Sommaire de la page :
1ère partie (haut): La chapelle de Krafft
2ème partie (bas): Corporations et confréries religieuses à Erstein
L'origine de cette chapelle est inconnue.
Elle est mentionnée pour la première fois en 1373, voulait-on parler d'un oratoire? Le choeur
voûté d'arêtes remonte vraisemblablement au moyen-âge, alors que la nef pourrait dater du XVIIIème.
En 1658, le couvent d'Erstein prend en charge les frais de réfection des vitraux Et en 1668 elle est dédiée à St Pierre et St Paul.
En 1757, la chapelle est entièrement restaurée et dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie.
Lors de la grande révolution, elle est saccagée puis laissée à l'abandon.
Le 10 mars 1845, les habitants de Krafft adressent une pétition à l'évêque de Strasbourg, lettre signée par une vingtaine de personnes dont la Baronne Kessling de Berg née de Bancalis. L'évêque désigne une commission d'enquête composée des curés de Benfeld et Matzenheim. Le village compte alors 160 âmes.
Le 8 août 1852, le conseil municipal d'Erstein délibère et estime que l'ancienne chapelle soit érigée en chapelle de secours relevant de la paroisse d'Erstein. Elle est remise en état grâce au don d'une personne charitable. Les travaux étaient d'environ 400 francs.
C'est donc le 30 décembre 1853 que la chapelle est érigée en " chapelle de secours" par décret impérial de Napoléon III.
Lors de la 2e guerre mondiale, elle est gravement touchée, surtout lors des combats du 7 janvier 1945. Le clocher était troué par les obus et les vitraux entièrement brisés.
En 1959, sur les conseils avisés du chanoine Vital Bourgeois, la chapelle est
rénovée. Dans le choeur, la brique d'origne a été mise en valeur, l'autel et le banc de communion maçonnés en briquesrouges dans un souci d'harmonie.
En 1971, l'autel est aménagé pour que le prêtre dise la messe face aux fidèles et la chapelle est dotée d'un harmonium Roethinger avec jeu d'orgue.
En 2003, l'intérieur est transformé: isolation, chauffage au gaz, eau courante à la sacristie, nouveau réseau électrique et changement des lampes, peinture blanche, remplacement de" la corde de la cloche par un système électrique. Le crépi extérieur est refait et la "Madone aux Anges" est reproduite sur la façade frontale.
Satue de la Vierge à l'enfant avec gloire rapportée. La présence de cette élégante vierge du XVIIIème siècle, avec son épaule dénudée est assez surprenante dans une chapelle rurale. La Nativité de la Vierge est célébrée comme fête patronale.
Sous la tutelle du Conseil de Fabrique et du Recteur d'Erstein, la messe est célébrée chaque premier dimanche du mois et lors des jours fériés.
CORPORATIONS ET CONFRERIES RELIGIEUSES
à Erstein
Au Moyen-Age, chaque métier avait sa corporation, avec ses statuts particuliers qui fixaient exactement les droits et devoirs de chacun. En premier lieu comptait la vie morale et religieuse des associés (réglementation précise concernant les prières, offices, processions, les délits : exclusion pour intempérance, vie contraire aux bonnes mœurs ...).
Les corporations jouaient un rôle capital dans l'organisation sociale et religieuse du bourg.
La corporation des pêcheurs est sans doute la plus ancienne.
Le lendemain de son mariage, en 821, l'empereur Lothaire offre à sa jeune épouse Irmengarde, le domaine d'Erstein en cadeau de mariage et lui accorde en même temps les droits relatifs à la pêche. L'exploitation de ces droits est concédée plus tard à la corporation des pêcheurs. (1358 1ère mention historique, 1404, 1ère charte se référant à 1358, entre l'abbesse Marguerite de Lutzelstein et les Pêcheurs 1654 nouvelle réglementation par une ordonnance prise à Saverne par l'évêque de Strasbourg).
Chaque année, les membres de la « Fischerzunft » se réunissaient en assemblée pour juger des crimes, délits et querelles ..., fixer le prix des poissons .
Le siège de la corporation des pécheurs a été durant des décénies au cabaret "Zür Linde" puis par la suite "Au brochet".
La dernière assemblée générale s'est tenue au restaurant
« Au Brochet » le 26.12.1963, la dernière réunion officieuse, le 26.12.1981. La corporation a été dissoute, néanmoins; des messes sont dites chaque année en mémoire des défunts de la confrérie.
Le « Livre des Pêcheurs » (Fischer Zunftbuch) est exposé dans une vitrine de la Mairie dans le vestibule de la salle du conseil. Ce volume a été commencé en 1802, le précédent ayant malheureusement disparu dans un incendie.
La confrérie des pêcheurs s'était placée sous la protection de .la Vierge et avait comme patrons les apôtres Pierre et André.
La corporation des agriculteurs, la plus importante, reçut son institution définitive au XVIIe siècle ; son règlement fut approuvé en 1621 par Herrmann de SALM, doyen du Grand-Chapitre, confirmé en 1631, de même que la confrérie.
L'ordonnance fixait les droits et les devoirs du prévôt et du « Feldmeister ».
Saint-Isidore est le patron des cultivateurs.
Comme les autres, la corporation des agriculteurs disparut en tant que telle à la révolution.
Elle continuera pourtant à exister après la tourmente, mais ne gardera que son caractère religieux. A noter que « d'Bürelad »,
registre relatant les faits saillants concernant le monde agricole, est toujours soigneusement tenu par un cultivateur, « le Feldmeister », qui change chaque année.
A l'origine existaient deux corporations différentes. La plus ancienne, celle des journaliers, établit ses statuts dès le 14 février 1473, statuts qui seront renouvelés et confirmés le 24 décembre 1582.
Après la guerre de 30 ans, journaliers et artisans s'unissent en une seule corporation (20 août 1657) ; les statuts sont ratifiés par le Grand Chapitre à Molsheim.
Mais bientôt, des querelles de préséance (présentation des cierges à l'église, processions et autres cérémonies) opposent les membres des deux corps de métier. La haute assemblée prétextant que les notables, bourgmestre, etc... pouvaient être élus parmi les artisans, que chacun, honnête ou malhonnête, pouvait devenir journalier, mais non pas artisan, donna la préférence à ces derniers.
Au soir de la Révolution, la corporation refleurit, n'existe presque plus vers le milieu du 19e siècle, renaît en association, puis disparaît complètement.
L'histoire ne nous a guère laissé de détails sur la corporation des cordonniers.
Dès 1697 cependant, leur écu (St Sébastien, le flanc percé de flèches, attaché à un arbre), officiellement confirmé. Le 26. ou 27 septembre 1725, le Grand Chapitre accepte la fusion avec la corporation des tailleurs.
Leurs saints patrons étaient St Crépin et St Crépinien (St Martin ERSTEIN ?).
La corporation exista jusqu'au début de la 1ere guerre mondiale, puis disparut.
La corporation des tisserands remonte probablement au-delà du 15e siècle ; ses statuts furent approuvés le 12 décembre 1690.
Le métier, autrefois l'un des plus florissants à Erstein, a été victime de la machine et du boulversement social qui s'ensuivit. En 1860, la corporation cessa d'exister.
Elle avait comme patron Saint Zéphirin.
La Confrérie du Saint-Rosaire, vouée au culte de la Vierge, fut établie très tôt à Erstein.
De la guerre de 30 ans à la Révolution, les pères Récollets Franciscains d'Ehl en étaient les directeurs. Elle a été fondée officiellement en 1694, mais ne fut définitivement agréée par une bulle papale du pape Clément XIII que le 5 décembre 1758. Ses statuts furent confirmés par Tussanus, évêque et prince de Strasbourg, le 10 décembre 1759.
Cette confrérie, à laquelle un autel latéral de l'église St-Martin est dédié, a été à l'origine de l'essor de la vie religieuse au XVIIIe siècle.
Roger LAUSECKER
Archives Municipales
Photo de gauche
Détail d'un porte-cierges de la confrérie des pécheurs qui date de 1863. Il comporte trois statuettes dont celle de la Vierge (visible ici) qui était la protectrice de la confrérie
Photo de droite
Détail d'un porte-cierges de la confrérie des agriculteurs exécuté en 1772 par KUDER, de Münchweier en Brisgau. Il comporte trois statuettes dont celle de Saint Wendelin (visible ici) protecteur des bergers et du bétail.
L'église conserve une série de huit porte-cierges qui datent du 18ème et 19ème siècle. Celui-ci est l'un des deux ayant appartenu à la confrérie la plus importante qui, depuis 1657, réunissait les artisans et journaliers. Il est orné de trois statuettes ; celle que l'on distingue ici représente Saint-Joseph.
(Photo issue de l'inventaire du patrimoine).