Dans les milieux catholiques comme ceux du Kochersberg, la jeunesse ou les amis de la mariée offraient à celle-ci le «Brütstick» (le morceau de la mariée). C'étaient trois cloches en verre qui prenaient ensuite place sur une commode de salle à manger. Sous la première cloche on avait déposé des fleurs artificielles, la seconde contenait une figure du Christ ou de la Vierge Marie — parfois on y ajoutait la couronne de la mariée — la troisième cloche renfermait des fruits artificiels (raisins, pommes, prunes).
Les souvenirs de mariage
Autrefois, il était coutume de faire dessiner par un artiste un souvenir de mariage que l'on accrochait par la suite dans la chambre du couple. Au baptême, avec le « Göttelbrief », et à la mort, avec le « Leichen-Text », on trouvait des coutumes semblables.
Ces tableaux de mariage correspondent à nos actuelles photos : ils constituent des souvenirs de cet événement important que sont les noces. Mais ils s'en distinguent en ce sens qu'ils possèdent à la fois un caractère familial et religieux. En effet, ils se composent essentiellement d'un verset biblique décoré, choisi traditionnellement par le couple ou par le pasteur pour la cérémonie religieuse, avec indication des noms et prénoms des jeunes mariés ainsi que la date de la cérémonie. Le plus
ancien de ces souvenirs de mariage date de 1820. Il provient de Wasselonne et il est entreposé
au Musée Alsacien de Strasbourg.
La coutume de ces souvenirs ne se généralisa que vers les années 1850. Elle s'est surtout
répandue dans les milieux protestants. La plupart de ces souvenirs sont décorés à la main
(gouache; aquarelle, peinture à l'huile). La décoration est faite de motifs floraux. Des gerbes
ou des couronnes de roses, d'oeillets, de pensées, de myosotis, de tulipes aux couleurs vives
entourent, d'une manière gaie, les textes profanes et bibliques.
Les pièces de mariage
Il y a quelques siècles, on avait l'habitude de faire frapper dans les familles bourgeoises des médailles commémoratives du mariage. Il faut mettre cet usage en rapport avec cet autre qui consistait à faire frapper, lors du baptême d'un enfant, une monnaie ou une médaille de baptême (« Taufgroschen» ou « Göttelpfennig »).
Les rituels du mariage du XVII' siècle signalent l'existence de la médaille ou pièce de mariage. Cet usage doit remonter, d'une part à la coutume juive qui consistait en ce que le fiancé, devant témoins, offrît une pièce de monnaie à sa future femme en prononçant les mots consacrés : «Par cette monnaie, tu m'es désormais réservée.» On peut aussi, d'autre part, rattacher cet usage
aux anciennes coutumes germaniques. Chez les Germains la « desponsatio » (fiançailles)
s'opérait en remettant au père de la fille une certaine somme d'argent. La « dotatio », qui était le deuxième volet de ce cérémonial nuptial, comprenait une donation faite par l'homme à la femme.
Certains historiens ont fait remarquer que l'usage de la pièce de mariage peut aussi remonter à
cette autre coutume germanique appelée « Morgengab ». Le matin après la nuit de noces,
l'époux remettait à l'épouse, soit une somme d'argent, soit quelques arpents de terre. Par ce
geste il voulait d'une part dédommager l'épouse de sa virginité perdue, d'autre part lui signifier
que le mariage était pleinement consommé.
Les mariages des femmes enceintes et les sanctions ecclésiastiques
Aujourd'hui, où nous vivons dans une société d'abondance, où les femmes sont actives dans le
monde du travail et où les services sociaux sont développés, une fille-mère peut facilement
élever un ou plusieurs enfants. Par le passé, une telle femme ainsi que son enfant étaient
condamnés à une misère noire, même dans le milieu rural. On comprend donc la sévérité des
autorités, tant civiles que religieuses, dans ce domaine. La prolifération de mères célibataires
aurait gravement compromis le fragile équilibre qui régnait dans un village.
Autrefois, si on surprenait un garçon et une fille en train.. d'avoir des relations sexuelles, on les punissait sévèrement et ensuite on les obligeait à se marier. À Hurtigheim, il y a trois siècles, on enfermait les coupables pendant trois jours dans une tour, puis on les conduisait au temple, devant l'autel, où, devant l'assemblée réunie, ils devaient entendre un sermon très sévère. Ce n'est qu'après ces deux sanctions que le garçon et la fille devaient se marier.
Même si les sanctions se sont atténuées, elles ont cependant subsisté jusqu'il y a quelques décennies. Dans les milieux catholiques, si la grossesse était visible, le couple devait se marier tôt le matin. À Ban et dans les environs, on dit dans ce cas :
«D' Katz derf hinderm Hofe nix schmecke. »
(Le chat derrière le fourneau ne doit rien remarquer).
« Es wird nit an d'gross Glock g'hängt. »
(« On ne l'accroche pas à la grande cloche», ou «On ne sonne pas la grande cloche»).
La mariée n' avait pas le droit de porter un voile et une couronne, signes de la virginité, d'où
l'expression :
« Es derf de Myrtekranz nit drawe. »
(Elle n'a pas de droit de porter la couronne de myrte).
Dans les villages protestants, ces couples devaient se marier le soir, d'où les expressions :
« Zwische Da und Licht hierote », « Zwische Da und Nacht hierote », « Zwische Da und
Sieh-mich-nit hierote ». (Lembach).
(Se marier entre chien et loup; se marier entre le jour et la nuit; se marier entre le jour et
tu ne-me-vois-pas).
Parfois, les jeunes couples devaient se marier au presbytère. À Cleebourg, les villageois, pour marquer leur désapprobation, suspendaient des lanternes à leurs maisons :
« Latern heraus hänge. »
(Suspendre au-dehors la lanterne).
Par ce geste, on voulait montrer que ces mariages se célébraient à des heures inhabituelles.
Parfois, les jeunes du village organisaient aussi un charivari avec des couvercles de casseroles. En guise de trompettes, certains soufflaient dans des arrosoirs :
« Mer het Giesskanne geblose. »
(On a soufflé dans des arrosoirs).
Depuis trois ou quatre décennies, avec la libération sexuelle et avec la mobilité des populations, les couples qui ont eu des relations sexuelles avant le mariage et les filles enceintes avant le mariage ne sont plus l'objet de telles réprimandes.
Joies et difficultés dans la vie du couple
Autrefois, après le mariage, on n'avait pas l'habitude de faire un voyage de noces. Les travaux de la ferme ne pouvaient pas être négligés pendant quelques jours. Et les artisans des villes n'avaient pas assez d'argent pour payer à leurs enfants un tel voyage. Maintenant, tout cela a changé. Le voyage de noces est entré dans les moeurs, même à la campagne.
Déjà autrefois, si cela était possible financièrement, on essayait de caser le jeune couple dans une nouvelle habitation. On savait très bien que si les enfants allaient habiter sous le même toit que les parents, cela pouvait engendrer des conflits néfastes à l'unité du jeune couple:
« Wu zwi Wiwer im Hüss sin, / Isch eini zu viel. / Wu drei Wiwer sin, / Isch em Deifel sin Spiel. »
(Deux femmes dans une maison, c'est une de trop. Trois femmes dans une maison, c'est le diable qui entre en jeu).
« D'Jungi Ehelitt solle de erschde Laib Brot allein esse. »
(Les jeunes mariés doivent manger seuls leur première miche de pain).
« Isch e Hüss so gros wie der Rhin, / So passt doch numme eine Frau drin. »
(Une maison, fût-elle aussi grande que le Rhin, ne peut contenir qu'une femme).
Mais s'il n'était pas possible que le jeune couple allât habiter une ferme autre que celle des parents, il allait alors s'installer généralement dans la maison des parents du garçon, mais ce n'était pas une règle absolue. On savait aussi que les habitudes prises lors des premiers mois de la vie conjugale étaient déterminantes pour l'avenir du couple :
« Der Mann soll d'Frau bim erschde Laib Brot zeje. »
(C'est à la première miche de pain qu'un homme doit dresser sa femme).
Mais on ne se fait pas d'illusions sur l'influence qu'un homme peut avoir sur sa femme :
« E Frau kann e Mann mache, awer e Mann ken Frau. »
(Une femme peut changer un homme, mais un homme ne changera pas sa femme).
Les deux jeunes gens éprouvent toujours quelques difficultés à s'adapter l'un à l'autre. C'est ce qu'exprime indirectement ce dicton :
«Rüehm de Ehe net am dritte Tag, sondern am dritte Johr. »
(Ne vante pas le mariage le troisième jour, mais la troisième année).
Avant le mariage, même si les deux jeunes gens se fréquentaient intensément, chacun n'avait de l'autre qu'une connaissance assez superficielle. Se
voir une ou deux heures par jour n'amène pas la même connaissance que le fait de vivre tout le
temps ensemble. Lors des rencontres avant le mariage, chacun des deux partenaires essayait
de ne présenter à l'autre que ses qualités et ses bons côtés.
Après le mariage apparaissent les défauts de chacun :
«Jedes Hüss het sine krumme Balke. » (Chaque maison a sa poutre tordue).
« Ke Summer ohne Dunner. »
(Pas d'été sans tonnerre).
Que la vie du couple puisse réserver parfois des surprises désagréables, se trouve exprimé dans cette série de dictons collectés dans toute l'Alsace :
«No de Fliederwoche, /Kumme d'Zitterwoche. »
(Après la lune de miel, viennent les semaines de fiel).
«Alli Maidle sin so guet, / wo komme blos die besse Fraue her ? »
(Toutes les filles sont si gentilles, d'où peuvent bien venir les méchantes femmes ?).
« Erschd e Schmutz un dann d'Gralle, so sin sie alle. »
(Un baiser, puis les griffes, c'est ainsi qu'elles sont faites).
« Vor de Hochzit gibt es Küsse, /Noch de Hochzit gibt es Nüsse. »
(Avant le mariage il y a des baisers, après il y a des noix).
« Vor de Hochzit haet er sie so lieb /dass er sie haet kenne fresse. /Noch de Hochzit
haet er gsagt : / Haet ich dich nomme gfresse ! »
(Avant le mariage il l'aimait tellement qu'il voulait la croquer. Après le mariage il dit :
« Si seulement je t'avais dévorée ! »).
Mais si un couple éprouve de grandes difficultés à s'entendre, l'Alsacien est assez sage pour comprendre que ce sont les deux qui sont responsables d'une telle situation :
«Eins hett's Häfele verbroche uns ander's Deckele. »
(L'un a cassé le pot, l'autre le couvercle).
Autrefois, cependant, on recourait, même en cas extrême, très rarement au divorce. Cela s'explique de deux manières. D'une part les Églises, qui condamnaient un tel acte, exerçaient une grande influence sur la population, d'autre part, les Alsaciens étaient peu tentés de courir une nouvelle aventure sentimentale :
«Me weiss was mer haet, me weiss nit was mer bekommt. »
(On sait ce qu' on a, on ne sait pas ce qu'on aura).
Le plus souvent les couples, malgré les difficultés d'adaptation de l'un a l'autre, s'entendaient
bien. L'amour aplanissait les obstacles. Toute vie à deux comprend à la fois des joies et des
difficultés. C'est ce qu'expriment avec philosophie cette chanson populaire et ce dicton :
«Der Ehestand ist gemischte Speis, / Halb bitter und halb süss, / Oft kommen Kinder
dutzendweis, / Da heisst es : Auf die Füss ! / Da schreien die Kinder: « Papa, Mama »,
/ Die Ohren tun em weh! / Die Kinderfressen wie die Wölf, / Und das Weib, das sauft
Kaffee. »
(Le mariage est un mets varié, à moitié amer et à moitié doux; souvent les enfants arrivent
par douzaines et il s'agit de se mettre sur les pieds. Les enfants crient « Papa, Maman» au
point que les oreilles vous en font mal. Les enfants mangent comme des loups et la femme
boit du café)
.
« Im Ehestand gibts nit allein Pfiffe, sgibt au Dudelsäck. »
(Dans le mariage il n'y a pas seulement des fifres mais aussi des cornemuses).
Enfin, la dernière question importante qui se pose à tout couple est de savoir qui, de l'homme ou
de la femme, prendra la direction du ménage. Normalement, c'est l'homme qui doit être le chef du couple.
« De Mann soll s'Heft in der Hand han. » (L'homme doit avoir le manche en main).
Mais il arrive aussi que ce soit la femme qui commande. L'Alsacien trouve cela moins normal.
Ainsi nous le disent ces expressions:
«Giegerigi! schrejt der Hahn; / D'Frau isch Meischter, / Un net der Mann. »
(Cocorico ! crie le coq; la femme commande et non pas l'homme).
« Sie haet d'Hoss an. » (Elle porte le pantalon).
« Sie isch e Schendarm. » (Elle est un gendarme).
« Sie isch e Drache. » (Elle est un dragon).
« Er sitzt underm Tisch. » (Il est assis sous la table).
« Er het's besser wie e Hund, er bruecht net belle. »
(Il a plus de chance qu'un chien puisqu'il n'a pas besoin d'aboyer).
Les belles-mères
Parmi les difficultés qu'un jeune couple peut rencontrer, il y a parfois les deux belles-mères. Certaines éprouvent en effet des difficultés à se séparer de leurs enfants et à admettre qu'ils peuvent avoir, après leur mariage, une vie autonome. Elles ont donc tendance à vouloir s'immiscer dans les affaires du jeune couple. D'où quelques tensions possibles entre le gendre ou la belle-fille et la belle-mère. Mais il ne faut pas exagérer ces problèmes. En effet, combien de gendres ne furent-ils pas heureux quand leur belle-mère vint les aider lors de la naissance des enfants.
La mentalité populaire de l'Alsace traite les belles-mères avec humour et parfois avec férocité. Il ne faut pas prendre cet humour au tragique. Il est un moyen pour se défouler:
« Me sieht liewer de Schwijermamme von hinde als von vorne. »
(On préfère voir la belle-mère de dos plutôt que de face).
« De Schwijermamme her ich liewer babble von widdem / als sWisse in der Aue gsihn. »
(Je préfère entendre au loin la belle-mère qui parle, que de voir le blanc de ses yeux).
« E Schwijermamme isch e Giftnuedel, oder e Drachewaddel, / oder e Schindmerre. »
(La belle-mère est une nouille empoisonnée, ou une queue de dragon, ou une vieille carne).
«E jedi Schwijermamme isch e Stick von Deifels Hosefüedder.»
(Chaque belle-mère est un morceau de la culotte du diable).
« Was isch de underschid zwische e guede Zigar und e Schwijermamme me ? / Bie de Zigar sind die eeschde Zieg die beschde / und bie de Schwijermamme die ledschde. »
(Quelle est la différence entre un bon cigare et une belle-mère ? Pour un cigare, ce sont les premières bouffées qui sont les meilleures, chez la belle-mère, ce sont les derniers souffles).
Les relations sexuelles dans le mariage ou extraconjugales
L'harmonie dans le dialogue des corps n'est pas instantanée. Elle ne se réalisera que dans un cheminement et dans une recherche plus ou moins longue. Quand on se met à l'écoute des blagues que les Alsaciens racontent dans ce domaine, on constate que cette recherche d'harmonie est une des préoccupations majeures.
Quand cette harmonie n'est pas réalisée, on dit de l'homme :
« Der Mann kann sich nit gued schicke. » (Brumath)
(Cet homme ne se débrouille pas bien).
Cette expression est aussi utilisée quand une femme attend un enfant non désiré.
Souvent, le thème majeur des blagues dans ce domaine est le suivant: au bout de quelques jours de vie conjugale, soit le mari, soit la femme, soit les deux retournent momentanément chez leurs parents pour leur demander des renseignements concernant le dialogue des corps. Généralement, au bout d'un certain temps, l'harmonie sexuelle s'installe dans le couple. Cependant, les relations sexuelles dans le couple sont influencées par certains interdits et certains mythes collectifs.
Ainsi, il est d'usage de s'abstenir de relations sexuelles pendant la menstruation. Les règles sont
souvent comprises comme une malédiction, la femme devenant menaçante dans ses manifestations sanglantes. Quant à l'Alsacien, comme dans beaucoup d'autres domaines, il est partisan du juste
milieu• ni trop, ni trop peu.
«Wenn de ald willsch waere, / So blieb vorne von de Wiewer wag, / Und hinde von
de Ross. » (Brumath)
(Si tu veux devenir vieux, prends garde de ne pas être derrière un cheval
et devant une femme).
En étudiant les blagues abordant la question de la sexualité, on constate que les symboles de fécondité et de puissance masculine ont changé. Dans les traditions religieuses anciennes, on retrouve souvent, sous des formes diverses, le mythe du phallus dressé, symbole de fécondité et de puissance. Aujourd'hui, ce mythe s'est dégradé au profit d'une autre représentation qui attache un pouvoir magique à la taille de la verge. D'un impuissant, l'Alsacien dira:
«Der het sin Pulver schon verschosse. »
(Il a tiré toute sa poudre).
Mais il sait aussi que les relations sexuelles peuvent avoir un effet bénéfique sur la vie du couple. Les tensions journalières, les frictions, les disputes peuvent se transcender au lit :
«De Hansel im Bett / Macht alles wieder wett. » (Neuhof)
(Dans le lit, Jeannot arrangera à nouveau tout).
« Unterm Deckbett sin alli einig. » (Sous la couverture ils sont tous d'accord).
Quand les préservatifs et la pilule n'existaient pas, toute relation sexuelle pouvait être empreinte
d'une certaine angoisse, la femme ayant peur d'avoir un nouvel enfant. Ainsi en témoigne ce dicton
fort connu par les Alsaciens :
« Unterschied zwische Frau und Frosch ? / Keder, alle zwei han immer kaldi Fies /
Und Angst vor em Storick. » (Brumath)
(Quelle est la différence entre une femme et une grenouille? Il n'y en a aucune, les
deux ont toujours les pieds froids et ont peur de la cigogne).
Enfin, il peut arriver qu'un couple n'ait jamais de relations sexuelles. L'Alsacien connaît deux
expressions pour parler de cela :
« Sie laewe wie Gschwischder. » (Ils vivent comme frère et soeur).
«Dies isch e Joseph. » (C'est un mariage à la Joseph).
Le remariage d'un veuf ou d'une veuve
Quand il n'y avait pas encore de Sécurité Sociale et d'assurances-décès, les temps étaient durs
pour une veuve ou pour un veuf :
« E Wittfrau isch wie e Eckpfoschde, / Wo jeder Schueh dran abriebt. » (Alsace Bossue)
(Une veuve est comme une pierre où chacun essuie ses pieds).
Il est donc normal qu'après une période d'attente où l'on porte le deuil du conjoint, le veuf ou la
veuve cherche à se remarier. Il arrivait parfois que le survivant cherchât un nouveau partenaire
dans la famille du défunt ou de la défunte. Ceci s'est surtout vu quand il y avait des enfants du
premier ménage. On pensait, et on pense encore, qu'un nouveau père ou une nouvelle mère
ayant eu des relations familiales avec le défunt ou la défunte saura mieux comprendre et
élever les enfants.
Les Alsaciens ont témoigné, jusque dans un passé proche, une certaine désapprobation à propos du remariage d'un veuf ou d'une veuve, surtout quand il y avait une différence importante d'âge entre les deux nouveaux conjoints.
« Er will noch e mol jung waere. » (Brumath)
(Il veut de nouveau devenir jeune).
« Sie will sich frieh versorje. » (Brumath)
(Elle veut se caser rapidement).
« Sie het üs'me alte Kessel e neje gemacht. »
(D'un vieux chaudron elle a fait un neuf).
«D'alte Gaise schlacke's Salz o no garn. »
(Les vieilles chèvres aiment aussi encore lécher le sel).
« Er het d'Küeh mit samt'm Kälwel g'holt. »
(Il a tout de suite cherché une vache avec un veau).
Dans la région de Sarre-Union, quand un veuf ou une veuve se remarie, on dit:
«Als widder en armi Seel erlöst. » (Encore une pauvre âme qui est sauvée).
Enfin, il faut parler du « charivari » que les voisins organisaient lors du remariage d'un veuf ou d'une veuve. Le soir des noces, ils se rassemblaient devant la maison des mariés et produisaient un bruit infernal à l'aide de casseroles, de clochettes de vaches, de couvercles de marmites, etc.
Souvent, ils ne cessaient leur bruit que si les mariés leur offraient quelque chose à boire. Cette coutume, parfois appelée « Katzemusik » (musique de chats), a dû subsister jusqu'au début du XXe siècle.
Dans le Sundgau il y avait une certaine discrimination, puisqu'un veuf pouvait se remarier pour la deuxième ou la troisième fois sans subir de «charivari» alors qu'une veuve n'y échappait jamais !