exposera un des programmes aux enfants qui sont concernés, les deux autres classes d'âge ne pourront pas suivre ou devront faire des exercices pour weubler le temps mort.
Il est apparu à tout le monde qu'une telle situation n'est pas concevable et était préjudiciable aux enfants protestants. En effet, malgré le dévouement et la compétence des enseignants, il n'est pas possible d'obtenir le même résultat lorsque vous avez dans une classe homogène des enfants de même âge avec un seul programme, que lorsque dans cette classe il y a trois groupes d'âges différents avec trois programmes différents.
Il s'est alors posé la question de savoir s'il fallait sacrifier l'éducation et l'instruction des enfants protestants pour maintenir à tout prix la situation actuelle.
Il est évident que si on se place du point de vue de l'enfant, la seule solution valable est celle qui consiste à l'intégrer dans un ensemble où il n'y a qu'une seule classe d'âge par classe d'école.
Il s'agit là de la solution idéale. Mais il ne faut pas oublier que nous vivons sous le régime du Concordat et que ce Concordat donne à chacune des confessions le droit d'avoir ses écoles séparées. Il faudrait donc trouver une solution, qui, tout en respectant cette séparation, permette quand même aux enfants protestants d'avoir le même enseignement et, de ce fait, les mêmes chances que les enfants catholiques.
Après de longues discussions qui se sont déroulées dans un esprit de franchise et de bonne volonté indéniables, la solution suivante a été proposée: l'école protestante resterait maintenue en droit, avec son directeur et avec son effectif. Cependant, les enfants protestants seraient répartis dans Ies classes de l'actuelle école catholique de garçons et de l'actuelle école catholique de filles qui, à partir de la rentrée de 1968, délaisseraient tacitement l'appellation «catholique» pour ne plus s'appeler que «école de garçons» et «école de filles».
Les deux maîtres protestants auraient chacun la charge d'une classe à l'intérieur d'une de ces écoles et enseigneraient à ce titre aussi bien à des enfants catholiques qu'à des enfants protestants. Les maîtres et les enseignants laïques ainsi que les soeurs s'engageraient à garder la plus stricte neutralité religieuse vis-à-vis de tous les enfants. Les enfants des deux confessions seraient regroupés pour les heures de religion et de catéchisme. Cette solution a été adoptée dans de nombreuses communes et elle donne partout satisfaction.
Nous comprenons évidemment qu'il y ait certaines réticences de la part de nos concitoyens protestants à l'égard des soeurs enseignantes. Mais là aussi il faut se rendre compte que beaucoup de choses ont changé dans les dernières années. D'ailleurs, nos soeurs enseignantes ont la plupart déjà enseigné dans des écoles interconfessionnelles sans que pour autant il y ait eu les moindres difficultés à ce sujet. Il est certain qu'une évolution dans les esprits de la communauté protestante doit se faire, mais il serait bon qu'elle se fasse rapidement, car le bien des enfants est en jeu.
Voilà une partie des problèmes qui se posent pour la rentrée de 1968. Beaucoup de bonne volonté a été, ou sera, nécessaire pour les régler à la satisfaction de tous. Mais il reste certain que lorsque tous les partenaires sont de, bonne foi, on arrive toujours à trouver une solution équitable.
Et pour autant qu'on ait pu s'en rendre compte au cours des discussions, tous les partenaires sont de bonne foi. Nous verrons peut-être ainsi à Erstein que lors de la prochaine rentrée, tous les enfants d'un même âge se retrouvent sur les mêmes bancs d'école. Cette évolution serait dans le sens d'un rapprochement entre les enfants en question et se placerait dans la tendance oecuménique dont on parle tant actuellement. Elle ne pourrait qu'être bénéfique pour la cité.