LES PROCESSIONS A ERSTEIN
lors des années après-guerre
Au cours de l'année liturgique des processions relevaient le faste des cérémonies ordinaires, occasions accordée aux fidèles de témoigner leur foi. Les unes étaient spectaculaires, et les autre intimistes. On pouvait distinguer :
Les processions extérieures « avec faste » se déroulant hors de l’église :
Ces grandes processions extérieures (de l’église) étaient planifiées lors de :
Ces processions empruntaient toujours le même circuit.. La procession de la Fête-Dieu était unique en son genre car la plus suivie. Précédant les religieux puis les fidèles, défilaient également l’harmonie municipale et un détachement du corps des sapeurs-pompiers d’Erstein. La cérémonie marquait une halte aux 4 reposoirs qui jalonnaient le parcours.
Les processions «internes » qui avaient lieu dans l’église
les « Procedamus »
Les matins avant la grand-messe des six grandes fêtes liturgiques avec le St-Sacrement :
Pâques, Pentecôte, Ascension, Toussaint, St-Martin (fête patronale), Noël
Ces processions étaient appelées ainsi parce-que pendant leur déroulement on chantait le « procedamus in pacem et le inviolata ». Elles se déroulaient à l’intérieur de l’église.
Les processions de la « Vierge »
Tous les premiers dimanches du mois (sauf celui de Mai) en l’honneur de la Vierge organisées par la confrérie du Rosaire. Elles avaient lieu après les vêpres. Les membres de la confrérie avaient un porte-cierge en forme d’écu avec une image peinte sur le devant. Ces porte-cierge ont disparu il y a quelques années. Ils étaient numérotés et figuraient dans un inventaire avec d’autres objets de valeur de l’église. Pendant cette procession était récité le chapelet et la litanie à la Vierge ainsi que des chants à cette dernière. En 2000 il restait trois ou quatre de ces porte-cierge ainsi que les trois fanions de couleurs différentes pour les trois chapelets : le Glorieux, le Mystérieux, le Douloureux
Ces processions intérieures étaient ouvertes par le « Suisse » , suivi de servants de messe dont un portait la croix, des chantres et les membres du clergé. L’itinéraire était le suivant : départ du chœur, descente par l’allée centrale, remontée par l’allée latérale gauche (côté des femmes ), traversée du transept, descente allée latérale droite (côté des hommes ) et remontée vers le chœur par l’allée centrale.
Autres occasions de processions :
Cette procession avait lieu le deuxième dimanche après Pentecôte. C'était la plus importante de toutes les processions dans l'année liturgique et aussi certainement une des plus anciennes, datant du quinzième siècle.
Elle démarrait à la fin de la grand-messe, (messe qui était avancée à 9 heures avec sermon écourté). Sortant par le porche de la tour la cérémonie prenait son départ par la rue du capitaine Da (ancienement rue de l'église), se dirigeait vers la rue du Gal de Gaulle (route du Rhin) tournait à droite en direction du cimetière. A la jonction avec la rue Brûlée elle empruntait celle-ci jusqu'à la rue Mercière qu'elle traversait dans sa longueur. La procession prenait ensuite la rue de l'Arc-en-Ciel pour rejoindre la rue du Gal de Gaulle, remontait en sens inverse la rue du capitaine Da, pour revenir à son point de départ à l' l'église St-Martin.. Le parcours était jalonné de quatre reposoirs qui se situaient aux endroits suivants :
Il faut noter que ces montages étaient réalisés bénévolement tant par les entreprises que par les particuliers qui en assuraient la décoration. Les branchages apposés contre les façades étaient fournis et amenés par la ville tandis que les joncs qui jonchaient le parcours, étaient apportés par les riverains. Tout le long du parcours les maisons étaient pavoisées avec des drapeaux aux couleurs de la France, et jaune et blanc couleurs du Vatican. Parfois des statues ornaient les rebords des fenêtres.
Le tout a été démonté et rangé après la procession, les rues balayées, les joncs ramassés ( pour servir de litière aux bêtes) et les branchages pour devenir petit-bois de chauffage.
Formation et composition de la procession
Débutait alors la partie, disons, solennelle de la procession.
Cette procession pouvait atteindre une grande longueur, la tête étant à la hauteur de l'hôpital, voire plus loin alors que la fin se formait seulement à la sortie de l'église.
A chaque reposoir se faisait une halte avec un chant de la chorale, lecture de l'évangile et bénédiction du St Sacrement. Après que la procession ait rejoint l'église un salut solennel terminait la manifestation, la clique du cercle jouant « Aux Champs » pendant la bénédiction, alors que la musique municipale accompagnée par l'orgue jouait le « Grosser Gott » pour clore l'office.
Pendant toute la durée des processions les cloches de l'église sonnaient à toute volée elles ne s'arrêtaient que pendant les arrêts aux reposoirs et définitivement lors de l'entrée des Saints-Sacrements dans l'église. Cette tradition remonte à la fin du moyen-âge..
Avant la guerre 39-45 la confrérie du St Rosaire participait activement à cette procession ainsi qu'aux trois autres grandes processions : le premier dimanche de Mai, le dimanche après la Fête-Dieu, le 15 Août (Assomption).
Depuis le début du 20ième siècle les reposoirs étaient toujours érigés aux mêmes endroits à part qu'ils barraient les rues du Rhin et la celle du Vieux Marché et le quatrième était placé dans la cour de la ferme Esser.
Une vieille personne m'a indiqué qu'avant la guerre 39-45 des jeunes filles portant des fanions encadraient la Vierge.
Rogation vient du latin « rogatus » qui signifie : « implorer ou demande particulière ».
En effet les processions au nombre de trois étaient des appels à la protection divine des cultures, donc des récoltes, qui assuraient la nourriture pour les humains ainsi que celle du bétail. Probablement aussi la bénédiction des animaux domestiques, dont le saint protecteur invoqué était St Wendelin (Saint Patron de la paroisse de Hipsheim).
Les rogations étaient des processions qui se faisaient les lundis, mardi et mercredi avant le jeudi de l'Ascension. C'étaient des processions extérieures effectuant symboliquement le tour des champs du ban de la paroisse. J'ignore leurs origines (famine due à des phénomènes météorologiques, maladies des plantes ou destructions par invasion de nuisibles etc.. ), ainsi que le début de ces implorations. L'abbé Friedel fait remonter cette traditions aux temps anciens. Il cite un démontage de reposoir en 1643.
Itinéraires empruntés
D’après mon père Joseph ANDRES (qui portait le « Kleine Herrefahne » pendant ces trois jours en remplacement de son frère Antoine) et André FENDER, dont je tiens également ces renseignements.
Une question à se poser est la suivante : est-ce que dans des temps plus anciens cette procession n'empruntait- elle pas un autre itinéraire ?
Ce qui est troublant c'est qu'aucune procession ne couvrait le « Niederfeld », alors que les autres faisaient le tour de l' « Oberfeld » pour la 1ière et le « Mittelfeld » pour la 2ième, la 3ième était beaucoup plus courte et passait carrément par le « Mittelfeld ». Quelle en était la raison ?
Une anecdote que me racontait mon père (il était né en 1896) qui s'est passée autour de 1900. Un certain jour les parcours des processions d'Erstein et Schaeffersheim se rencontraient à la gare. Des invectives et des quolibets furent échangés. Ces attitudes n'étaient guère spirituelles Les itinéraires furent changés de jour afin d'éviter ces affrontements peu chrétiens, ce qui laisse à supposer que ce sont les deux premiers qui ont été interverties.
Après la guerre en 1945 ces itinéraires ont été complètement remaniés, pour des raisons que j'ignore. Mais probablement c'était dû à l'industrialisation du bourg, qui a transformé peu à peu la bourgade agricole en cité ouvrière engendrant une participation de la population beaucoup plus aléatoire.
Par mauvais temps ces processions étaient raccourcies et s'il pleuvait trop, elles avaient lieu l'intérieur de l'église.
Ces processions ont duré jusque dans les années 1960. Après Vatican II ces manifestations ont été abolies comme certaines autres.
Déroulement et composition de la procession
C'est après la messe de 6 heures que ces processions sont parties de l'église.
Tout au long du parcours on priait le chapelet entrecoupé par les incantations de la litanie des Saints pour implorer leur intercession ; et des chants en l'honneur de la Vierge Marie, car cela se passait généralement au mois de mai. A quatre endroits différents un passage d'évangile était lu (lequel ?), les quatre versions d'une même parabole écrites par chacun des quatre évangélistes.
A noter qu'après 1945 le petit « Herre Fahne » ne participait plus, le Suisse ne portait pas la tenue des jours de fêtes, non en culotte rouge mais en pantalon noir avec des rayures argentées sur les coutures.
Il faut également signaler la procession de St Marc qui avait lieu le dimanche le plus près du 25 avril, fête du dit Saint. C'est après la grand-messe qu'elle partait de l'église pour emprunter le parcours par le « Breitenweg »
L'Abbé FRIEDEL fait état dans sa chronique d'autres anciennes rogations
(exemples situés chorologiquement vers la fin de la guerre de 30 ans)
1656
Procession de la Saint Mathieu l'apôtre vers
Huttenheim
1658, 22 juillet, Procession vers Huttenheim
1660, 4 juillet, Procession vers Huttenheim
1663 Procession vers Sand à l'ossuaire
1669 Procession de la Visite à Marie vers
Huttenheim ........
Ce témoignage est loin d'être exhaustif et j'invite les érudits à me compléter .
Léon Andrès